Loi sur la laïcité: tollé pour une enseignante retirée à cause de son voile
Anne Caroline Desplanques | Journal de Montréal
Le retrait d’une enseignante d’une école du Québec parce qu’elle porte le hijab cause une onde de choc au Canada anglais, relançant le débat sur la loi 21 entre les politiciens fédéraux.
« Je ne peux plus, en bonne conscience, maintenir le silence sur cette affaire. C’est une honte absolue », a réagi le député conservateur ontarien Kyle Seeback.
« Ce type de discrimination ne reflète pas la société québécoise dans laquelle je veux vivre », a dit le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller.
L’enseignante Fatemeh Anvari, diplômée en littérature anglaise de l’Université d’Ottawa, a été retirée de sa classe de troisième année et affectée à d’autres tâches à l’école primaire anglophone de Chelsea, près de Gatineau.
Il s’agirait de la première fois que la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois, qui interdit le port de signes religieux aux fonctionnaires en position d’autorité, conduit au retrait d’une enseignante.
Parents dégoûtés
Les parents ont appris la nouvelle dans une lettre envoyée le 3 décembre.
« Nous sommes dégoûtés. J’ai honte que ça arrive dans notre école. Comment va-t-on expliquer ça à nos enfants ? Cette loi est indéfendable », a réagi un parent d’élèves, Tim Irvin, venu nouer un ruban vert en signe de soutien à Mme Anvari avec ses deux enfants.
Écoutez la rencontre Abedfadel-Foisy au micro de Philippe-Vincent Foisy sur QUB Radio:
Mme Anvari était suppléante à l’école depuis mars et avait obtenu un poste le 25 octobre. Peu après, le 10 novembre, la Commission scolaire English-Montréal était déboutée en Cour d’appel lors de sa contestation de la loi 21.
Bien qu’elle s’oppose aussi à cette loi, la Commission scolaire Western Quebec, qui gère l’école primaire de Chelsea, a jugé qu’elle n’avait plus le choix d’appliquer le texte adopté en 2019.
Écoutez Jean-François Lisée et Thomas Mulcair au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
Vers une intervention d’Ottawa?
«Personne au Canada ne devrait perdre son emploi à cause de ce qu'il porte ou de ses croyances religieuses», a déclaré le bureau du Premier ministre.
En campagne en septembre, Justin Trudeau avait déclaré « Je n’écarte pas l’idée que le gouvernement fédéral pourrait intervenir à un moment donné dans la question de la loi 21 ».
Son bureau a indiqué aujourd'hui « Les Québécois défendent leurs droits devant les tribunaux, et c'est un processus clé de notre démocratie. Nous continuons à suivre cette affaire de près».
Pour leur part, les chefs néo-démocrate et conservateur ont écarté cette possibilité.
« C’est important que les lois injustes des provinces soient contestées dans les provinces », a dit Jagmeet Singh aujourd'hui.
« C’est un sujet dont la décision revient aux Québécois », a renchéri Erin O’Toole.
Mais pour son collègue conservateur Kyle Seeback, comme pour la libérale Iqra Khalid, cette posture est devenue intenable. Tous deux pressent leur parti d’agir.
« Il est temps que les politiciens se lèvent pour défendre ce qui est juste. Il faut s’opposer au projet de loi 21. Au tribunal, à la Chambre des communes et dans les rues »,