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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

Bye bye Hydro: tout ce que vous devez savoir avant de vous débrancher d'Hydro-Québec

C'est possible et rentable!

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Photo portrait de Simon Dessureault

Simon Dessureault

2023-09-09T04:00:00Z
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Il n’est pas facile d’atteindre l’autosuffisance par rapport à Hydro-Québec, mais c’est possible si vous avez une mixité de sources d’énergie pour votre maison et que vous investissez dans l’énergie solaire photovoltaïque.

L’énergie solaire photovoltaïque désigne l’énergie récupérée et transformée directement en électricité à partir de la lumière du soleil par des panneaux photovoltaïques. Un panneau solaire transforme l’énergie solaire en chaleur. Il peut être utilisé pour avoir de l’eau chaude sanitaire et pour certains cas de chauffage domestique.

50 à 60 %
Le chauffage représente 50 à 60 % de la consommation énergétique d’une habitation.

Le chauffage représente 50 % à 60 % de la consommation énergétique d’une habitation. Cependant, il ne faut pas vous attendre à chauffer uniquement avec ce système une maison code, construite selon le Code de construction du Québec qui définit les normes minimales d’isolation et d’étanchéisation. 

Λεωνιδας - stock.adobe.com
Λεωνιδας - stock.adobe.com

«Les panneaux solaires feraient trois fois la grosseur de la toiture pour chauffer une maison code, affirme Emmanuel Cosgrove, directeur de l’organisme Écohabitation, une référence en habitation durable au Québec. Ça coûterait 200 000 $ du coût d’achat des équipements solaires, qui ne se rentabiliseraient jamais.»

  • Écoutez le segment économique d'Yves Daoust via QUB radio :
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1. Avoir différents systèmes

Vaut mieux donc avoir plusieurs systèmes complémentaires. Jean-Pierre Desjardins, qui a été chargé de cours durant 30 ans au certificat en ressources énergétiques durables à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), tient à avertir les gens. «On sera livré à nous-mêmes pour la production d’électricité si on décide de vivre en autonomie [pas branché sur Hydro-Québec]», dit M. Desjardins, mentionnant aussi que les gros équipements comme une sécheuse et une cuisinière peuvent fonctionner au propane dans une maison en autonomie, avec une mixité d’énergie. 

Les consommateurs en autonomie peuvent également avoir un poêle à bois pour le chauffage.

«On pourrait toutefois penser à l’énergie solaire pour l’eau chaude avec un réservoir qui consomme peu, avec des habitudes de consommation qui sont faibles», affirme aussi M. Desjardins.

Ce dernier ajoute qu’il existe aussi une technologie de chauffe-eau solaire muni de capteurs solaires thermiques plus performants que le solaire photovoltaïque. 

« Il y a des subventions pour cela, mais elles ne sont pas très généreuses. On dirait que c’est disparu les chauffe-eau solaires parce que la rentabilité est à très long terme. »

Jean-Pierre Desjardins, ancien chargé de cours en ressources énergétiques durables à l’Université du Québec à Montréal

- Jean-Pierre Desjardins, ancien chargé de cours en ressources énergétiques durables à l’Université du Québec à Montréal

Photo PHOTO FOURNIE PAR JEAN-PIERRE DESJARDINS

2. Bien évaluer ses besoins

Il faut connaître sa consommation d’énergie prévue en kilowattheure (kWh) si on veut se lancer dans l’aventure de l’autonomie. Cela permet de déterminer combien de kilowatts (kW) de panneaux solaires et combien de kWh de batteries on aura besoin, selon Mike Perrault, président de Rematek Énergie, un distributeur qui vend de l’équipement à des compagnies qui font des installations solaires autonomes. 

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Rematek Énergie a d’ailleurs développé un logiciel qui permet à l’installateur d’utiliser la consommation personnelle prévue afin de déterminer combien de panneaux solaires et de batteries sont nécessaires. Le site internet d’Hydro-Québec peut également permettre de connaître sa consommation d’électricité. 

Les installateurs vont donc enregistrer les informations et guider le client dans le dimensionnement du système, qui comprendra le nombre et le type de panneaux solaires, le système de support, les onduleurs, les batteries, les contrôleurs de charge, ainsi que les types et grosseurs de câbles et d’éléments de protections pour le courant que vous allez générer, etc. (Voir tableau plus bas)

«Les gens n’achètent pas souvent des kits standards, parce que les besoins varient d’une personne à l’autre, précise Mike Perrault. Et le budget varie également beaucoup d’une personne à l’autre.»  

Typiquement, quelqu’un qui n’est pas branché à Hydro et qui veut fonctionner en autonomie pourrait payer, en moyenne, 30 000 $ d’équipements solaires avec batteries.

