Tentative de meurtre sur un avocat: le tribunal refuse que l’État paie les frais d’avocats de Malo
Le juge Éric Simard a également fait valoir son exaspération concernant la lenteur des procédures dans ce dossier


Jonathan Tremblay
SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU | Un juge ne croit pas une seconde qu’un promoteur immobilier accusé de tentative de meurtre n’a pas les moyens de se défendre sans l’aide de l’État, lui qui bénéficie de la richesse de sa mère et mène un train de vie luxueux.
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Le juge Éric Simard a affirmé hier qu’il était «difficile, sinon impossible» d’avoir l’heure juste sur les finances de Jean-François Malo, avant de refuser que l’État paie pour son avocat, au palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu.
«On a l’impression de se retrouver dans un labyrinthe ou un jeu miroir. Toutefois, lorsque l’on regarde le train de vie de ce dernier, l’indigence n’est pas le qualificatif qui vient à l’esprit», a souligné le magistrat, ajoutant qu’il était «grand temps» que ce dossier avance.

Depuis trois ans, le promoteur immobilier de Joliette de 44 ans est accusé d’avoir essayé de faire abattre un civiliste.
Ses procédures judiciaires s’étirent toutefois car il a tenté de faire valoir qu’il n’avait pas d’argent pour se défendre, lui qui a été déclaré inadmissible à l’aide juridique.
Or, le tribunal n’a pas avalé un mot de ses arguments.
Notamment car sa résidence est évaluée à environ 900 000$, qu'il jouit d’un chalet de plus de 650 000$ et se promène parfois dans des voitures de marque Maserati, a noté le juge Simard.
Capable de payer
De plus, Malo gérait avant son arrestation un parc immobilier d’environ 25 M$. Il l’a ensuite vendu, en majeure partie à sa mère.
Le magistrat a d’ailleurs inféré que celle-ci était «très fortunée» et à même de payer un avocat pour son fils.
Malo aurait d’ailleurs déjà admis à la Cour que sa mère avait jusqu’à présent déboursé «plusieurs millions de dollars dans [ses] divers déboires vécus», a mentionné l’honorable Éric Simard.
«Si cette dernière peut légitimement être exaspérée de payer sans cesse pour de telles dépenses, a-t-il dit, il devient par le fait même urgent de reconsidérer la justesse des priorités.»
Il a poursuivi en disant que la défense actuelle de l’accusé pourrait coûter entre 100 000$ et 200 000$, ce qui représenterait «une fraction peu importante» de ses récents démêlés.
Par ailleurs, Le Journal a rapporté en mai que Malo avait acquis un luxueux penthouse, à Montréal, par l’entremise d’une société dont il est l’unique bénéficiaire, d’une valeur de 2 M$, en échange de services rendus.
Puis, en juin, dans un autre dossier, un juge a affirmé qu’il avait orchestré une vaste fraude qui lui a permis de faire disparaître près de 3,8 M$ au Cambodge.
Toujours représenté
Rappelons que le 26 mars 2020, Me Nicholas Daudelin a été tiré chez lui, à Mont-Saint-Hilaire, en Montérégie. Selon la poursuite, c’est Malo qui aurait commandé cette attaque.

Celui-ci avait alors un litige civil avec Mouvement Desjardins, que représentait l’avocat.
Deux hommes ont depuis subi un procès et ont été condamnés à 9 et 10 ans de prison pour avoir déchargé une arme à feu.
Hier, Malo brillait par son absence, sa présence n’étant pas requise. Son dossier reviendra devant le tribunal en septembre prochain.
La procureure de la Couronne Me Marilyn L’Italien-Leblanc a demandé à ce que sa présence soit exigée, lors de cette audience.

Le criminaliste Me Karl-Emmanuel Harrison a plutôt suggéré que Malo y assiste par vidéoconférence. Il a confirmé qu'il le représenterait toujours.
