Tentative de meurtre: le policier dénonce l'attaque «gratuite» et «brutale» dont il a été victime
L'agent Sanjay Vig témoignait lors des représentations sur sentence d'Ali Ngarukiye, qui l'avait tabassé, désarmé puis avait tiré sur lui


Camille Payant
Le policier qui avait été tabassé, désarmé et atteint par balles par un jeune radicalisé a dénoncé l’attaque «gratuite» et «brutale» dont il a été victime, lors des représentations sur sentence de l’assaillant.
«Je savais que ça avait passé proche, mais je ne savais pas que ça avait passé à deux centimètres de m’avoir tué. Pour moi, ce n’est pas une tentative de meurtre, c’est un meurtre raté», a lancé le policier Sanjay Vig jeudi matin au palais de justice de Montréal.
L’agent du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a témoigné dans le cadre des représentations sur sentence d’Ali Ngarukiye, reconnu coupable par un jury en décembre 2023 de tentative de meurtre, en plus d’une pléthore d’autres accusations.
L’attaque est survenue le long de l’autoroute 40 à Montréal en janvier 2021. À ce moment, le policier remettait une contravention à l’automobiliste Mamadi Camara quand il s’est fait attaquer à coups de barre de métal.

Ngarukiye, 26 ans, avait ensuite réussi à s’emparer du pistolet du policier, pour faire feu en sa direction.
«L’angle de l’arme aurait été de quelques degrés de plus et je n’aurai pas été là aujourd’hui, mes enfants n’auraient plus eu de père», a illustré le policier, qui a qualifié l’attaque de «gratuite» et «brutale».

Comme le pistolet utilisé n’a jamais été retrouvé, l’agent Vig vit toujours avec un «sentiment de culpabilité, et même un peu de honte, de savoir que l’arme est peut-être entre les mains de criminels pour commettre un crime».
Mauvaise arrestation
M. Camara avait initialement été accusé, mais avait été relâché après quelques jours en détention, quand les policiers avaient pu établir qu’il n’avait rien à voir avec le crime, ce qui avait causé une tempête médiatique.
«Ça a été les moments les plus difficiles de ma vie, a souligné le policier, qui cumule une vingtaine d’années d’expérience au sein du SPVM. On n’avait aucune idée qui m’avait agressé, si c’était moi qui avais été personnellement visé.»
Sanjay Vig a été placé sur un programme de protection pendant trois mois, durant lesquels il se sentait «lui-même en prison», avant qu’Ali Ngarukiye ne soit finalement arrêté à Toronto.
«Pire des racistes»
Le policier a déploré avoir été dépeint comme «le pire des racistes» lors du procès. Il se faisait reconnaître dans la rue et même dans des commerces, accompagné de ses enfants.
«J’ai dû avoir une conversation avec mon fils de quatre ans pour lui expliquer que ce n’est pas tout le monde qui est bon dans la société, que j’avais été agressé», a-t-il expliqué, soulignant qu’il est désormais plus «protecteur» envers ses enfants.
La suite des procédures dans ce dossier avait toutefois été mise sur pause après le verdict afin que Ngarukiye subisse un autre procès, cette fois pour le meurtre de son codétenu André Lapierre survenu quelques mois plus tard à la prison de Rivière-des-Prairies.

Il a été condamné l’an dernier à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 15 ans.
Les représentations sur sentence se poursuivent vendredi devant le juge François Dadour.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.