TOP 30 restaurants de l’année du Cuisinomane
Tommy Dion
Qui dit fin d’année dit aussi rétrospection. Après avoir rendu visite à plus de 200 restaurants différents – tout en scrutant chaque menu, chaque plat et chaque ambiance –, je vous présente les 30 restaurants qui m’ont particulièrement séduit du début à la fin, et que je peux facilement recommander. C’est le temps de prendre des notes !
BIEN MANGER, BIEN BOIRE, AMBIANCE DÉCONTRACTÉE
Double’s Late Night

Le Double’s n’est pas tout à fait un bistro ni un bar : il se situe quelque part entre les deux. À Montréal, en 2023, nous avons vu un retour en force des dives bars, ces bars à ambiance festive où l’on boit pour pas cher autour d’une table de billard, et où la nourriture n’est pas nécessairement la vedette. Toutefois, au Double’s Late Night, il y a une exception qui m’a fait craquer : la nourriture qu’on y sert est d’une qualité irréprochable. On doit ce menu aux airs italo-montréalais du chef renommé Danny Smile, qui est également à la barre du programme culinaire à l’Auberge Willow Inn, à Hudson. Les bières Budweiser et Corona remplissent effectivement les frigos, mais les assiettes sont à l’opposé de ces grandes marques impersonnelles : le bœuf d’une ferme locale est à la une du fameux Smash Michigan burger, les légumes proviennent des Jardins Carya, le poulet forcément du Québec. On snack avec des bâtonnets de fromages et des calmars frits, et il sera difficile de ne pas se laisser tenter par le poulet parmesan (extra pain à l’ail) et la sole picata au citron. Corona ou vin nature en main.
- doubleslatenight.com
- 5171, avenue du Parc, Montréal
Nomi

Nomi est l’endroit festif du centre-ville où le contenu des assiettes est aussi enlevant que l’ambiance. En cuisine, nous avons droit à un chef qui n’aime pas les conventions et qui ne se permet pas de servir un plat qui n’a pas d’aspiration, de vocation, de raison d’être. Certes, les chances sont élevées qu’il vous sorte doucement, graduellement de votre zone de confort en dégustant des créations qui lui sont propres ; mais aucune inquiétude, c’est le chemin que vous devez absolument prendre pour vivre l’expérience complète. Carpaccio de canard simple à vue d’œil, mais camouflant élégamment une terrine de foie gras et un croûton bien apprêté, un porcelet grillé avec une déclinaison d’aubergine (en purée et en terrine) liée par un beurre à une sauce soya importée directement du Japon, soupe dumpling façon soupe à l’oignon gratinée (ou au foie gras peut-être ?), sans parler d’un classique savamment remodelé à l’image du restaurant, les patates pilées avec sauce brune, cette fois-ci avec un savoureux curry japonais. N’hésitez pas à donner carte blanche au chef.
- nomi-montreal.ca
- 1170, place du Frère André, Montréal
Le Géraldine

Quel plaisir de s’attabler au restaurant Géraldine ! Cet « apportez votre vin », situé à Saint-Eustache, jongle remarquablement bien entre l’audace et le traditionnel, puis entre la gourmandise et le raffinement, afin d’offrir aux clients une expé-rience bien à leur image. Aux dires du chef Olivier Robillard, sa grand-mère Géraldine n’était pas nécessairement bonne cuisinière : sa grande force était de recevoir toujours en grand. Ici, je peux affirmer sans hésitation que le chef rend fièrement honneur à sa famille non seulement à cause de l’ambiance intime et chaleureuse qu’il propose, mais parce que la nourriture est exquise. Des plats qui brisent la tendance des petits plats à partager, chargés de produits du Québec. Celui qui le souhaite peut se payer un voyage au pays de la décadence avec le foie gras poêlé déposé sur un pain doré aux graines de caméline (une plante nordique poussant au Québec au goût floral et herbacé) parsemé d’un crumble à la camé-line, d’une confiture de poires, d’un gel de miel de caméline, le tout nappé d’un trait de vinaigre balsamique à l’érable. Agnolottis aux morilles, contrefilet de cerf et même un tartare d’autruche apprê-té magistralement brillaient de leur présence lors de mes visites.
- legeraldine.ca
- 163, rue Saint-Eustache, Saint-Eustache
Bonheur d’Occasion

