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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Tom Lapointe: l’homme qui aimait relever des défis

Tom était comme un joueur d’arrêt-court qui défie toutes les balles frappées dans sa direction.

Photo tirée de Facebook
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Photo portrait de Marc de Foy

Marc de Foy

2025-06-16T23:00:00Z
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Tom Lapointe voulait laisser le souvenir d’un gars qui a essayé toute sa vie. C’est ce qu’il avait confié à Réjean Tremblay à son entrée à la maison de soins palliatifs de la Rivière-du-Nord à Saint-Jérôme, au mois de mai. Ce jour-là, Tom a fait la meilleure description de lui-même. Pour avoir essayé, il a essayé!

Tom était comme un joueur d’arrêt-court qui défie toutes les balles frappées dans sa direction. Il en captait, il en échappait, mais sa moyenne de réussite était bonne. Aucun défi n’était impossible pour lui.

Il voulait être journaliste et il l’est devenu sans diplôme. Mais il n’en avait pas besoin pour réussir.

Tom possédait les principales qualités pour faire du journalisme. Il était fonceur, curieux, constamment à la recherche de la nouvelle.

Rien n’était trop gros pour lui.

Des mineures aux grandes ligues

Si je me souviens bien, il avait ses débuts à L’Artisan, connu aujourd’hui sous le nom de L’Hebdo du Nord. Il est ensuite passé aux grandes ligues en travaillant pour La Patrie, un quotidien fondé au 19e siècle avant d’être transformé en hebdomadaire pour les 21 dernières années de son existence (1957-1978).

Tom est toutefois parti bien avant la fermeture de ce journal. Il s’est joint au Montréal-Matin. C’est là que l’on s’est connus dans les années 1970. Puis on a travaillé à nouveau ensemble au Journal dans les années 1980.

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Denis, de son vrai nom, était haut comme trois pommes, mais il déplaçait de l’air. Il était partout et côtoyait les grands noms du moment dans le monde du hockey.

Il était proche de Wayne Gretzky, dont il avait écrit en primeur dans La Presse qu’il serait échangé des Oilers d’Edmonton aux Kings de Los Angeles. Si je ne me trompe pas, c’est au mariage de Gretzky avec Janet Jones, quelque temps avant la mégatransaction, qu’il avait eu vent que le «99» pourrait quitter Edmonton.

Gretzky dans l’uniforme de CKVL

C’est encore Tom qui avait sorti en primeur la nouvelle du retour du jeu de Guy. Mario Lemieux et Luc Robitaille furent d’autres grandes vedettes du hockey québécois avec qui Tom entretenait des relations privilégiées.

Après ses années au Journal, Tom a fait carrière à la radio, d’abord à CKVL et ensuite à CKAC. Quand il organisait des matchs de balle molle – ce qu’il avait fait aussi auparavant au Montréal-Matin et au Journal de Montréal –, il s’arrangeait souvent pour avoir de grands noms du sport et du monde artistique, un milieu qu’il connaissait bien aussi.

Besoin de Gretzky?

Pas de problème!

Un bon jour, Gretzky est apparu sur la butte, au Stade olympique, vêtu de l’uniforme de CKVL et coiffé de la casquette tricolore des Expos.

En 1999, Tom a fini par convaincre les dirigeants du Canadien et de la LNH de créer un trophée en l’honneur de Maurice Richard.

Passage forcé à l’exil

Les années qui ont suivi ont été moins bonnes pour Tom. Pourchassé par des shylocks, il s’est exilé en France où il s’est retrouvé sans le sou, à dormir sur des bancs de parc. Gilbert Rozon et Marcel Béliveau sont venus à sa rescousse en lui donnant du travail.

Ces années noires, il les a racontées dans une autobiographie ayant pour titre Mes mille et une vies. C’était tout un exercice d’humilité.

De la France, Tom est passé ensuite par la Californie et la Floride avant que la maladie ne le force à revenir au Québec.

Aux prises avec des douleurs persistantes à la jambe gauche, il a été diagnostiqué d’un cancer de la prostate de grade 4, qui avait atteint les os. C’était en janvier 2024.

Tom s’est essayé encore, mais cette fois, le défi n’était pas à sa mesure.

Salut Tom, on se reverra l’autre bord avec les autres.

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