Tero ferme ses portes et laisse derrière de nombreux clients frustrés
TVA Nouvelles
Une jeune startup de Québec qui avait amassé près de 2 millions de dollars en financement participatif grâce au site Kickstarter en 2019 a annoncé jeudi qu’elle mettait fin à ses activités.
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Elizabeth Coulombe et Valérie Laliberté, les deux entrepreneures derrière Tero, avaient conçu un petit appareil électroménager de comptoir permettant de transformer le compost en matière sèche et inodore.
Après leur appel au financement participatif sur le site Kickstarter, elles avaient récolté 500 000$ en moins de 5 minutes. Un succès qui les avait subjuguées à l’époque.
Trois ans et demi plus tard, malgré les sommes amassées, elles n’ont pas réussi à livrer (totalement) la marchandise.

Selon leur publication Facebook, Tero soutient avoir livré plus de 4000 appareils, «dont la grande majorité est satisfaite. Aujourd'hui, c’est donc plus de la moitié de notre clientèle qui a reçu son Tero», assure l’entreprise.
La startup explique la fin de ses activités en raison de plusieurs facteurs, notamment le fait que l’appareil a coûté beaucoup plus cher à fabriquer qu’anticipé.
Les enjeux liés à la chaîne d’approvisionnement amplifiés par la pandémie, l’explosion des prix, et les nombreux défis auxquels elles ont fait face ont eu raison de la viabilité du projet.

Les entrepreneures ont pris la peine de remercier tous ceux qui avaient investies elles et cru en leur projet.
«Nous comprenons que plusieurs d'entre vous sont déçus de la tournure des évènements. Nous tenons tout de même à vous adresser nos remerciements pour avoir cru en nous. Nous nous sommes battus corps et âme, mais malheureusement, cette grande aventure se termine aujourd’hui. De tous les membres de l’équipe de Tero qui ont redoublé d’efforts jusqu’à la fin», peut-on lire dans leur message.
Petits investisseurs en colère
Plusieurs clients ont toutefois fait connaître leur frustration sur la page Facebook de Tero en accusant les conceptrices d’avoir voulu arnaquer le public, et se sentent floués.
«J'espère que vous avez honte et que vous ne faites jamais affaire avec le public à nouveau. Votre compagnie est une vraie crosse et à cause de vous nous sommes plusieurs à ne jamais pouvoir être remboursés. Honte à vous», commente un client.
«Je me sens vraiment berné. Je l’ai à peine depuis 3 mois et vous fermez. Donc pu de support, pu de garantie. Je vais devoir me retourner vers la protection du consommateur puisqu'il y a quand même une garantie légale à respecter. Grosse déception. Votre produit fonctionne, je n’ai rien à me plaindre. Mauvaise gestion de votre côté», ajoute un autre acheteur frustré.
Malgré tout, le fait d’investir dans un produit en financement participatif ne doit pas être considéré comme un achat, peut-on lire sur le site de Kickstarter.
«L’échéancier sur projet peut être allongé, les créateurs peuvent avoir besoin de plus de fonds, et même, le projet pourrait ne jamais voir le jour», est-il écrit.
La seule garantie d’investir sur ce type de plateforme est de soutenir une petite entreprise, et d’obtenir le produit en priorité, s’il arrive à terme, notamment.
Peu d'espoir de récupérer son argent
«Essentiellement, c’est une crise de croissance. C’est une entreprise qui a démarré avec un super produit, qui a eu l’acceptabilité sociale dès le départ», explique le syndic autorisé en insolvabilité, Martin Poirier.
«Il y a eu énormément de commandes, avec la COVID qui a fait dérailler toute la chaîne d’approvisionnement. Les gens se sont ramassés avec un paquet de commandes payées, mais ne peuvent pas livrer parce qu’elles n’ont pas les liquidités pour se rendre à la livraison», ajoute-t-il.
Près de 3500 clients qui ont acheté le produit ne le recevront pas. Ceux qui ont payé avec une carte de crédit pourraient contester l’achat. Les clients recevront aussi un avis de faillite avec un formulaire qu’ils pourront remplir dans l’espoir de récupérer certaines sommes.
Le syndic de faillite ne croit toutefois pas que ceux-ci pourront récupérer le montant investi.