Des restaurants comme Bonheur d’Occasion ne courent pas les coins de rue. Vous savez, ce genre de restaurant où, avant même le premier verre, on est séduit ? Une telle transparence est devenue denrée rare à Montréal. Il suffit de quelques plats pour saisir l’authen-ticité et la générosité de cette belle et jeune équipe. Un boudin légèrement fumé puis grillé, déposé sur des grains de maïs de saison aux effluves d’estragon qui éclatent en bouche, un plateau de fruits de mer grillés à leur façon (dont le prix surprend par sa douceur), une belle culotte de bœuf servie dans son jus avec pommes de terre rattes, quelques feuilles de sucrine croquante et billes de fromage bleu. Le menu s’adapte aux saisons, en gardant la même ligne directrice : offrir de la qualité sans réduire la quantité. Une cuisine pertinente et simple, sans tomber dans le simplissime, et devant laquelle on ne se sent à aucun moment floué : ça fait du bien.
- instagram.com/bonheur.doccasion
- 4001, rue Notre-Dame Ouest, Montréal
Tuck Shop

Cette petite maison discrète tient solidement son fort sur une divertissante rue Notre-Dame. Petite maison, dis-je, mais à la grande table. Cette équipe ne s’attarde pas à faire des feux d’artifice dans les médias, mais se concentre à les réaliser dans les assiettes. Après plus de 10 ans d’activité, le Tuck Shop peut être fier de tenir encore aussi bien la route, et ce, même si le concept n’a guère changé – pour notre grand plaisir. On reste loin des tendances artifice – tant dans le décor que dans les plats. On y sert de la nourriture honnête, gourmande, haute en saveurs, et comme j’aime dire, en amour ! Si l’onglet-frites n’osera jamais quitter le menu, on adore plonger littéralement dans les créations de saisons : une tartine aux champignons de saison, un flétan du Québec servi avec une bisque de homard, des épinards et des rabioles, des medaglionis à la courge et ricotta, sans parler d’un agneau qui se glisse toujours au menu, dont j’ai adoré cette version avec rapini, tzatziki et noix de pin. Toujours une régalade au Tuck Shop.
- tuckshop.ca
- 4662, rue Notre-Dame Ouest, Montréal
Terre et Neige

Terre et Neige est d’abord un refuge en nature qui fait un bien fou, mais la table gourmande peut très facilement s’ajouter à l’expérience pour l’ultime immersion sans tracas. Une fois bien installé, il ne restera plus qu’à profiter, contempler, apprécier. Une petite marche santé est préférable en attendant le panier repas du soir livré à la porte par la cheffe Julia, car le contenu est ô combien gourmand et délicieux, si bien que vous ne pourrez plus vous arrêter. Demi-poulet rôti, pommes de terre croustillantes, quelques salades bien apprêtées, un pain pita douillet encore chaud et quelques autres créations du moment toujours avec les produits locaux qui ne nécessiteront que le dressage, puisque tout est déjà cuit. Après une douce nuitée, un second panier, celui-ci pour le déjeuner, patientera à la porte à l’heure établie avec Julia. Ce matin-là, ce fut une miche au levain encore fumante, un croissant, quelques madeleines, des œufs fermiers à cuire à notre goût, des fruits frais, des tartinades maison, ainsi qu’un thermos de café et une carafe de (vrai) jus de pommes. Grandiose.
- terreetneige.com
- 30, chemin du Lac-Clair, Val-des-Monts
Le Filet

Pour une chic soirée où vous aurez la certitude que tout se déroulera selon les règles de l’art – allant du service 5 étoiles jusqu’aux plats parfaitement exécutés –, le restaurant Le Filet est toujours un choix sûr. Si certains plats du menu sont coulés comme du béton – huître au gratin de miso, tartare de thon avec œuf confit, linguini aux fruits de mer et pieuvre grillée avec sauce vierge –, l’ardoise évolue constamment avec les saisons, laissant une belle place aux ingrédients nobles ainsi qu’à plusieurs producteurs locaux.
- lefilet.ca
- 219, avenue Mont-Royal Est, Montréal
La Knowlton Co.

