Théâtre de Quat’Sous: une journée qui n’en finit plus...
L’auteure s’inspire de la banalité du quotidien
Emmanuel Martinez
L’absurde du quotidien est intelligemment rendu dans la pièce Une journée au Théâtre de Quat’Sous, même si elle s’étire un peu trop.
Lauréat en 2018 du prix Gratien-Gélinas qui souligne la meilleure œuvre théâtrale francophone de la relève au pays, ce texte de Gabrielle Chapdelaine présente des gens qui aimeraient bien « reporter son quotidien » durant 24 h.
Il met en relief avec créativité et acuité les travers de notre époque, le vide et le mal-être qui habitent trop de gens. Le plongeon dans la consommation pour tromper son ennui, l’impact des réseaux sociaux, l’insomnie, le négativisme envers tout ce qui nous entoure et le recours à l’anglais pour exprimer son identité sont parmi les réflexes qui animent les quatre principaux personnages de la pièce.
Rose-Anne Déry incarne avec finesse une jeune femme qui file un mauvais coton. Elle ne fait qu’espérer que le lendemain arrive le plus vite possible... Ce genre de difficulté à exister est vécu de manière plus agressive par un jeune homme amer porté par André-Luc Tessier. Dans un autre registre, Renaud Lacelle-Bourdon interprète un collègue de bureau qui tente de sortir de son optimisme de façade, tandis que Nathalie Claude se démarque sous les traits de cette employée docile, efficace, mais mésadaptée socialement.
Humour noir
Certains des comédiens incarnent aussi d’autres personnages et une bonne partie de leurs interventions consistent à narrer les actions ou les réflexions des autres protagonistes. Les amateurs d’absurdité seront ravis, mais ceux qui préfèrent un récit plus structuré, avec davantage de tensions entre les interprètes, ne seront pas gâtés.
Les observations sur la banalité de notre société par les personnages donnent droit à des perles, grâce à la belle plume de l’auteure, mais vers le milieu de la proposition, l’auditoire a compris ce marasme, qui est répété encore et encore sous différentes formes. S’ensuivent donc des longueurs qui accablent le public. Bien que la conclusion offre certaines réponses sur l’évolution des protagonistes, le mal est fait et c’est plutôt dans l’indifférence que se termine le spectacle.
♦ Une journée est présentée au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 5 novembre
Une journée ★★★1⁄2
- Une mise en scène d’Olivia Palacci
- Avec Nathalie Claude, Rose-Anne Déry, André-Luc Tessier et Renaud Lacelle-Bourdo