Temple de la renommée: Carey Price mord la poussière


Jonathan Bernier
Carey Price est peut-être déjà un immortel dans le cœur des partisans du Canadien, mais il devra patienter avant de l’être dans l’histoire du hockey. À sa première année d’admissibilité, le gardien le plus victorieux de l’histoire du Canadien a vu les portes du Temple de la renommée demeurer fermées devant lui.
Un résultat pour le moins surprenant considérant que Shea Weber, son coéquipier lors de ses cinq dernières saisons à Montréal, y a fait son entrée l’an dernier. Tout comme Price cette année, l’ancien défenseur et capitaine du Canadien était toujours sous contrat avec une formation de la LNH et n’avait pas disputé de matchs depuis trois ans.
Disons que cette fois, la compétition était forte. Zdeno Chara, Duncan Keith et Joe Thornton, tous également admissibles pour la première fois, constituaient de grosses pointures.
Quant à Alexander Mogilny, il faut croire que les membres du comité ont déterminé qu’il avait suffisamment patienté, lui dont le dernier match remonte au 31 décembre 2005.
Avant d'aller plus loin, il vaut la peine de souligner que Danièle Sauvageau a été admise dans la catégorie des bâtisseurs. La Montréalaise devient la première femme à être admise de ce côté du panthéon.
Un présentoir bien rempli
Certains diront que le fait que Price n’ait jamais gagné la coupe Stanley a joué en sa défaveur. Ça se peut. Mais à ce compte, Joe Thornton non plus. Mais dans son cas, c’est sans doute sa longévité (1714 matchs) qui a retenu l’attention.
Cela dit, la coupe Stanley, c’est pas mal le seul trophée absent du présentoir de l’ancien athlète de 37 ans.
Au terme de la saison 2014-2015, il est devenu le quatrième gardien à remporter les trophées Hart et Vézina la même année (après Jacques Plante, Dominik Hasek, à deux occasions, et José Théodore).
À ce même banquet, il a mis la main sur le trophée Ted Lindsay et le trophée Jennings. Dans l’histoire de la LNH, seulement six joueurs ont raflé quatre prestigieux trophées au terme d’une même saison: Bobby Orr, Guy Lafleur, Wayne Gretzky, Alex Ovechkin, Price et Connor McDavid.
Le meilleur selon les joueurs
D’ailleurs, de 2007 à 2021 (sa dernière véritable saison), Price s'est pointé au quatrième rang des gardiens pour le nombre de victoires (361) derrière Marc-André Fleury, Henrik Lundqvist et Pekka Rinne. Lundqvist a été admis au Temple de la renommée en 2023, à sa première année d’admissibilité. Lui non plus n’a pas de coupe Stanley à son actif.
Pourtant, il a gardé les buts d’équipes beaucoup mieux nanties que celles derrière lesquelles se trouvait Carey Price.
L’efficacité du Britanno-Colombien et sa façon de garder le filet étaient si intimidantes qu’en 2018, lors d’un sondage, les joueurs de la LNH ont déterminé qu’il était le gardien le plus difficile à déjouer. En 2019 et 2020, ils l’ont élu le meilleur gardien du circuit.
Trois années où le Canadien n’allait nulle part. En fait, il a fallu que la LNH élargisse ses cadres pour les séries éliminatoires de 2020 sans quoi la formation montréalaise aurait raté le tournoi à chacune de ces trois saisons.
Parfait avec le Canada
Et que dire de sa tenue sur la scène internationale?
Médaillé d’or au championnat mondial junior en 2007, médaillé d’or aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014, médaillé d’or à la Coupe du monde de 2016. En 16 matchs au cours de ces trois compétitions, il a maintenu un dossier de 16-0. Jamais, donc, Price n’a perdu un match sur la scène internationale. À Sotchi, il a accordé trois buts en cinq matchs. Il a réalisé des jeux blancs dans la demi-finale et la finale.
Alors qu’en 2007, il a été élu dans l’équipe d’étoiles en plus d’être nommé meilleur gardien et joueur le plus utile de la compétition, en 2014 et 2016, Mike Babcock, l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne a littéralement bâti son plan de match autour de Price et son étanchéité devant le filet.
Évidemment, ce n’est que partie remise pour Price, mais tout ça aurait dû lui valoir un accès vers l’immortalité dès cette année.
Car ce que les gens oublient souvent, c’est qu’il ne s’agit pas du Temple de la renommée de la LNH, mais bien de celui du hockey dans son ensemble.