J’ai adoré ma visite à la micro-brasserie La Knowlton Co. Ici, on ne fait pas que boire de la bière brassée sur place : on craque littéralement pour les (très) fameuses pizzas néo-napolitaines. Une savoureuse pâte au levain élaborée avec une farine locale fermentée de 48 h à 72 h, ponctuée de garnitures parfois classiques, parfois un peu moins, mais toujours bien d’adon avec une bière – quels que soient sa couleur et son profil aromatique. Une ale de blé avec des ailes de poulet sauce Buffalo, une IPA avec une pizza à la viande fumée, une cream ale avec celle à la saucisse épicée... On s’amuse à faire notre propre accord parfait !
- laknowltonco.com
- 576, chemin Knowlton, Lac-Brome
Le Baumier

Le Baumier est un bar à vin laurentien qui porte très bien son nom. Arianne Faucher (cheffe) et Nicolas Quinto (sommelier) sont deux amoureux des métiers de bouche, certes, mais incroyablement amoureux de leur région : les Laurentides. Ça se voit, ça se goûte. Que l’on s’y installe en plein mois de février ou en juillet sur la terrasse ensoleillée, le Baumier tient trois promesses : vous mangerez bien, vous boirez bien et vous vous régalerez de produits laurentiens. Cèdre, champignons sauvages, caquillier, hémérocalle, sapin, cœur de quenouille, feuille de figuier, hydromel... Mais n’ayez crainte : la médecine d’Arianne est si douce ! Après deux petits plats, vous voudrez commander tout le menu – croyez-moi. Et peut-être terminer avec une dégustation d’Amaro d’importation privée...
- baumier-bar-a-vin.myshopify.com
- 695 A, chemin Avila, Piedmont
Foxy

La soirée, sous le signe de la perfection, a débuté par le New Delhi ; une savoureuse concoction si bien balancée à base de gin au gingembre, lime, épices garam masala et noix de coco. Puis un pain plat cuit au charbon fabuleusement moelleux garni de purée de courge, de courge rôtie, de kimchi et d’huile épicée avec, en rince-bouche, une salade amère au radicchio façon césar. Le va-et-vient entre les deux plats est d’autant plus agréable. Des cappelletti roulés et farcis à la main avec maïs rôtis et chanterelles, dans un bouillon tout léger aux cèpes. Je fonds. Un doré de lac qui caresse, joliment déposé sur des garnitures qui appellent l’automne – oignons et champignons ce jour-là –, venant ainsi compléter la savoureuse œuvre. Une soirée remarquable, le tout dans une ambiance feutrée animée au feu de bois, enrichie par un service impeccable.
- foxy.restaurant
- 1638, rue Notre-Dame Ouest, Montréal
Knuckles

Pour moi, le Knuckles est l’exemple parfait d’un restaurant de quartier. Dès l’entrée, on est pris en charge de manière tellement chaleureuse que l’on se sent à la maison. On est envoûté par la salle à manger aux airs rétro – chandeliers et couleurs pastel –, table en bois et longue banquette qui ajoute au charme. La soirée s’amorce toujours par un knuckle, l’emblème de la maison, à savoir une douce caresse aux saveurs émoustillantes de fromages et de sauce tomate dans un petit chausson frit. La suite est tout aussi attrayante : bourgots gratinés, tartare d’omble dans un éclair ; gourmande : pâtes fraîches carbonara ; et parfois même régressive : comme ce tartare de bœuf « St-Hub », ou la version des tater tots du chef Vincent, ici rebaptisée « tater truffe ». On boit aussi extrêmement bien, avec des tendances nature bien assumées.
- knucklescantineetvins.ca
- 241, rue Jarry Est, Montréal
Pour voyager
9TailFox

Voici l’histoire de deux jeunes chefs originaires de la Corée, qui, après avoir travaillé dans les meilleures tables de la ville, décidèrent de mettre à profit leurs bagages communs pour ouvrir un restaurant à leur image. Comment expliquer de manière à rendre honneur au voyage gustatif qu’offre ce duo ? Je me lance... Dumplings aux cèpes et parmesan baignant dans un savoureux bouillon léger, fromage burrata avec kimchi de tomates et coriandre, cigare au chou farci de riz frit au kimchi, pieuvre grillée à la sauce romesco au gochujang avec amandes et choux de Bruxelles, risotto de grains au canard confit avec sauce aux prunes. Et que dire des Galbi, ces fameuses côtes courtes de bœuf marinées, puis grillées, qui furent les meilleures mangées à ce jour. Formidable !
- 9tailfox.ca
- 3401, rue Notre-Dame Ouest, Montréal
Alma

