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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

«Tous les pays ont leurs troupeaux d’imbéciles!» –Juraj Slafkovsky senior

Juraj Slafkovsky père
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Photo portrait de Anthony Martineau

Anthony Martineau

2025-06-07T04:00:00Z
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«Je peux comprendre qu’on critique un joueur. C’est tout à fait normal. Mais je ne tolérerai pas la haine ni la stupidité de directeurs généraux de salon.» 

Juraj Slafkovsky senior, le père de Juraj, ne passe pas par quatre chemins en entrevue avec nous lorsque vient le temps d’aborder les critiques virulentes sur le web envers son fils. 

Récemment, il a eu maille à partir avec un utilisateur de X qui critiquait son garçon de façon un peu cavalière. Pour lui, les critiques seront toujours les bienvenues, à condition qu’elles soient véhiculées dans le respect. Ça vient avec la pression du marché montréalais.

«Clairement, tous les pays et villes ont leurs troupeaux d’imbéciles!» dit-il de manière colorée en parlant de ces partisans qui ne font que véhiculer du négatif, «bière à la main», ou des journalistes «qui militent pour que les joueurs moisissent sur le banc à cause de deux mauvais matchs».

Très souvent, les attentes et les critiques envers Slafkovsky, qui a été sélectionné au tout premier rang de l’encan 2022, ont atteint une grande intensité.

Sans être parfait ni constant sur 82 matchs, le jeune numéro 20 du CH a démontré une nette progression depuis son premier match dans la LNH.

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Il a cette année permis, via un échec-avant intelligent et amélioré, quantité de chances de marquer et de buts aux deux autres membres de son trio (Cole Caufield et Nick Suzuki) qui, d’ailleurs, n’avaient précédemment jamais réussi à trouver un ailier droit qui leur était compatible.

Photo AFP
Photo AFP

Mais «Slaf» n’a pas cumulé 100 points ou 50 buts à sa troisième saison en tant que premier choix au total. Donc ce n’est pas assez aux yeux de certains.

«Que ce soit à Montréal ou en Slovaquie, un grand nombre de personnes voudraient qu’il ait les chiffres de Crosby, MacKinnon ou McDavid simplement parce qu’il est un premier choix au total, lance Juraj Senior. Les gens ne peuvent pas avoir les mêmes attentes envers lui qu’envers ces joueurs. C’est un fait et quiconque ne le comprend pas ne comprend pas le hockey et tape des bêtises sur son clavier d’ordinateur, poursuit l’homme bien en verve. Il ne faut pas être un génie pour comprendre que les gars qui jouent comme Juraj ont besoin de plus de temps.»

«Je ne suis pas son entraîneur»

De toute évidence, Juraj Senior ne mâche pas ses mots. Quand il a quelque chose à dire, il le dit. Il est actif sur les réseaux sociaux.

Certaines personnes pourraient être tentées de prêter de mauvaises intentions au paternel, alléguant qu’il est trop présent ou visible ou qu’il empiète sur la carrière de son fils.

Mais leur relation, assure-t-il, est extrêmement saine et objective.

«Bien sûr, nous communiquons entre nous. Il a 21 ans! Ma femme et moi avons regardé tous les matchs qu’il a joués depuis qu’il a commencé à jouer dans la LNH. Il est généralement 1h du matin en Slovaquie. Après chaque match, Juraj et moi échangeons quelques mots.

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«Le lendemain, quand les émotions sont redescendues, nous regardons les choses de manière pragmatique. Il sait ce qui n’a pas marché, ce qu’il aurait pu faire mieux et j’essaie de lui dire de quoi son jeu a l’air “vu d’en haut” et ce que je vois quand il est sur la glace. Je sais pertinemment que je ne suis pas son entraîneur. Il s’agit simplement d’une discussion entre père et fils», enchaîne-t-il.

La fin des lents débuts de saison?

Au cours des deux dernières campagnes, l’imposant slovaque s’est réellement mis en marche à compter du mois de la fête des Rois, voire de février.

C’est trop tard, et Slafkovsky fils l’a lui-même reconnu lors du bilan.

«Je lui ai dit que s’il avait trouvé son rythme, il aurait eu 20 points de plus à son compteur. Nous n’avons pas encore compris pourquoi cela se passe comme ça depuis deux ans.»

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

Maintenant, l’attaquant, parole de son père, ne compte rien négliger en termes d’entraînement estival. Les petits pépins physiques qu’il traînait en séries seraient également derrière lui. 

«Il avait quelques petits trucs qui nécessitaient du repos. Il a un préparateur physique personnel, un entraîneur d’habiletés et il a la possibilité d’aller sur la glace seul ou, s’il le souhaite, avec d’autres joueurs. Je sais qu’il aime bien défier Erik Cernak de temps à autre dans le cadre de batailles le long des rampes.»

«C’est un mystère pour nous»

De façon générale, même si jouer à Montréal en tant que haut choix au repêchage peut constituer un tourbillon, Juraj Slafkovsky navigue généralement très bien avec cette réalité. C’est du moins ce qu’il projette au quotidien.

Il a rapidement démontré un charisme et une assurance devant les caméras que n’ont pas la plupart de ses coéquipiers.

«Cette prestance à la caméra... c'est vraiment un mystère pour nous, rigole notre interlocuteur. Il serait facile de dire qu'il l'a hérité de moi ou de ma femme, mais je n'en suis pas sûr. Il est probablement né avec ça. J'ai lu à certains endroits qu'il avait l'air au-dessus de ses affaires devant le micro, mais ce n'est pas vrai. C'est juste une question de confiance en soi.»

Et n’allez surtout pas croire que Slafkovsky n’est pas exigeant envers lui-même. Il n’a jamais hésiter à s’auto-flageller publiquement. On peut compter sur les doigts d’une main le nombre de matchs où il s’est dit «heureux de son rendement», sa formulation préférée étant plutôt (même après d’excellents matchs) : «c’était mieux, mais loin d’être au top.»

Parce que Juraj veut clairement atteindre le sommet.

Son somment, ça ne sera peut-être pas 100 points. Parce qu’il n’est pas Sidney Crosby.

Mais il est Juraj Slafkovsky, un joueur qui a le talent pour changer drastiquement l’allure du trio sur lequel il joue.

Parlez-en à Caufield et Suzuki.

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