«Tinder, c’est un jeu comme au casino»: le but premier des applications de rencontre n’est pas celui que vous croyez

Yannick Beaudoin
Trouver l’amour via les applications de rencontre n’est pas une mince affaire, et c’est sans doute en partie en raison de l’intention réelle de leurs propriétaires.
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En réalisant son docufiction L’Amour Moderne, disponible sur YouTube depuis le 18 juin, le réalisateur Émile Roy s’est plongé dans les méandres des Tinder, Bumble et autres Hinge.
«Il y a un enjeu avec les applications de rencontre: c’est que l’objectif premier, ce n’est pas que les gens rencontrent, c’est de faire de l’argent», a-t-il affirmé en entrevue à l’émission d'Isabelle Perron, diffusée à QUB radio sur les ondes du 99,5 FM à Montréal.
Ce dernier rappelle que les entreprises privées derrière ces applications veulent d’abord maximiser leurs profits en accrochant leurs utilisateurs.
«Tinder, c’est un jeu un peu comme au casino qui nous envoie des petites poussées de dopamine. C’est quoi, la recette d’un casino qui fonctionne bien, d’une machine à sous au casino? Ce sont des poussées de dopamine, une récompense aléatoire et qui arrive à intervalle irrégulier. Donc de temps en temps, des cerises qui clignotent sur l’écran, une poussée de dopamine. Ça nous accroche et c’est la recette de l’addiction», explique le réalisateur.
«Tinder fonctionne exactement comme ça, c’est-à-dire que de temps en temps, on ne peut pas prédire quand, vous avez un match, donc une poussée de dopamine, et ça vous accroche, parce que vous allez chercher le prochain match», ajoute-t-il.
Ces applications jouent donc avec la vulnérabilité des gens, estime Émile Roy.
«Ça crée tout un nouveau monde où, là, ce sont des émotions, ce sont des gens, ce sont des êtres humains qui sont vulnérables. Et on joue avec leurs émotions et leurs déceptions pour passer le plus possible de temps sur les applications de rencontre pour faire le plus possible de dates, etc. Mais on fait juste faire de plus en plus de gens célibataires déçus pris dans les mêmes patterns qui se répètent», déplore le réalisateur.
Ce phénomène entraîne un découragement chez les célibataires, croit le cinéaste derrière le docufiction L’Amour Moderne.
«Il y a des gens dans le film qui témoignent qu’ils ont fait 15 premières dates en un an. Quand tu es déçu 15 fois en un an, ç’a un immense poids sur les épaules, ça fait beaucoup d’émotions. Puis le grand drame de ça, c’est qu’à chaque déception, on est un peu moins ouvert à la prochaine rencontre, un peu moins ouvert à se laisser emporter par l’émotion quand va arriver une personne qu’on va croiser dans la rue. Puis là, c’est peut-être la bonne personne pour nous, mais on a tellement été déçu qu’on n’est peut-être même pas prêt à faire cette rencontre-là», mentionne Émile Roy.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.