Haute en couleur, riche en saveurs et parsemée de découvertes et de nouvelles combinaisons de saveurs, l’expérience que propose le restaurant Alma saura ravir les plus grands épicuriens. Le chef à la barre est Juan Lopez Luna, un bon vivant qui jongle magnifiquement bien entre ses origines mexicaines, Montréal, sa ville d’adoption, et les tendances catalanes bien ancrées au restaurant depuis le jour 1. Dans le menu carte blanche 9 services, on peut s’attendre à être transporté au Mexique à plusieurs reprises, avec quelques arrêts en Catalogne (notamment dans les verres). J’y ai d’ailleurs dégusté le meilleur taco de ma vie, merci à la tortilla de maïs maison issu du processus de nixtamalisation (cuisson des grains de maïs importés d’Oaxaca dans de l’eau de chaux, une première au Québec), effectué à Sherbrooke. En salle, c’est une rayonnante Lindsay Brennan qui prendra contrôle de votre boire : attendez-vous à de surprenantes découvertes tout au long de la soirée.
- almamontreal.com
- 1231, avenue Lajoie, Montréal
Darna Bistroquet

Le Darna Bistroquet est l’endroit où j’aime me rendre lorsque j’ai envie de manger à la maison d’un ami marocain. Cet ami marocain est Otman Amer, et ça adonne qu’il n’est pas seulement mon ami ; c’est aussi le vôtre, puisqu’il vous accueille dans son petit îlot de chaleur, en plein cœur de Montréal, 12 mois par année. Il nous servira des plats typiques de chez lui à la sauce québécoise, c’est-à-dire avec des ingrédients locaux. Une caille royale travaillée en shawarma (avec la fameuse sauce Toum), fromage halloumi grillé avec un labneh maison, sauce Darna et menthe fraîche, un tajine de poulet confit (ou aux champignons) au safran du Québec, topinambours rôtis au ras-el-hanout, sans oublier le couscous à l’agneau des Cantons-de-l’Est, servi uniquement le vendredi, comme le veut la tradition. On termine avec un thé à la menthe et un gâteau aux carottes à la cardamome et aux noix de Grenoble.
- darnabistroquet.com
- 1106, rue Beaubien Est, Montréal
Kundah Hôtel

Au Kundah Hôtel, on est toujours un peu en Inde, toujours un peu au Québec. Le décor est une juxtaposition d’éléments kitchs indiens et de photos soit du chef Raphaël en voyage soit de son grand-père lorsqu’il travailla au barrage Kundah Hydroelectric Project dans les années 1960, avec une citation bien à la vue sur le cadre supérieur de la cuisine : « Cuisine indienne, produits québécois ». Bien qu’aucun membre du personnel du restaurant ne soit d’origine indienne, l’équipe s’amuse à prendre les bases de cette cuisine haute en parfums, à en respecter les épices, tout en travaillant les produits locaux. De Palak Paneer à Palak Bergeron (fromage en grains au lieu du fromage paneer), de Pani Puri à Argousier Puri, aux côtés de riz Biryani au crabe des neiges, de poulet achari tikka et d’agneau du Québec façon Tikka. On choisit délibérément de rester sur les cocktails toute la soirée – vous ne serez pas déçu.
- kundahhotel.com
- 325, rue de la Couronne, Québec
Lunch/brunch
Mollie’s

Ce petit café de village est l’endroit idéal pour prendre un café en cassant la croûte avec des amis ou la famille. Le petit-déjeuner est servi dès l’ouverture, et comprend autant une belle variété de viennoiseries maison (brioche à la cannelle, sticky buns, scones, biscuits), que des plats plus complets (sandwich déjeuner, crêpe-monsieur, œufs et bacon). Dès 11 h, un menu composé de sandwichs, salades et soupes s’ajoute, tout comme une chouette sélection de vins au verre. L’ambiance familiale et le service tellement amical (inondé de sourires !), jumelés à la qualité des ingrédients servis, nous donnent simplement envie de revenir. Si la fameuse tarte Tatin à Mollie est disponible, sautez absolument sur un morceau !
- facebook.com/mollies.dinette.sutton/
- 9, rue Principale, Sutton
Noren

