Terminal pétrolier bloqué à Montréal: des activistes environnementaux coupables

Michael Nguyen
La crise climatique, aussi réelle soit-elle, ne justifie ni n’excuse de bloquer un terminal pétrolier, a statué un juge de la cour municipale en rejetant la défense de «nécessité» d’activistes environnementaux.
«La seule conclusion possible est qu’ils sont coupables», a dit le juge Randall Richmond ce vendredi à la Cour municipale de Montréal.
Peu après, la poursuite a réclamé que les accusés aient un casier judiciaire, tandis que la défense proposait l’absolution pour éviter des ennuis futurs.
Le magistrat s’exprimait en lien avec une action environnementale survenue en octobre 2022 au terminal pétrolier Valero, dans l’est de la métropole.
Au petit matin, un groupe d’une dizaine de personnes associées au collectif Antigone avait fait irruption sur place. Pendant que certains s’étaient enchaînés à un conteneur fortifié de béton pour bloquer le passage, d’autres ont escaladé la structure.
Invoquant l’urgence climatique, ils ont alors demandé la fermeture d’un pipeline acheminant des sables bitumineux de l’Alberta vers le port de Montréal.
«Tant qu’on occupe les lieux, pas de pétrole va passer», s’était exclamé un des activistes.

«Nécessité»
Il aura fallu l’intervention de dizaines de policiers et de pompiers pour les déloger de là, en toute sécurité. L’opération a duré un peu moins de 24 heures.
Parmi les accusés figurent Jacob Pirro et Olivier Huard, deux activistes qui ont fait à nouveau les manchettes pour avoir bloqué le pont Jacques-Cartier en octobre dernier. Là encore pour sensibiliser les gens sur l’urgence climatique et réclamer la fin des énergies fossiles.
Tout le groupe avait été accusé de méfait et d’entrave aux policiers, tandis que les grimpeurs ont aussi été accusés d’introduction par effraction.
Or, si tous reconnaissaient les faits, ils ont chacun invoqué la «défense de nécessité». Lors du procès, plusieurs d’entre eux avaient témoigné de leur anxiété face aux changements climatiques. Plusieurs avaient tenté de faire bouger le milieu politique dans le passé, mais sans obtenir l’effet qu’ils voulaient.

Désobéissance civile
Huard, décrit comme le «leader» de l’opération, avait expliqué que la planification avait duré un an. Spécialiste en escalade, il avait formé ses acolytes, tout en précisant que le but était de «bloquer, sans endommager». Son action s’inscrivait dans le mouvement de désobéissance civile, avait-il témoigné.
Plusieurs experts avaient également pris la barre pour la défense, rappelant que les changements climatiques avaient des effets bien réels, dont l’augmentation de la sécheresse et des feux de forêt.
Le procureur municipal n’avait pas nié la crise climatique, mais estimait que la défense de nécessité ne pouvait être appliquée. Car pour qu’elle soit valide, il faut qu’un accusé soit face à un «danger imminent», il faut une «absence de solution raisonnable et légale», et il faut une «proportionnalité entre le mal infligé et celui évité».
À la suite d’un jugement-fleuve, le juge lui a donné raison, rappelant que les accusés avaient agi par choix le jour de leur crime, si bien qu’ils ne pouvaient profiter de cette défense.
Malgré leur déception face au verdict, plusieurs des accusés ont avoué qu’ils s’y attendaient. À la sortie de la salle d’audience, ils ont d’ailleurs rappelé l’urgence climatique et que, selon eux, il était crucial d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
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