«Tête d’affiche de la violence à Laval»: un des chefs d’Arab Power tué au pénitencier
Michael Nguyen et Laurent Lavoie
Un des chefs du gang Arab Power, que les policiers soupçonnent d’avoir été derrière une vague d’extorsion et d’incendies criminels à Montréal, a été assassiné au pénitencier de Donnacona, a appris Le Journal de sources concordantes.
• À lire aussi: «C’est vraiment pas bon. Vraiment pas»: ils s’alarment que des leaders de gangs violents soient incarcérés ensemble à Donnacona
• À lire aussi: Un gang contrôlé depuis le pénitencier serait derrière une nouvelle vague d’extorsion contre des bars et des restos à Montréal
Sylvain Kabbouchi, qui avait déjà été décrit comme «une véritable tête d’affiche de la violence à Laval», aurait été retrouvé mort ce dimanche matin au pénitencier où il purgeait une peine à perpétuité pour meurtre.
Il aurait été poignardé à plusieurs reprises, dont au visage en plus de se faire trancher la gorge, selon nos informations. Grièvement blessé, il serait décédé à l'infirmerie.
Une enquête a été déclenchée pour faire la lumière sur cet assassinat, qui viserait plusieurs suspects. Il n'est pas exclu que cette attaque ait été organisées par des membres de son propre gang, toujours selon nos informations.
À seulement 26 ans, le criminel a gravi les échelons du monde interlope, devenant l’une des têtes dirigeantes d’Arab Power, un gang qui s’est livré à une guerre sans merci contre Jean-Philippe Célestin, un membre des Marauders, club-école des Hells Angels.
Or, même s’il purgeait depuis avril une peine de prison à vie pour le meurtre de Nitchell Lapaix, survenu à la sortie d’un bar de danseuses de Laval à l’été 2021, il continuait d’opérer depuis le pénitencier grâce à des cellulaires qu’il faisait entrer illégalement.

«Rien à perdre»
Pas plus tard qu’au début du mois, des intervenants du système judiciaire s’alarmaient que Kabbouchi, entre autres, réussissait à opérer ainsi.
«Ils vont continuer de faire la pluie et le beau temps. Il faut que ça arrête», déplorait une procureure d’expérience qui n’est pas autorisée à commenter ce dossier.
Une source policière a quant à elle confié que ces criminels couvraient «presque la totalité du crime organisé montréalais avec leurs contacts», d’autant plus qu’ils n’ont «rien à perdre».
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Karima Brikh, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Peu après la publication d'un reportage du Journal exposant la situation, la surveillance aurait été resserrée autour de lui.
Kabbouchi était également accusé, avec plusieurs autres suspects, d’avoir comploté «pour commettre le meurtre des membres du Downtown Project et leurs alliés» entre juin 2023 et août 2024.
Le meurtrier est aussi soupçonné d’avoir harcelé et intimidé la famille d’un agent correctionnel alors qu’il était en détention, à Sorel-Tracy, en juin 2024.

Pizza commandée depuis sa cellule
À l’époque où il est détenu préventivement à l’établissement de Rivière-des-Prairies, il a saisi les tribunaux pour se plaindre de ses conditions de détention.
«Il n’a pas accès à l’école ni à aucun programme et n’a accès à aucune activité. Son niveau de sécurité est augmenté sans raison valable», affirmait-il par le biais de ses avocats.
Kabbouchi s’est également plaint de ne pas avoir accès à une télévision fonctionnelle, que la porte de son frigidaire était endommagée, ou encore, que l’air frais dans sa cellule empirait ses problèmes de santé.
Or, tout en se plaignant, il narguait les autorités, comme en fait foi le jour où il a commandé de la pizza depuis cellule, par téléphone, pour soi-disant «faire rire» les gardiens.
En raison des ennuis qu’il causait, les gardiens se sont mis à fouiller sa cellule, parfois chaque semaine, mais Kabbouchi semblait détenir des moyens pour dissimuler ses appareils de télécommunication.
- Avec Félix Séguin, Bureau d'enquête