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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

«Top gun» de l’itinérance: la dernière affaire dont les gens de la rue ont besoin

Photo Anouk Lebel
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Photo portrait de Isabelle Maréchal

Isabelle Maréchal

2025-08-23T04:00:00Z
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Imaginez un «super ministre» qui se promène en limousine pour réfléchir aux solutions pour sortir les itinérants de la rue. Ce serait tout un affront pour des milliers de sans-logis! C’est pourtant ce que réclame la mairesse de Montréal: «L’itinérance elle aussi, elle mérite d’avoir son top gun».

Ben non, Valérie, l’itinérance ne mérite rien du tout, sinon de prendre le bord.

Mais ceux qui vivent dans des conditions inhumaines, eux, méritent qu’on les traite avec dignité.

Le Québec a pris la mauvaise habitude de multiplier les top guns dès qu’on frappe un mur. Des «experts» supposément performants et efficaces, surtout grassement payés par les contribuables, pour venir sauver le bateau qui coule. Une «top gun» à Santé Québec, un autre «top gun» à l’agence Mobilité Infra Québec pour gérer les grands projets de transport, et un tout nouveau «top gun» à l’Institut national d’excellence en éducation (INEE), nouvelle patente pour dynamiser élèves et enseignants en ces heures sombres de compressions.

Ça va faire les top guns!

Et comme un top gun ne vient jamais seul, chacun peut compter sur une vaste équipe de sous-top-guns, eux aussi, bien payés, qui forment un bel organigramme dans lequel on se perd facilement.

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Le top gun est devenu un outil pour amadouer le peuple, on nous le vend comme le remède à tous nos maux, mais c’est plutôt l’arbre qui cache la forêt. Et en santé comme en itinérance, c’est pas un autre expert qui va faire la différence.

Ce n’est pas juste moi qui le dis. C’est aussi ce que pense Sam Watts qui dirige la Mission Bon Accueil, le plus grand refuge pour personnes en situation d’itinérance au Québec: «Les gouvernements sont cloués à un système de plasters. On vise des solutions à long terme comme du logement et des pistes vers du logement.»

C’est-tu assez clair ça? Ça prend du logement, du logement et encore du logement. Vous voulez moins voir d’itinérants? Trouvons-leur un toit. Beaucoup sont prêts à vivre en logement de transition. Ils attendent qu’on leur offre cette nécessaire stabilité résidentielle. Qu’est-ce qu’on attend pour aménager les milliers de locaux condamnés ici et là dans les villes au Québec?

On fabrique des sans-abri

Là où Valérie Plante a raison, c’est que la «précarité sociale et économique, jumelée à de la détresse, à la toxicomanie et aux problèmes de santé mentale» est plus grave que jamais. Ça ne va pas s’améliorer tant qu’on n’agira pas directement sur les causes.

Comment tolérer que le tiers des jeunes de la DPJ se retrouvent à la rue quand ils sont «relâchés» par le système? Pourquoi les travailleurs de plus de 50 ans sont-ils la nouvelle clientèle des refuges?

Nous faisons face à un constat d’échec face à l’itinérance qui continue de gagner du terrain. Nous devons bouger plus vite qu’elle.

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