Je ne sais pas à quoi ressemble un petit restaurant prisé de quartier branché en plein cœur de Kyoto au Japon, mais chaque fois que je mets les pieds au Noren, je m’amuse à penser que j’y suis. Qu’en slurpant mon riche Niku miso udon au riche bouillon umami, en tentant de reconstruire dans ma tête le sublime Okonomiyaki (crêpe japonaise au chou) ou en regardant le couple faire en cuisine, je me sens en voyage. Une dizaine de places assises réservées au premier arrivé, premier servi, avec une liste d’attente à l’extérieur rend cet endroit à la fois précieux et imprévisible. Oui, l’attente en vaut la peine.
- restaurantnoren.ca
- 77, rue Rachel O, Montréal
Café Palmier

Le Café Palmier est un arrêt obligatoire à Chelsea. En plus d’y siroter l’une des meilleures tasses de café du village, les brunchs, servis 7 jours sur 7, sont tout aussi dignes de mention. Selon vos ambitions, un duo pop-tart (maison) et café de votre choix est tout aussi honorable et satisfaisant qu’un gargantuesque brunch. Tartine aux champignons locaux ou tartine au gravlax de saumon, assiette d’œufs shakshuka ou assiette staff meal incluant tous les favoris du déjeuner, le choix peut s’avérer difficile. L’endroit est très décontracté et prisé par les sportifs du coin de retour du parc de la Gatineau, en quête de réconfort sucré et caféiné.
- cafepalmier.ca
- 40, chemin Scott, Chelsea
Billy, j’ai Faim !

À la fois bistro du midi et comptoir prêt-à-manger, Billy, j’ai faim ! séduit. La salle à manger est coquette, mais les plats du chef Billy sont du sérieux. Le menu, écourté à 4-5 entrées et un peu plus de plats principaux qui évoluent selon les meilleurs ingrédients de saison, n’a pas du tout à rougir à côté des restaurants du coin. Une costaude guédille de crabe servie avec sa bisque et des frites absolument phénoménales fait aussi bien fureur au printemps qu’une savoureuse blanquette de veau à l’automne. Les racines françaises du chef ne mentent pas : la soupe de poisson est fabuleuse, la saucisse-purée est tout ce qu’on demande par une froide journée d’hiver, et c’est possiblement un des seuls endroits en ville où savourer un saucisson brioché comme on peut retrouver à Lyon. Il faut prolonger l’expérience jusqu’au dessert : vous ne serez pas déçu.
- billyjaifaim.com
- 4269, rue Saint-Denis, Montréal
Menu dégustation
Cabaret l’Enfer

Massimo Piedimonte est un des chefs les plus doués du Québec. Sa forte personnalité se reflète aussi bien dans les assiettes que dans l’ambiance, au son d’une playlist pensée en accord avec la saison, les plats et les chefs (avec toujours quelques pistes de rock’n’roll). Tout menu débute avec un plateau de fromages et charcuteries à sa manière – incluant une boule entière de burrata faite à la minute devant vos yeux –, puis est prolongé par des plats d’une docilité exorbitante. Ici, l’entrecôte de bœuf ne peut pas se permettre d’être uniquement grillée et simplement servie. Elle aura été bichonnée par de multiples manipulations : tempérage, première cuisson douce, seconde à la braise, temps de repos, pour finir dans un bain chaud – avant de terminer sa route dans votre assiette, accompagnée de pas une, ni deux, mais trois sauces aux différentes textures. Un jeu de maître du début à la fin.
- cabaretlenfer.com
- 4094, rue Saint-Denis, Montréal
Le Hatley

Que l’on y aille pour vivre l’expérience que propose le Manoir Hovey ou uniquement pour profiter d’un somptueux repas au restaurant Le Hatley, il n’y aura pas place à la déception. Parce qu’une expérience dans un établissement Relais & Châteaux peut parfois être intimidante, dès l’accueil, l’équipe s’assure dès lors de casser cette barrière et de nous mettre à l’aise. Le menu petit-déjeuner vaut à lui seul le déplacement, mais si vous cherchez la grande table du soir, vous êtes aussi au bon endroit. Avec les années, le chef Alexandre Vachon a su bâtir des relations très privilégiées avec les artisans de la région, permettant ainsi de servir 12 mois par année le meilleur de ce que la région propose, à l’intérieur d’un menu dégustation 9 services, dont une version sans viande est aussi offerte. Le risotto est particulièrement bien maîtrisé (il faut y aller pendant la saison de la truffe), l’œuf de cane avec sabayon de vin mousseux local et caviar est un incontournable, et les viandes ne sont jamais servies dans leur plus simple expression – mais plutôt déclinées de maintes manières, illustrant le travail technique en cuisine.
- manoirhovey.com/fr/restaurant-le-hatley
- 575, rue Hovey, North Hatley
La Tanière

