Théâtre du Trident: un cabaret divertissant

Alliage parfait entre la comédie musicale et le théâtre, Cabaret explose sur les planches de la salle Octave-Crémazie. L’œuvre de Joe Masteroff, créée à Broadway et adaptée au cinéma, lance de façon spectaculaire la 52^e saison du Trident. 

À l’affiche jusqu’au 8 octobre, Cabaret devait être présenté en 2020 à l’occasion du 50^e anniversaire du Trident. Il y a eu deux reports en raison de la pandémie et de la fermeture des salles de spectacles.

Avec sa flamboyance, 14 acteurs et six musiciens, ce théâtre musical tombe pile après les soubresauts et l’incertitude des dernières années. 

Cabaret, c’est l’histoire d’amour entre le jeune écrivain américain Cliff Bradshaw et la frivole Sally Bowles autour de la boîte de nuit Kit Kat Klub. Une histoire d’amour qui se déroule dans le Berlin de 1930, avec, en toile de fond, la montée du nazisme.

Mis en scène par Bertrand Alain, Cabaret offre un bel équilibre entre le divertissement et un segment plus dramatique qui se déploie lors de la deuxième portion du spectacle. Autant la première partie est divertissante et flamboyante, autant le segment final plonge dans des émotions dramatiques.

Au Kit Kat Klub, sous la direction du maître de cérémonie, c’est frivole, sulfureux et sexy, avec la faune et les danseuses de ce lieu de tous les possibles. Au retour de l’entracte, la montée du nazisme déstabilise cet univers.

On retrouve un bon dosage de chant, de danse et de jeu. Sarah Villeneuve-Desjardins, dans le rôle de l’instable Sally Bowles, et Vincent Roy, dans celui du maître de cérémonie, sont les grandes vedettes de cette production étoffée et élaborée.

Toutes les émotions

Sarah Villeneuve-Desjardins est spectaculaire avec sa voix, sa capacité à plonger dans la flamboyance de son personnage et par son jeu intense. Elle offre un énorme moment lorsqu’elle retourne, en deuxième partie, chanter au Kit Kat Klub. On ressent toutes les émotions qui l’habitent à travers sa voix et sa gestuelle. Vincent Roy est, pour sa part, parfaitement charismatique.

Les chorégraphies, signées par Harold Rhéaume, sont réussies. Ça coule, c’est bien monté et on sent le plaisir sur la scène. La scène d’ouverture, avec 20 personnes sur scène, est superbe et tout en mouvement.

Cabaret se déploie dans un décor unique où l’on retrouve le Kit Kat Klub, une gare de train, un petit hôtel et la chambre de Sally et Cliff, interprété par Gabriel Cloutier-Tremblay.

L’humour est présent tout au long des 2 h 30 min du spectacle, incluant un entracte. 

Nancy Bernier et Jonathan Gagnon amènent des segments légers et amusants avec leurs personnages de Fräulein Schneider et du marchand de fruits Herr Schultz. Des segments sont fort divertissants.

Théâtre musical élaboré et bien équilibré, Cabaret est une œuvre grandiose et à la hauteur d’une institution comme le Trident, qui peut se permettre ce genre de production. Une proposition qui révèle Sarah Villeneuve-Desjardins et Vincent Roy. Oui, l’attente a été longue et elle en aura valu la peine.