Tourisme médical: attention aux mauvaises surprises
Agence QMI
Les délais dans le système public et les coûts au privé pour certaines interventions chirurgicales non urgentes poussent parfois les Québécois à se tourner vers des cliniques à l’étranger avec des garanties en termes de contrôle et de qualité parfois incertaines.
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Mélanie Jutras a perdu la vie dans des circonstances nébuleuses il y a plus d’un an après avoir subi une chirurgie bariatrique en Tunisie. Aujourd’hui, la famille peine toujours à accéder au dossier médical et donc aux circonstances du décès.
«C’est un problème et il y a de plus en plus de gens qui vont aller vers le tourisme médical, comme malheureusement c’est arrivé ici», a déploré le Dr Gaétan Barrette, médecin radiologiste et ancien ministre de la Santé.
Au Québec, il peut y avoir entre deux et trois ans d’attente pour ce genre de chirurgie dans des établissements publics, tandis que les coûts dans les cliniques privées peuvent parfois être très importants.
«C’est malheureusement la situation, parce que la chirurgie bariatrique, ce n’est pas la priorité pour les listes d’attente chirurgicales, parce que c’est une option parmi d’autres options pour traiter des gens qui ont des problèmes liés à une obésité très importante», a-t-il expliqué en entrevue à TVA Nouvelles.
Doit-on se méfier du tourisme médical?
«Il y a un risque, par définition, et le risque il est inhérent au fait qu’on est dans ce qu’on appelle le tourisme médical. Le tourisme médical, ça veut dire une chose: on va dans un endroit qui n’est pas le Canada, pas le Québec, dans un environnement dont on n’a pas nécessairement toutes les garanties en termes de contrôle et de qualité», a continué M. Barrette.
Selon lui, toutes les cliniques à l’étranger ne sont pas risquées, mais il est de la responsabilité de chacun de se renseigner sur les clauses du contrat et les normes du pays.
«Ici, au Québec, il y a un Collège des médecins, des normes de pratique et Santé Canada qui encadrent, et surtout il y a des règles qui font que ce qu’on a décrit ne peut pas se produire», a-t-il précisé. «Quiconque au Québec se fait opérer voit son médecin, a le droit d’accéder à son dossier.»
Les complications pas prises en charge
Lorsqu’un Québécois se rend à l’étranger pour subir une intervention chirurgicale, même mineure, le service médical est ponctuel et les complications ne sont pas toujours prises en charge, selon le médecin.
«L’État a très très peu de statistiques à cet égard parce que ce n’est pas répertorié et, la plupart du temps, ce sont des entreprises privées et au Canada, et à l’étranger», a précisé M. Barrette.
Ainsi, il est fréquent que des patients issus du tourisme médical reviennent se faire traiter au Québec pour des complications, puisque certaines entreprises ne garantissent ni la prise en charge ni le défraiement des coûts qui s’ensuivent», a complété M. Barrette.