Une expérience au restaurant La Tanière est une invitation au voyage dans notre propre province. Une soirée, trois univers immersifs et une série de plats gastronomiques tout aussi surprenant et savoureux les uns que les autres. Un bœuf servi avec morilles farcies et une sauce issue d’une distillation de l’herbe verge d’or qui réplique à merveille à une sauce aux poivres, un filet d’omble chevalier (poisson à chair rose) saumuré à l’épinette puis cuit sur une écorce d’épinette sur braises, une tomate déclinée en neuf textures, neuf saveurs et neuf couleurs dans une même assiette, un pétoncle simplement tempéré, déposé sur un petit monticule de pommes de terre (cuites aussi au beurre) et surmonté d’une pelletée de caviar... Dans l’optique de proposer un menu dont 100 % des ingrédients viennent du Québec, vous ferez la connaissance de nombreuses herbes et plantes méconnues comme le wasabi sauvage, le clavalier d’Amérique, la monarde et bien plus. Une expérience à vivre !
- taniere3.com
- 36 1/2, rue Saint-Pierre, Québec
Lawrence

Je l’ai toujours dit et je le répète : un cuisinier qui joue seul sa partition en cuisine donne toujours quelque chose de fascinant. C’est un moment privilégié entre le chef et le client, un contact d’un instant annonceur de souvenirs sensoriels. Au Lawrence, tout prend son sens. Il y a de fortes chances que vous n’entendiez pas un mot venant du chef, Marc John Cohen. Aussi timide qu’il soit, son moyen de communication se situe à l’intérieur des assiettes – et ça résonne fort. La succession des plats est une ode à la cuisine anglaise (ses origines), française (son école) et québécoise (sa ville d’adoption). Des créations qui révèlent une certaine audace, qu’il assume pleinement : ravioli double au cœur et au foie de volaille, spaghetti monté au beurre et au parmesan à la cervelle de porc et curcuma, agnolotti à la tête de cochon en sont quelques exemples. N’ayez crainte toutefois, la soirée peut aussi être ponctuée d’agneau rôti enseveli sous une truffe noire de la Bourgogne, d’un contrefilet vieilli aux garnitures de saison ou d’une jolie (mais complexe) salade de tomates.
- lawrencemtl.com
- 9, avenue Fairmont Est, Montréal
Parcelles

En été comme en hiver, le chef-jardinier Dominic Labelle rend ses parcelles accessibles aux heureux invités qui s’y donneront rendez-vous pour passer un moment privilégié avec la nature. L’été, le rendez-vous est donné sur les tables à pique-nique faisant face au lac Memphrémagog, avec un menu axé sur la pizza cuite au four à bois et quelques plats d’accompagnement de viandes et légumes bien travaillés. L’hiver, on se confine à l’intérieur de la maison chauffée au feu de foyer pour une expérience davantage formelle et raffinée, toujours mettant de l’avant les légumes de leur propre terre.
- parcellesaustin.com
- 21, chemin Taylor, Austin
Les Mal-Aimés

Un détour à Cookshire-Eaton n’aura jamais été aussi délicieux ! Dans la catégorie d’expérience immersive, le restaurant Les Mal-Aimés coche toutes les cases. La prise en charge se fait dès le stationnement de la ferme (oui, le restaurant est dans une ferme maraichère), où un employé vous montrera gentiment le chemin à prendre pour vous rendre à la destination finale. Une petite marche à travers les champs ponctuée de bouchées en accord avec un cocktail plus tard, on arrive au bâtiment vitré nouvellement construit sur mesure exclusivement pour le restaurant. Les deux artistes en cuisine sont le chef Daniel Charbonneau et le « jardinier déchaîné » Yannick Côté. Deux fous de légumes et de vins qui partagent particulièrement bien leur passion avec des créations surprenantes, uniques, mais surtout savoureuses...
- jardinierdechaine.ca/gastronomie-rurale
- 429 QC-253, Cookshire-Eaton
Mes cinq étoiles de l’année
Auberge Saint-Mathieu

