Taxe scolaire: le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, ordonne une enquête après le suicide d’un cadre
Des allégations de climat de travail toxique au Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal


Sarah-Maude Lefebvre
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, ordonne une enquête à la suite du suicide du directeur de l’organisme qui perçoit les taxes scolaires à Montréal, dans la foulée d’allégations de climat de travail toxique.
Le directeur de la taxe scolaire Pierre Venne s’est enlevé la vie le 6 mars dernier. Il avait été suspendu de son emploi deux jours auparavant, après 33 ans de service au sein du Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal (CGTSIM).
Informé de ce décès ainsi que «d’allégations préoccupantes concernant le climat de travail» au CGTSIM, le ministre Drainville a signé mercredi un mandat d’enquête et désigné une firme externe qui devra lui livrer un rapport préliminaire d’ici le 30 avril.
«On tient tout d’abord à offrir nos plus sincères sympathies aux proches de M. Venne. La situation est tout à fait bouleversante. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire notre peine et notre désarroi face à ce qu’il s’est passé», a commenté le directeur des communications du ministre Drainville, Antoine de la Durantaye.
«Des allégations préoccupantes [...] ont été portées à notre attention dans les dernières semaines. Nous avons la responsabilité de valider ces allégations. [...] Une chose est certaine, si les allégations sont fondées, on va agir», a aussi indiqué M. de la Durantaye.

Une situation «troublante»
Notre Bureau d’enquête a reçu plusieurs allégations selon lesquelles un climat de harcèlement et de dénigrement régnerait, depuis quelques années, au sein de cette organisation qui récolte et redistribue dans les centres de service et les commissions scolaires de Montréal plus de 371M$ de taxes chaque année.
L’Association québécoise des cadres scolaires fait partie de ceux qui ont demandé au ministre Drainville d’intervenir dans les jours suivant le décès de M. Venne.

«La situation était suffisamment troublante et nous avions suffisamment de faits pour demander une vérification ou une enquête», a indiqué le président-directeur général Jean-François Parent.
Ce dernier nous a confirmé avoir reçu différents témoignages selon lesquels il existerait un climat toxique au sein de cette organisation.
Nous avons joint la famille de M. Venne, qui n’a pas souhaité commenter publiquement son décès.
Pas d’entrevue
Le CGTSIM est dirigé depuis 2022 par Sylvie Chagnon, une ancienne vice-présidente d'Investissement Québec, qui a aussi dirigé, par le passé, le Conseil de gestion du Fonds vert.
Cette dernière a refusé de nous accorder une entrevue sur le climat de travail au sein de son organisme.
Le comité nous a plutôt fait parvenir cette déclaration écrite: «Le CGTSIM maintient une communication ouverte avec le ministère de l’Éducation et fait régulièrement rapport sur l’état de l’organisation. Nous venons de vivre le décès tragique d’un de nos directeurs et l’ouverture d’une enquête sur le climat de travail est une procédure normale dans les circonstances.»