Tirs lors d'une rencontre diplomatique en Cisjordanie: Anita Anand convoque l'ambassadeur israélien

AFP
La ministre des Affaires étrangères du Canada, Anita Anand, convoque l'ambassadeur israélien et demande une enquête approfondie à la suite de tirs à proximité d'une visite diplomatique en Cisjordanie occupée à laquelle participait quatre diplomates canadiens.
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L'armée israélienne a reconnu mercredi des tirs de «sommation» lors d'une visite de diplomates organisée par l'Autorité palestinienne à Jénine.
«Je peux confirmer que quatre membres de notre personnel faisaient partie de la délégation en Cisjordanie lorsque des tirs de l’IDF ont eu lieu à proximité. Soulagée de savoir que notre équipe est en sécurité», a indiqué Mme Anand, sur X.
«J’ai demandé à mes responsables de convoquer l’ambassadeur d’Israël pour exprimer les vives préoccupations du Canada, ajoute-t-elle. Nous exigeons une enquête complète et que des comptes soient rendus.»
J’ai parlé plus tôt aujourd’hui avec le chef de mission du Canada à Ramallah. Je peux confirmer que quatre membres de notre personnel faisaient partie de la délégation en Cisjordanie lorsque des tirs de l’IDF ont eu lieu à proximité. Soulagée de savoir que notre équipe est en…
— Anita Anand (@AnitaAnandMP) May 21, 2025
Cette nouvelle survient d'ailleurs après que le Canada, le Royaume-Uni et la France ait sommé Israël de cesser son offensive terrestre à Gaza, sans quoi les trois alliés pourraient imposer des «sanctions ciblées».
«Nous ne resterons pas les bras croisés devant ces actes honteux du gouvernement Netanyahu, ont indiqué Mark Carney, Emmanuel Macron et Keir Starmer, dans leur communiqué commun.
«Si Israël ne met pas fin à cette nouvelle offensive militaire et ne lève pas les restrictions entourant l’aide humanitaire, nous prendrons d’autres mesures concrètes», ont-ils ajouté.
Vives réactions à travers le monde
Toute menace contre la vie de diplomates est «inacceptable», a immédiatement réagi à Bruxelles la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.
Une opinion partagée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a réclamé une «enquête minutieuse» des autorités israéliennes.
L'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, l'Irlande, les Pays-Bas, la Roumanie, la Turquie, la Jordanie, l'Arabie saoudite et l'Égypte ont également condamné les tirs.
Comme Ottawa, Rome, Paris, Madrid et Lisbonne ont l'intention de convoquer les ambassadeurs d'Israël ou à défaut le chargé d'affaires.
L'Autorité palestinienne a dénoncé pour sa part un «crime odieux commis par les forces d'occupation israéliennes».
«La délégation s'est écartée de l'itinéraire approuvé et est entrée dans une zone où elle n'était pas autorisée à se trouver», et «des soldats en opération dans la zone ont tiré des coups de semonce pour les éloigner», a expliqué l'armée israélienne, exprimant ses regrets dans un communiqué.
Selon l'agence de presse palestinienne Wafa, la délégation comprenait des diplomates de nombreux pays, notamment de France, Royaume-Uni, Espagne, Canada, Russie, Turquie, Brésil, Inde, Égypte et Chili.
«Cessez-le-feu temporaire»
Les pays européens ont aussi haussé le ton en début de semaine contre l'intensification de l'offensive d'Israël sur la bande de Gaza, au but affiché d'anéantir le Hamas, dont l'attaque le 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre, et de ramener les otages retenus depuis à Gaza.
Lors d'une conférence de presse en début de soirée, le premier ministre Benjamin Netanyahou s'est dit prêt à accepter un «cessez-le-feu temporaire» permettant de libérer des otages, affirmant que 20 des 58 otages (dont un soldat tué en 2014) toujours à Gaza sont «en vie de façon certaine».
Israël a ensuite annoncé l'entrée mercredi à Gaza de 100 camions d'aide humanitaire de l'ONU, dont elle avait laissé passer 93 la veille et une dizaine lundi après plus de deux mois et demi de blocus total du territoire palestinien dévasté par la guerre.
«La situation est insupportable. Aucune aide n'est entrée et personne ne nous distribue quoi que ce soit», avait déclaré en début de journée par téléphone à l'AFP Oum Talal al-Masri, 53 ans, depuis la ville de Gaza (nord).
«Nous arrivons à peine à préparer un repas par jour. L'aide n'est pas un luxe, nous avons un besoin urgent et désespéré de tout, nourriture, médicaments, eau potable et produits d'hygiène», a-t-elle ajouté.
La Défense civile de Gaza a pour sa part fait état de 19 personnes, «pour la plupart des enfants» tuées dans des raids aériens israéliens à travers le territoire «la nuit dernière et tôt» mercredi.
L'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 53 655 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.