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L'article provient de TVA Nouvelles
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Thaïlande: après la dissolution du principal parti d'opposition, un paysage politique en recomposition

AFP
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2024-08-08T05:46:33Z
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La dissolution du plus grand parti d’opposition plonge la Thaïlande dans un nouveau tourbillon d’instabilité, qui menace d’emporter le premier ministre, visé dans une autre affaire jugée mercredi prochain. 

« Nouvelle maison » pour l’opposition

Les juges de la Cour constitutionnelle ont voté à l’unanimité, mercredi, la dissolution de Move Forward (MFP), accusé de vouloir déstabiliser la monarchie.

Les Nations unies, les États-Unis et les groupes de défense des droits humains ont dénoncé une décision qui compromet le pluralisme politique au détriment du camp prodémocratie.

Les membres du parti interdit ont répondu au tribunal : « touché, pas coulé ».

Ce n’est pas la première fois qu’ils sont confrontés au scénario de la disparition de leur formation.

Move Forward est née à la suite de la dissolution de Future Forward, en 2020, à l’origine de l’allant progressiste qui a fini par porter MFP en tête des législatives l’an dernier.

MFP va renaître sous une nouvelle forme qui sera dévoilée vendredi.

« Nous allons déménager dans une nouvelle maison », a lancé Sirikanya Tansakun, cheffe adjointe de MFP.

La députée de 43 ans, experte des questions économiques, est pressentie dans les médias locaux pour prendre la succession du populaire Pita Limjaroenrat, sous le coup d’une peine d’inéligibilité de dix ans, et interdit d’exercer des responsabilités au sein de structures politiques.

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Un important élu MFP, Rangsiman Rome, a prédit sur X un raz-de-marée de son camp pour le prochain scrutin national prévu en 2027, « qu’importe le nom du futur parti ».

La nouvelle formation pourrait disposer aujourd’hui d’environ 140 députés, élus sous la bannière MFP, soit quasiment autant que le parti Pheu Thaï du premier ministre Srettha Thavisin.

Les tractations vont bon train à l’Assemblée pour attirer d’éventuels déserteurs du MFP, surnommés les « cobras » dans la presse locale. Dans une chambre éclatée où sont représentés une vingtaine de partis, le moindre mouvement peut modifier des rapports de force complexes et mouvants.

« Il n’y aura pas beaucoup de cobras », estime Wanwichit Boonprong, enseignant à l’université de Rangsit, pour qui une désertion équivaudrait à un « suicide » politique.

Premier ministre sur siège éjectable

La Thaïlande est habituée aux crises cycliques, ces vingt dernières années, sur fond de tensions continues entre les élites militaires et économiques qui défendent les intérêts de la monarchie, et les nouvelles générations avides de changement.

La dissolution de MFP ouvre un énième chapitre.

La Cour constitutionnelle doit livrer mercredi prochain sa décision dans l’affaire visant le premier ministre Srettha Thavisin, accusé d’avoir enfreint des règles d’éthique en nommant un ministre qui avait été condamné à une peine de prison (il a démissionné depuis).

En cas de jugement défavorable, le dirigeant, qui s’est défendu de toute manœuvre illégale, pourrait avoir à quitter son poste, un an après son entrée en fonction.

Depuis des semaines, la presse thaïlandaise bruisse de rumeurs sur son éventuelle succession. Paetongtarn Shinawatra, fille de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, est notamment citée.

Le gouvernement actuel repose sur une coalition fragile d’une dizaine de partis, qui ont eu l’occasion d’étaler leurs désaccords à propos de plusieurs projets phares du premier ministre, comme la recriminilisation du cannabis.

Un départ de Srettha « va changer » la donne, selon Wanwichit Boonprong.

Même s’il reste, le premier ministre s’est dit ouvert à un remaniement ministériel après août, a-t-il déclaré à la presse thaïlandaise.

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