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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«Testament»: un Denys Arcand mordant

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Maxime Demers et Isabelle Hontebeyrie

2023-09-26T09:00:00Z
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Rémy Girard donne une fois de plus corps à un alter ego de Denys Arcand dans Testament, une satire mordante dans laquelle le vétéran cinéaste décortique notre société comme lui seul sait le faire.

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Jean-Michel Bouchard (Rémy Girard) pense souvent, pour ne pas dire tout le temps, à la mort, ses promenades préférées sont d’ailleurs dans des cimetières. Car l’homme de 70 ans sent la fin approcher. Célibataire et sans enfant, il vit dans une résidence pour personnes âgées, miroir déformant de la société actuelle, gérée par Suzanne (Sophie Lorain). Il travaille encore deux jours par semaine aux Archives nationales, l’occasion pour le réalisateur du Déclin de l’empire américain et des Invasions barbares de glisser dans Testament des réflexions sur la mémoire et la sauvegarde de l’Histoire. 

Photo fournie par Jan Thijs 2022
Photo fournie par Jan Thijs 2022

Et c’est l’Histoire, celle du Québec, qui ouvre le long métrage de deux heures, des manifestants réclamant la destruction d’une peinture ornant un mur de la résidence et représentant l’arrivée de Jacques Cartier en montrant les populations autochtones sous un jour peu flatteur. Le prétexte est donc tout trouvé, Jean-Michel Bouchard observant avec incompréhension, ironie, voire cynisme, et désaffection cette époque postpandémique où tout part à la dérive. 

Ce portrait au vitriol d’un baby-boomer dépassé par son époque et ayant perdu ses repères et son sens de l’utilité permet à Denys Arcand d’aborder plusieurs de ses thèmes récurrents, dont la vieillesse et la mort, écorchant au passage les politiciens et les médias avec férocité. Car, à 82 ans, le cinéaste a choisi le second degré pour dénoncer les réfractaires à l’évolution – même génératrice d’excès –, les récalcitrants qui préfèrent s’enfermer dans des certitudes et un confort d’un autre âge plutôt que de questionner l’ordre établi. 

S’appuyant sur un Rémy Girard en grande forme qui maîtrise parfaitement les dialogues d’Arcand, le film est ponctué de plusieurs caméos parfois savoureux. Robert Lepage et Yves Jacques se révèlent particulièrement amusants sous les traits du sous-ministre de la Culture et du directeur des Beaux-Arts. 

Testament prendra l’affiche dans toute la province dès le 5 octobre. Nous y reviendrons...

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