Toujours hanté par le meurtre sordide de son père à Lac-Saint-Charles
Le fils de Jacques Côté, assassiné en avril dernier, songe à poursuivre les autorités

Jean-François Racine
Plusieurs mois après le meurtre sordide de son père à Lac-Saint-Charles, le fils de Jacques Côté envisage lui aussi de poursuivre la Ville de Québec, qui n’a pas su éviter le drame et les images d’horreur gravées dans son esprit.
Toujours victime d’un intense stress post-traumatique, Simon Côté, 34 ans, peine à guérir de la mort de son père, tué sur la rue Thibodeau.

À l’approche de la période des Fêtes, ce dernier se sent incapable d’aller voir sa famille. Il habite toujours par choix dans la résidence paternelle, à un jet de pierre de l’endroit exact où le pauvre homme de 65 ans s’est écroulé après l’attaque perpétrée par un jeune en crise.
Depuis le 6 avril dernier, Simon Côté est coincé dans un tunnel bien sombre même s’il peut désormais en parler.

«S’il faut que j’arrête de manger pour garder la maison, je vais le faire. C’est le seul endroit où je me sens en sécurité même si ça me fait de la peine», explique-t-il.
L’urne dans la maison
Sur un palier de l’escalier repose l’urne contenant les cendres de son père. Pour cet ingénieur forestier de 65 ans, les proches ont symboliquement choisi une bûche travaillée à la main.

«Je ne suis pas capable d’y toucher ni d’aller au deuxième étage de la maison. Une pièce est toujours intacte. C’est là qu’il passait tout son temps», ajoute Simon.
À travers son témoignage très émotif, on comprend vite qu’il est toujours hanté par le drame.

«Mon père est resté face contre terre devant tout le monde pendant des heures. J’ai des voisins qui me parlent encore de ça. Ils sont marqués par ça. Aujourd’hui, je devrais être avec mon père et je ne l’ai plus. On me l’a enlevé. Ce n’est pas la maladie, c’est un meurtre. J’aimerais juste qu’on m’enlève les images de lui au sol. Ça occupe 99 % de mon esprit. J’ai perdu 46 livres et je dors encore mal.»

Simon Côté admet qu’il a voulu en finir lui aussi. «Oui, il y a trois semaines. Ça n’allait pas bien. J’y ai pensé et je suis allé chercher des gens autour de moi pour m’aider.»
À travers la douleur, il cherche également un avocat pour le guider. Il songe à la vitesse d’intervention, au manque d’effectifs et au Bureau du coroner, qui affirme qu’il est trop tôt pour dire s’il y aura une enquête publique. «Ils admettent qu’il y a eu des erreurs. Il ne faut pas étirer le temps.»
Un deuil pénible
En attendant une réponse du programme québécois d’indemnisation pour les victimes d’actes criminels (IVAC), Simon Côté croise de temps à autre les parents de l’accusé Kim Lebel.
«Eux peuvent encore aller voir leur fils. Moi, je donnerais tout pour avoir 15 minutes avec mon père. Lui, il va guérir. Moi, mon pilier n’est plus là.»
Récemment, il n’a pu se rendre à un suivi médical sachant que le présumé meurtrier est gardé au même endroit. «Juste de savoir, ça me rend nerveux. Je sais aussi qu’il va finir par ressortir un jour et j’y pense déjà.»
- Une plaque en l’honneur de Jacques Côté sera dévoilée au printemps prochain à Duchesnay, le jour de son anniversaire, le 18 mai.
Chronologie
- Jacques Côté, victime du premier meurtre de l’année 2022 à Québec.
- Kim Lebel, 30 ans, est accusé de meurtre non prémédité.
- Les parents de l’accusé envisagent toujours d’intenter une poursuite contre la police.
4 avril
- Deux policiers visitent Kim Lebel pour l’évaluer à la suite d’un appel de ses parents.
5 avril
- Les parents contactent l’organisme La Boussole, un regroupement des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale.
6 avril
- 9 h : Un juge est convoqué au palais de justice à 11 h.
- 11 h : Le juge émet une ordonnance pour que Kim Lebel se soumette à un examen psychiatrique.
- 12 h : Les parents de l’homme se présentent au poste de police du parc Victoria pour qu’une patrouille aille chercher leur fils immédiatement.
- 15 h 30-15 h 35 : Les parents rentrent chez eux. À leur arrivée, ils découvrent leur fils en train de commettre l’irréparable.
- 16 h : Les premiers policiers arrivent sur place trop tard.
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