Taxe rose: le genre n’a pas de prix. Exigeons des tarifs alignés!


Maria Mourani
Cela fait des années que les groupes de femmes et de consommateurs dénoncent cette injustice qu’est la taxe rose.
Ce n’est pas un autre débat théorique ni une montée de lait, c’est une arnaque quotidienne. Elle est planifiée, pensée et exécutée par des entreprises qui façonnent nos goûts, puis encaissent.
Pire encore, par des algorithmes!
L’étiquette «pour femmes» ou «pour hommes» n’est pas innocente. Elle crée une attente, une prétendue personnalisation. Elle normalise, renforce les stéréotypes et ouvre la voie à une prime.
On change l’odeur, la couleur, le discours. On prétend qu’il s’agit de deux produits différents pour justifier des tarifications discriminatoires. Ce n’est pas un accident: c’est un modèle d’affaires.
Le genre devient un marketing et se transforme en marge de profit. Les rôles sociaux sont monétisés.
La solution?
Cesser de jouer leur jeu!
Si vous espérez que Québec, le gouvernement fédéral, l’Office de la protection du consommateur (OPC) ou la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse interviennent pour résoudre cette iniquité, vous allez devoir vous armer de patience.
N’attendez pas que le changement vienne des instances. Le système ne fonctionne pas de cette manière.
Le changement vient toujours de l’indignation de la population et de sa capacité à se mobiliser. Vous êtes le changement.
Quand Tesco, au Royaume-Uni, a été clouée au pilori à cause de ses rasoirs pour femmes plus chers, la chaîne a reculé.
Ce fut aussi le cas de l’entreprise Shoppers Drug Mart, en Ontario. Elle a dû aligner les prix de ses analgésiques pour les crampes menstruelles sur ceux pour les maux de tête et autres douleurs, après un reportage qui exposait une pratique discriminatoire.
Il suffit de croire en votre pouvoir de changement pour ébranler les colonnes du temple.
Après tout, ne dit-on pas que le client est roi?
#ÉgalitéÀLaCaisse
Il suffit d’exiger des prix égaux pour des produits identiques.
Comparez, dénoncez, boycottez. Mettez les preuves en ligne, nommez les commerces et les marques qui abusent et valorisez ceux qui alignent leurs prix.
Le message doit être simple et sans détour: un dollar de plus pour un rasoir rose est un dollar de trop!
Le rose n’est pas un luxe. Le rose n’est pas une excuse. Et tant que la caisse continuera de pénaliser la moitié de la population, il est essentiel de répéter avec force: #ÉgalitéÀLaCaisse.
Messieurs... cela vous concerne aussi!
Si les entreprises de bières décidaient d’ajouter 2$ aux produits les plus consommés par les hommes, vous seriez les premiers à manifester.
La taxe rose, c’est la même logique: du marketing cheap qui engraisse les compagnies en prenant les consommateurs pour des naïfs.
Ne restez pas silencieux quand vos conjointes, vos filles, vos sœurs, vos amies, vos collègues de travail paient plus cher pour les mêmes produits.
On a besoin de vous!