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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Tirs d'obus de la Corée du Nord: les îles sud-coréennes, vieille pomme de discorde

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Agence France Presse

2024-01-05T14:59:28Z
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Les petites îles sud-coréennes près desquelles Pyongyang a tiré vendredi des centaines d'obus, conduisant Séoul à y mener un exercice à munitions réelles, se sont déjà retrouvées à plusieurs reprises au cœur des tensions entre les deux voisins.

• À lire aussi: Pyongyang tire quelque 200 obus au large, ordre aux civils d’une île sud-coréenne d’évacuer

Où se trouvent ces îles ?

Les deux îles se trouvent à moins de deux kilomètres de la frontière maritime de fait entre les deux Corées, connue sous le nom de ligne de démarcation nord.

La souveraineté sur ces îles a été accordée à la Corée du Sud par l'accord d'armistice de 1953 qui a mis fin aux combats de la guerre de Corée. Mais ce texte n'a pas délimité de frontière maritime exacte et n'a jamais été remplacé par un traité de paix officiel, ce qui signifie que les deux pays restent techniquement en guerre.

Bien qu'elles soient contrôlées par Séoul et situées du côté sud de la frontière maritime, les îles Baengnyeong et Yeonpyeong sont beaucoup plus proches de la Corée du Nord: la première n'est ainsi qu'à 14 km du territoire nord-coréen, alors qu'elle se trouve à quelque 210 km à l'ouest de Séoul.

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Baengnyeong revêt une importance stratégique pour Séoul car elle permet de contrôler les voies maritimes vitales de la mer Jaune, sans lesquelles le port sud-coréen d'Incheon serait coupé du monde.

Y a-t-il eu des précédents ?

En 2010, en réponse à un exercice sud-coréen à munitions réelles près de la frontière maritime, le Nord a bombardé l'île de Yeonpyeong, tuant quatre Sud-Coréens, deux soldats et deux civils.

Il s'agissait de la première attaque sur une zone civile depuis la guerre de Corée (1950-1953). Le Sud a riposté et l'échange a duré plus d'une heure, avec quelque 200 obus tirés de part et d'autre, suscitant brièvement la crainte de voir éclater une véritable guerre.

Qu'en est-il de la zone tampon ?

La frontière maritime de facto a été le théâtre d'affrontements navals meurtriers en 1999, 2002 et 2009. Baengnyeong est également depuis longtemps une poudrière: le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avait affirmé en 2013 être en capacité de «faire pleuvoir une mer de feu» sur l'île, puis a organisé des exercices amphibies de simulacre d'invasion en 2017.

En 2018, au cours d'une période de réchauffement des relations, les deux Corées ont signé un accord militaire visant à réduire les tensions, dans lequel elles s'engageaient à prévenir les affrontements accidentels dans une zone dite «tampon» le long de la ligne de démarcation nord.

Mais Séoul a partiellement suspendu l'accord en novembre pour protester contre le lancement par Pyongyang d'un satellite espion, et le Nord a rejeté l'ensemble de l'accord peu de temps après.

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À quoi ressemble Yeonpyeong ?

De nombreux endroits de l'île portent les stigmates de l'attaque meurtrière de 2010 et témoignent de la menace posée par la proximité avec la Corée du Nord.

Séoul a envoyé des renforts de troupes et d'armement sur Yeonpyeong, où des postes militaires sont disséminés un peu partout. Des tirs d'artillerie d'entraînement se font par ailleurs fréquemment entendre dans la région.

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Des sessions de formation à l'évacuation d'urgence sont régulièrement organisées, généralement dans l'un des bunkers de l'île.

Les habitants déplorent que les bombardements aient fait fuir les touristes depuis 2010. Selon les médias locaux, la part des ménages à faible revenu à Yeonpyeong a plus que quadruplé depuis le bombardement meurtrier d'il y a 14 ans.

Ces îles sont-elles une destination touristique ?

Malgré les dangers - le ferry qui mène à l'île fait un détour pour moins s'exposer aux attaques nord-coréennes-, Baengnyeong est une destination touristique de niche.

Des centaines de touristes, essentiellement nationaux, s'y rendent chaque semaine, attirés à la fois par la proximité du Nord et par la beauté naturelle de l'endroit.

«Cette île a plus de 10 millions d'années. La Corée n'est divisée que depuis 70 ans. Un jour, ce ne sera plus qu'un lointain souvenir», avait déclaré à l'AFP Kim Chang-hee, 75 ans, un guide du parc, en 2022.

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