Tire le coyote lance un album de chansons anti-Trump

Tire le coyote n'en peut plus de Donald Trump. Pour exprimer sa colère et son indignation devant la toxicité du président américain, le chanteur, musicien et père a créé un album ouvertement anti-Trump qu'il lance en surprise mercredi.

Comme Dynastie, le sixième album de Benoit Pinette (alias Tire le coyote), est sorti en octobre dernier, l’auteur-compositeur-interprète insiste: il n’avait pas pour objectif de lancer un autre disque aussi rapidement. Mais, dit-il, les chansons se sont enchaînées lorsqu’il s’est assis, seul chez lui, pour mettre en musique la colère qu’il vit depuis janvier 2025. Ainsi est né l'opus qu'il a baptisé Ventouse. 

«Ça a commencé avec l’assermentation de Trump: ce sentiment d’anxiété et de colère. Il y a eu le salut nazi d'Elon Musk puis la signature de nombreux décrets Pro Life. Je me demandais vraiment où on s’en allait. Habituellement, je peux être très anxieux ou en colère, j’en parle et ça passe. Mais pas dans ce cas-ci, ça ne passait pas. Je me suis mis à l’écrire un peu, ça a donné une chanson, mais encore là, je n’étais pas au bout de la colère», confie l’artiste âgé de 44 ans.

Plus Tire le coyote écrivait toutefois, plus il se libérait de cette colère viscérale. Une colère personnelle doublée d’une colère du monde qu'il voit actuellement reculer plutôt qu’avancer.

Mouvement de protestation

L’exercice a donné 9 pièces aux titres évocateurs (Moustique, Des chaînes pour Donald, Le carnaval des imbéciles, Le seuil de la pauvreté, etc.) entrecoupées de deux jolies pièces instrumentales, pour un peu de douceur.

«Je ne pense pas que cet album va changer le monde, mais je crois à la communion et à chaque petit geste qui peut faire partie d’un mouvement de protestation. J’avais envie de dire: essayons de nous rassembler, de communier et d’être bienveillants les uns envers les autres», explique l’artiste.

L’achat, à la même période, d’un vieil enregistreur 4 pistes à cassette, est venu ajouter au «fantasme de longue date» du musicien de revenir à la base de la chanson folk en faisant de l’enregistrement de manière brute, spontanée et sans ordinateur.

«Il s’agit d’un geste très spontané, de chansons engagées et d’un authentique cri du cœur. Ce sont des mélodies écrites rapidement dans une envie que tout soit fait dans l’urgence. C’est un geste de protestation et d’indignation. Les chansons imparfaites, et c’est ce qui me plaît, car je trouve qu’on perd un peu d’humanité dans la perfection», poursuit Tire le coyote.

Combattre la haine

Même si Tire le coyote se décrit comme un homme hypersensible et hyperanxieux de nature, il assure être prêt à recevoir d’éventuels messages haineux de la part de partisans de Trump.

«Je le fais en connaissance de cause. Si des gens qui ne sont pas de mon allégeance politique me traitent de tous les noms, c’est bien correct. Il faut brasser ces gens-là. Il faut leur dire qu’on est indigné, car si on se tait, c’est encore pire, car on laisse grandir ce mouvement-là », estime le créateur qui travaille actuellement sur un second recueil de poésie.

Le père de deux adolescents désire se servir de son sentiment d’impuissance pour montrer à ses enfants qu’il est «plus important d’être honnête avec soi-même que d’avoir peur et se taire parce qu’on a peur».

«Quand je pense à eux, je m’attendais à ce qu’on leur laisse un monde beaucoup plus ouvert et avec des valeurs beaucoup plus progressistes. On est en train de reculer et cela me rend encore plus indigné», explique-t-il.

Avec son album Ventouse, Tire le coyote souhaite aussi bien atteindre les gens qui sont déjà outrés que ceux qui pourraient avoir besoin qu’on s'insurge pour eux.

«Ça va peut-être aussi permettre à certaines personnes de prendre la parole et de ne pas accepter ce qui est inacceptable. De raviver cette indignation-là», souffle l’artiste qui poursuit sa tournée Dynastie à travers le Québec.

-L’album Ventouse de Tire le coyote se trouve sur les plateformes