Tenue vestimentaire des députés: statu quo au Québec, la France tranche pour la veste obligatoire et la cravate recommandée

Geneviève Lajoie | Bureau parlementaire
L’Assemblée nationale du Québec n’a toujours pas encadré formellement la tenue vestimentaire des députés, quatre ans après l’arrivée des jeans, espadrilles et bottes Dr Martens des solidaires au Salon bleu. En France, les élus viennent de trancher pour la veste obligatoire et la cravate recommandée.
Depuis le 14 novembre, le port du short et du bermuda est officiellement prohibé au Parlement français. «La tenue vestimentaire adoptée par les députés dans l’hémicycle doit être neutre et en adéquation avec la solennité des lieux. À ce titre elle doit rester convenable, ni détendue ni, a fortiori, négligée», précise également la récente décision du Bureau de l’Assemblée nationale de la France.

L’habillement des élus a donné lieu à de vifs débats au cours des derniers mois dans l’Hexagone, opposants principalement la gauche et la droite.
Devant la multiplication de tenues décontractées portées par certains députés de La France insoumise de Jean-Luc Mélanchon, le député républicain Éric Ciotti avait réclamé un resserrement. Après discussions, il a été décidé que la veste serait maintenant de mise et la cravate recommandée.
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Au Québec, le statu quo perdure, quatre ans après que Catherine Dorion et Sol Zanetti aient profité de l’absence de code vestimentaire strict pour dépoussiérer les mœurs en arborant un look plus relaxe à l’Assemblée nationale.

Contrairement à la croyance populaire, il n’y a rien dans le règlement sur l’habillement des députés, si ce n’est qu’ils doivent contribuer au maintien du décorum et porter des habits qui s’apparentent à une tenue de ville. «Je m’habille pour me sentir moi, pour ne pas me sentir déguisée», avait alors plaidé l’ex-députée de Taschereau.
Le président de l’époque, François Paradis, avait été forcé d’intervenir. Mais il avait refusé de déterminer seul les vêtements pouvant être portés au conventionnel Salon bleu et confié la tâche délicate à un comité de parlementaires. Dans l’intervalle, les élus étaient invités à respecter la «tenue de ville», à savoir un complet-cravate pour les hommes et une tenue de circonstance pour les femmes. Mais les députés ne se sont finalement jamais penchés sur la question.
Pas nécessaire de trancher
«Pour le moment, la règle énoncée dans la décision de la présidence du 5 février 2019 demeure inchangée. La norme exigée pour la tenue vestimentaire des parlementaires est donc la “tenue de ville”», souligne la conseillère aux communications du Parlement, Béatrice Zacharie.
«Le comité ne s’est jamais réuni car les whips à l’époque ont convenu entre eux que ce n’était pas nécessaire et qu’on conserverait le décorum préalable», a fait savoir l’attaché de presse de l’aile parlementaire du Parti libéral du Québec, Karl Fillion.
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Et le sujet n’est toujours pas à l’ordre du jour du Bureau de l’Assemblée nationale (BAN), sorte de conseil d’administration des parlementaires. Pour Québec solidaire, l’encadrement de la tenue vestimentaire des députés «n’est pas une priorité». «Mais si un autre parti souhaite amener la discussion au BAN, nous sommes tout à fait ouverts à discuter pour moderniser les pratiques», précise-t-on chez les solidaires.
À la CAQ, on laisse la présidence s’occuper de ce dossier. «On va collaborer en temps et lieux, signale le porte-parole du Whip du gouvernement. Quand la présidence va juger bon d’appeler le comité et d’en parler au BAN, on en parlera».