Tourisme Montréal pressent une baisse des Américains cet été

Martin Jolicoeur
À la veille de la saison estivale, Tourisme Montréal se montre peu optimiste alors que les touristes américains sont déjà moins nombreux que par les années passées et rien ne laisse croire que cette tendance changera.
«Si vous voulez mon avis, la situation est bien pire que ce qu’ils veulent bien vous dire, affirme Samuel Namour, le propriétaire de la Galerie Le Chariot, présente sur la place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal, depuis plus de 40 ans.

Depuis le début de l’année, ou plus spécifiquement depuis l’entrée en poste du président Donald Trump, estime Tourisme Montréal, le nombre de touristes américains connaît un recul de 3% par rapport à l’année dernière.
Bien que l’organisme de promotion touristique hésite encore à prévoir un déclin aussi important pour la saison, celui-ci ne l’écarte pas non plus. En entrevue mardi, sa vice-présidente au développement, Manuela Goya, nous a indiqué sans grande précision que l’été 2025 pourrait aussi bien se conclure par une hausse que par une baisse de 5% de l’achalandage...
La faute des huées et de Doug Ford
«N’en doutez pas, la baisse des visiteurs américains est bien présente et on la ressent depuis déjà des mois, s’est exclamé le propriétaire de la Galerie Le Chariot, spécialisée dans la vente de vêtements et d’œuvres d’art inuit, dès que nous lui avons posé la question.
«Les Américains n’ont pas aimé les huées pendant les matchs de hockey. Pas plus que l’attitude de bulldog de Doug Ford [premier ministre ontarien] à la télévision américaine après l’introduction des tarifs.

«Résultat: mes ventes ont chuté de 25% en avril et de 20% depuis le début mai... Si on n’apprend pas à redevenir courtois avec nos voisins, j’ai bien peur que cela se poursuive.»
La même crainte était ressentie au sein du personnel d’un restaurant italien voisin, le Trattoria Gio.
«Cette baisse, on la ressent déjà, a confié Pietro Scalia, le responsable des équipes de serveurs hier. Parce que la clientèle n’était pas au rendez-vous, on a été obligés de demander à un de nos serveurs de partir. Tout cela n’augure rien de bon.»

Pour Montréal, les touristes américains comptent généralement pour environ le tiers de tous les visiteurs en provenance de l’extérieur du Québec, suivis des Européens et des Canadiens des autres provinces. Mais de tous les touristes, les Américains sont reconnus comme les plus dépensiers. Bon an mal an, ils comptent pour facilement la moitié des recettes touristiques de la région de Montréal.
Sauvé par l’Ouest canadien
Œuvrant depuis 25 ans dans le Vieux-Montréal, Caroline Prévost, propriétaire de deux établissements – la Cour des arts du Vieux-Montréal et la boutique Mon Shack au Québec, rue Saint-Paul Est –, remarque aussi une baisse des visites de clients américains.
Mais elle dit aussi remarquer plus de visiteurs en provenance des provinces de l’Ouest canadien, comme l’Alberta et la Colombie-Britannique. «Au bout du compte, je crois que la perte des touristes américains pourrait finir par être compensée par une hausse de visiteurs de l’Ontario et de l’Ouest.»
C’est aussi le pari de Tourisme Montréal, qui a choisi d’augmenter de 55% cette année ses dépenses de promotion touristique à l’intention des Canadiens (de l’extérieur du Québec). Cette année, 36% de son enveloppe promotionnelle a été dépensée au Canada anglais, contre 42% dans les États de la Nouvelle-Angleterre.
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