Tous les moyens sont bons pour épargner sur la bouffe
Certains prennent des moyens extrêmes, comme rationner leur alimentation


Julien McEvoy
Les Québécois et les Canadiens sont de plus en plus nombreux à utiliser les cartes fidélité pour se payer des aliments, autre signe que l’inflation fait mal à la classe moyenne.
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Ils ont été plus de 33 % à utiliser les points de l’une ou l’autre des chaînes de supermarché pour payer l’épicerie, révèle un sondage du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie en partenariat avec Caddle.

Avec un taux d’inflation alimentaire qui se maintient à environ 10 % depuis un an, trois Canadiens sur quatre ont changé leur façon d’acheter de la nourriture.
«On voit que les consommateurs ont de la misère, ils trouvent toutes sortes de moyens. Il y a beaucoup de monde qui ne magasine pas de la même façon», observe le directeur du Laboratoire, Sylvain Charlebois.
On apprend aussi dans le sondage que les Canadiens sont maintenant plus nombreux à faire pousser leur propre nourriture. Au Québec, ils sont 13,7 % à avoir commencé à le faire.
Les circulaires sont aussi plus populaires que jamais, avec 32,1 % des gens qui disent les consulter.
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La fidélisation comme arme
Si les Canadiens et les Québécois se tournent davantage vers les programmes de fidélisation, ceux-ci ne sont pas tous égaux.
Dans le secteur des supermarchés, c’est celui de Loblaws qui se classe au premier rang, selon la firme R3 Marketing, qui tient un palmarès annuel.
PC Optimum se classe au troisième rang, alors que celui de Metro, metro&moi, se classe 10e.
La générosité est bien sûr calculée dans le palmarès, mais plus encore, on étudie le niveau d’engagement des clients ainsi que leur affection pour ledit programme.
«Un des meilleurs exemples au monde est la chaîne Morrisons, en Angleterre. Elle utilise les données obtenues sur leur clientèle pour donner plus de points sur les produits de base», illustre Hans Laroche, de R3 Marketing.
La chaîne de supermarchés a en effet récemment modifié son système de cartes de fidélité dans le contexte de la crise du coût de la vie.
Certains produits de nécessité courante, comme les produits laitiers et la viande, permettent d’obtenir plus de points, par exemple.
«Toutes les chaînes auraient intérêt à faire la même chose, car ça augmente beaucoup la fidélité des gens à la marque», assure M. Laroche.
Des données «troublantes»
La conclusion la plus «troublante» du sondage, selon Sylvain Charlebois, est qu’il y a beaucoup de gens qui ont décidé de manger moins pour économiser.
«On parle de 30 % des femmes et de 18 % des hommes. Certains ont pris des moyens extrêmes», constate-t-il.
Dans la colonne des données « troublantes », on retrouve aussi le fait que 6,6 % des Canadiens paient leurs courses avec une carte de crédit sans savoir quand ils pourront la rembourser.
Quelques-unes des habitudes qui ont changé
- 11,9 % ont visité plus souvent les magasins à 1 $ pour acheter de la nourriture
- 16,24 % ont visité des magasins au rabais pour acheter de la nourriture
- 20,6 % ont utilisé plus de coupons à l’épicerie
- 28,86 % ont utilisé plus de points du programme de fidélité pour payer les courses
- 26,68 % ont lu plus souvent les circulaires
- 5,11 % ont visité un stand en bord de route pour acheter directement auprès des agriculteurs
- 6,07 % vont plus souvent aux marchés fermiers
Source : Sondage Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire/Caddle