«Tête d’affiche de la violence à Laval»: il se fait livrer de la pizza en prison

Un leader d’un gang soupçonné d’être derrière une vague d’extorsion et d’incendies criminels s’amuse à commander de la pizza de sa cellule pour narguer les autorités, mais n’arrête pourtant pas de se plaindre de ses conditions de détention.

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«Il n’a pas accès à l’école ni à aucun programme et n’a accès à aucune activité. Son niveau de sécurité est augmenté sans raison valable», affirmait récemment Sylvain Kabbouchi par la voix de ses avocats, convaincu que ses conditions de détention étaient illégales.

Depuis l’an passé, Kabbouchi, 25 ans, a saisi trois fois les tribunaux pour contester ses conditions de détentions, qu’il juge différentes des autres détenus. Mais ces derniers n’ont pas été soupçonnés d’avoir participé à une attaque contre un prisonnier, qui s’est fait trancher la langue, en janvier 2023, à la prison de Rivière-des-Prairies.

Et le mois suivant, il s’était fait commander de la pizza par téléphone, soi-disant pour «faire rire» les gardiens.

«Bien que les agents correctionnels semblent avoir trouvé la situation drôle, le directeur de service a ordonné qu’il se fasse remettre un rapport de manquement», déplorait Sylvain Kabbouchi dans un de ses recours judiciaires.

Il s’était aussi plaint de ne pas avoir accès à une télévision fonctionnelle, que la porte de son frigidaire était endommagée, ou encore, que l’air frais dans sa cellule empirait ses problèmes de santé.

Ses plus récentes récriminations remontent à cet automne, quand il a affirmé que les mesures de sécurités accrues à son endroit, à l’Établissement de détention de Montréal, violaient la Charte canadienne des droits et libertés.

Influent, même en prison

Ces mesures spéciales pourraient toutefois s’expliquer par le fait que Kabbouchi serait comparé à «un acteur des plus influents du crime organisé au Québec» par les services carcéraux.

«Il est impliqué dans tous les crimes: collecte, trafic, décharge d’arme à feu, séquestration et maintenant meurtre aussi», avait de son côté affirmé un capitaine de la Sûreté du Québec en le décrivant comme «une véritable tête d’affiche de la violence à Laval» selon notre Bureau d’enquête.

Car ce jeune gangster de Laval exercerait une forte influence au sein du gang Arab Power, et ce, même s’il est présentement en détention. Sa cellule est parfois fouillée chaque semaine, mais il ne semble pas avoir de difficulté à se procurer un téléphone cellulaire pour contrôler son réseau, toujours selon notre Bureau d’enquête.

Malgré cela, Kabbouchi était convaincu qu’il devrait être traité comme n’importe quel autre détenu. D’autant plus que depuis le mois d’août, il jure avoir une attitude respectueuse envers autrui.

«Il n’a [depuis] été reconnu coupable d’aucun manquement disciplinaire violent», peut-on lire dans sa plus récente requête reprochant aux services correctionnels de ne pas justifier les mesures spéciales contre lui.

Il avait toutefois abandonné sa poursuite avant qu’il y ait un jugement, comme pour les deux autres déposées auparavant.

– Avec Ian Gemme, Bureau d’enquête, et Maxime Deland, Agence QMI