Tests de laboratoire au Québec: un maillon faible qui freine l’accès aux soins

Sébastien Beauchamp, Vice-président, Relations gouvernementales, Dynacare
Les laboratoires médicaux sont le cœur invisible du système de santé. Ils fournissent les diagnostics qui guident les médecins et permettent bien souvent une prise en charge rapide qui peut sauver des vies. Les résultats des tests de laboratoire influencent et orientent jusqu’à 70% des diagnostics et des plans de traitement des patients. Mais au Québec, ce cœur bat trop lentement.
Centralisé depuis plus de six ans dans le cadre du projet Optilab, le système de gestion des tests diagnostiques est embourbé dans les retards et les bris de service. Conséquemment, des milliers de Québécois attendent des résultats qui n’arrivent pas assez vite – et avec eux, des diagnostics et des traitements qui prennent du retard, et des maladies qui s’aggravent.
Lancée sous l’ère Barrette, la réforme Optilab devait générer des économies d’échelle en regroupant les analyses dans des centres désignés. L’idée? Faire plus avec moins. La réalité? Une centralisation trop rigide, une pénurie de main-d’œuvre, des engorgements. Bref, un système paralysé.
L’Ontario et les autres provinces
L’Ontario, lui, a misé sur la souplesse. Un modèle hybride qui combine public et privé. Des laboratoires privés prennent en charge les tests de routine à grand volume, permettant aux hôpitaux de se concentrer sur les analyses plus spécialisées. C’est le gouvernement qui paie, le patient n’avance rien – il n’a qu’à présenter sa carte d’assurance maladie. Et ça lui assure aussi d’être bien servi.
Ça fonctionne. Moins d’attente. Plus d’agilité. Un accès à des résultats et, du coup, à des soins plus efficaces et rapides. Ce modèle basé sur une certaine décentralisation engendre aussi un meilleur accès aux soins.
Au Québec, les ressources existent. Des joueurs privés sont prêts, équipés, formés. Pourtant, on les utilise à peine. Coincés en marge d’un modèle trop rigide, ils pourraient pourtant être au cœur d’une solution gagnant-gagnant pour rendre le système de santé plus performant et plus agile. Pas pour privatiser les soins, mais pour mieux les organiser. Pour faire preuve d’intelligence pragmatique, pas d’idéologie.
Une collaboration public-privé
Il ne s’agit pas de tout jeter. Le modèle Optilab a une logique. Mais il faut l’adapter à la réalité. Opter pour un modèle plus agile, ouvert, capable de faire appel aux forces déjà présentes sur le terrain pour les tests de routine par exemple, ou d’autres tests à être déterminés par le gouvernement. Le but: offrir un service rapide et gratuit au patient, payé par l’État, accessible à tous. C’est possible. C’est déjà en place ailleurs depuis plus d’une décennie.
Chaque test retardé est un patient qui attend un diagnostic, un traitement, une réponse. C’est un stress inutile, un coût humain et financier pour le système. Alors que les solutions sont là, disponibles, accessibles et prêtes à être déployées.
Devant les défis rencontrés, le ministère de la Santé a – par le passé – ouvert la porte à un dialogue avec les parties prenantes. Maintenant que Santé Québec prend la relève et qu’elle cherche à optimiser les services de santé aux citoyens tout en réduisant ses coûts, il existe une avenue gagnante, une piste concrète, applicable, inspirée d’un modèle éprouvé pour rendre le système plus performant. La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Il est temps d’arrêter d’observer – et de commencer à agir. Les laboratoires de tests du Québec sont prêts à aider.
Sébastien Beauchamp
Vice-président, Relations gouvernementales, Dynacare