Ma première étoile de l’année va à la jeune équipe de l’Auberge Saint-Mathieu. Une douce soirée, un somptueux coucher de soleil, un lac miroir – rehaussés par une performance sans faute, tant en salle qu’en cuisine. Une soupe de petits pois lisse et frivole qui se laisse déchiffrer: lamiacées (plantes), caviar de corégone, petits pois croquants... Une délicate chair de homard sous un voile de petit lait, abritant également une déclinaison de ciboulettes et croustillant beurre noisette. Une truite locale qui me laisse bouche bée, tant par la cuisson, les saveurs et l’ingéniosité de la présentation. Un accord vins qui résonne si bien que l’on souhaite que la soirée ne se termine jamais. On opte pour le menu dégustation 9 services (à prix extrêmement raisonnable), car on souhaiterait en avoir quatre de plus !
- auberge-st-mathieu-du-lac.com
- 2081, rue Principale, Saint-Mathieu-du-Parc
Kebec Club Privé

Le souci du détail, le respect de la terre, la mise en valeur des ingrédients de chez nous, des techniques irréprochables, une créativité sans fin... Le tout, dans un cadre ludique, intime et familier. La soirée débute dans le lounge pour se mettre en appétit avec quelques bouchées, avant de s’installer pour l’acte principal à la table commune pouvant accueillir 10 personnes. Les éléments du menu sont dictés par ce que la nature rend disponible, qui comprendra notamment plusieurs plantes et herbes cueillies par le couple chef propriétaire, des viandes locales, des légumes conservés, ainsi que l’inévitable pain et beurre maison.
S’il y a des étoiles (Michelin) qui planent au-dessus de la ville de Québec, je peux vous garantir que l’une d’entre elles rayonnerait sur cette grande table.
- kebecclubprive.ca
- 767, rue Saint-Joseph Est, Québec
Park

Pour célébrer en grand une occasion, je ne pourrai mieux vous conseiller qu’une soirée confortablement installé au bar à remettre votre destin des prochaines heures au chef, en optant pour le menu omakase. Un riz cuit, tempéré, assaisonné et manipulé à la perfection, des poissons taillés d’un seul coup de lame, des garnitures concises pensées pour magnifier les produits, certes, mais qui racontent également une histoire : celle du chef Antonio Park. On apprendra à le connaître par les saveurs teintées ici par du kimchi, là par un chimichurri – reflétant ses racines coréennes et argentines –, ainsi que par son désir de nous faire vivre une expérience mémorable en nous présentant des poissons de qualité exceptionnelle, sans oublier le vrai bœuf Wagyu, celui qui vous donnera des frissons.
- parkresto.com
- 378, avenue Victoria, Montréal
Espace Old Mill

La table champêtre Espace Old Mill est un lieu où la « vraie » gastronomie, comme il se doit, prend tout son sens. Une gastronomie qui éduque, qui fait prendre conscience du lien entre les ingrédients et les producteurs, puis de la préparation jusqu’à la dégustation. On doit ce projet en partie à Jean-Martin Fortier, pilier mondial de la culture bio-intensive de légumes. En plus de collaborer avec une trentaine de différents artisans de la région de Brome-Missisquoi fournissant à leur tour légumes, fruits, volailles, viande bovine, cidres et produits laitiers, l’équipe peut compter sur 9 parcelles de terre à même le terrain, afin de compléter leur approvisionnement. Un menu qui fait la valse des saisons, rendant ainsi l’asperge de juin aussi attrayante que les tomates d’août, et que les différentes variétés de betteraves en février.
- espaceoldmill.com
- 7, chemin Caleb Tree, Stanbridge East
Mon Lapin

Le restaurant Mon Lapin n’a pas été élu meilleur restaurant au Canada, selon le magazine Canada’s 100 Best, pour rien. On y dépiste de l’audace, on y distingue de nombreuses techniques maîtrisées, et en bouche, les saveurs sont toujours à leur apogée. La soirée doit débuter par un croque-pétoncle et une mousse de foie de volaille d’une extrême légèreté (on n’épargne pas l’extra-sot-l’y-laisse), puis se poursuit avec des plats qui vont et viennent au fil des saisons. Carbonara à l’anguille de Kamouraska, strudel d’échalotes rôties déposé sur un jus aux oignons, volaille au levain... Des créations qui font planer le mystère, sitôt résolu une fois qu’elles sont dégustées.
- vinmonlapin.com
- 150, rue Saint-Zotique Est, Montréal
► Tommy Dion est chroniqueur/critique gastronomique et fondateur de la plateforme web et guide gourmand www.lecuisinomane.com.