« On peut parler de rentabilité si ça coûte disons 20 000 $ ou plus amener Hydro-Québec chez soi, explique M. Perrault. Il est préférable de payer 30 000 $ et avoir de l’électricité gratuite pour le restant de nos jours.  »

Mike Perrault, président de Rematek Énergie

- Mike Perrault, président de Rematek Énergie

Photo Photo fournie par Mike Perrault

3. Les subventions

Le gouvernement fédéral offre par ailleurs jusqu’à 5000 $ pour l’installation de panneaux photovoltaïques dans le secteur résidentiel. 

La porte d’entrée pour accéder à cette aide, au Québec, est le programme Rénoclimat.

Il y a également le Prêt canadien pour des maisons plus vertes qui offre du financement sans intérêt.

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Critères d’admissibilité à la subvention d’un système solaire photovoltaïque : 
  • Tout l’équipement doit être acheté au Canada.
  • Les achats en ligne ne sont admissibles que s’ils sont effectués auprès d’un distributeur situé au Canada.
  • Le système doit être composé d’un ou de plusieurs panneaux solaires photovoltaïques (PV) et d’un ou plusieurs onduleurs (si requis) certifiés aux normes CSA.
  • La puissance de crête totale du système (la puissance maximale qu’un panneau solaire peut délivrer en électricité) doit être égale ou supérieure à 1,0 kW en courant continu. 

Si vous décidez de mettre en œuvre vos propres rénovations, notez que les coûts de main-d’œuvre personnelle ne sont pas admissibles à une subvention.

4. Les assurances

Line Crevier, responsable des affaires techniques au Bureau d’assurances du Canada (BAC), qui rend disponibles des modèles de polices d’assurance aux assureurs, mentionne qu’il est important de parler de notre système solaire photovoltaïque à notre assureur. 

«Il n’y a pas de types d’assurances pour l’énergie solaire à ma connaissance, mais ça fait partie de l’évaluation du risque, a expliqué Mme Crevier, qui ajoute que 80 % des assureurs suivent les modèles du BAC. Ça fait partie du bâtiment, donc ça va être assuré avec la maison.» 

Mme Crevier prévient que l’assureur pourrait demander une confirmation que le système solaire photovoltaïque a bien été installé par un professionnel pour bien prévenir les risques. 

Le BAC ajoute que des sources d’alimentation mixtes doivent également être communiquées à l’assureur.

«Un système solaire ou électrique ne représente pas le même risque qu’un chauffage au bois ou au mazout [enjeu de déversement, de fuite] ou au gaz naturel, ajoute Mme Crevier. Il faut déclarer toute information permettant à un assureur d’apprécier le risque et le tarifer.» 
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Le système solaire photovoltaïque : 
Illustration Rematek
INFOGRAPHIE LE JOURNAL / SOURCE ADOBE STOCK

Module : convertit l’énergie du soleil en courant électrique.

Système de support : sert à placer et supporter physiquement les modules à un angle optimal pour maximiser la production d’énergie.

Contrôleur de charge : convertit le courant électrique provenant d’une ou de plusieurs séries de modules à un parc de batteries au bon voltage. Protège l’état de santé de la batterie.

Batterie : emmagasine l’énergie temporairement pour qu’elle soit utilisée à un autre moment.

Onduleur : convertit le courant continu des batteries en courant alternatif pour qu’il soit utilisé par les appareils de la maison.

Câbles : servent à interconnecter tous les éléments ci-haut.

Éléments de protection : servent à protéger tous les éléments ci-haut en cas de court-circuit ou de surtension provoquée par la foudre.

SOURCE : REMATEK ÉNERGIE

Le déneigement des panneaux solaires

Patrick Goulet, président de l’organisme Énergie Solaire Québec, qui répertorie notamment des installateurs et des consultants en énergie solaire au Québec, estime que la perte de production des panneaux solaires reliée à la neige est de moins de 5 %. 

«La neige sur les panneaux, ce n’est pas un enjeu, il ne faut pas penser que tout arrête l’hiver, ça ne serait pas vrai», affirme M. Goulet, qui ajoute que la perte de production est à moins de 2 % lorsqu’on est proche de Montréal, dans le contexte des changements climatiques.  

«Ça devient un enjeu si ça fait une semaine qu’il n’a pas fait soleil et qu’il se met à neiger, ajoute-t-il. Là, tu es mieux d’enlever la neige.»  

M. Goulet conseille donc de déneiger doucement avec une pelle à toiture. Ce dernier a aussi ajouté que les panneaux s’activent quand on enlève la neige et qu’ils deviennent exposés à la lumière. «Ils vont donc dégager une petite chaleur qui fait glisser la neige», détaille-t-il. 

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