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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Taupes fédérales au PQ: le deuxième homme

René Lévesque, Centre Paul Sauvé, à Montréal, Octobre 1973.
René Lévesque, Centre Paul Sauvé, à Montréal, Octobre 1973. Bibliothèque et Archives Canada
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2023-09-03T09:00:00Z
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Les activités criminelles des années 70 de Trudeau et de la GRC contre le Québec sont dans l’actualité. Deux universitaires viennent d’écrire un article sur les opérations, nom de code «FAN TAN», du «groupe Vidal», l’officine ultra-secrète conjointe du Parti libéral et de la GRC.

J’ai consacré plusieurs pages de mon livre de 1998 Enquêtes sur les services secrets à la question. Voici un rappel de quelques-unes de ces affaires dont certaines n’ont jamais été résolues.

Les milliers de pages de documents que j’ai obtenus, par demande d’accès à l’information, quoique largement censurée, indiquent clairement le caractère carrément politique des opérations montées par la GRC et le PLC contre le PQ.

Le deuxième homme

Dans une lettre de mai 1970, Marc Lalonde suggère au chef des services secrets de la GRC, John Starnes, de consulter une source de haut niveau au sein du PQ. Le nom de cette source est expurgé du document. Or, il ne peut s’agir de Claude Morin, puisqu’il n’est pas encore passé au PQ. C’est la preuve irréfutable que le fédéral avait un «deuxième homme», dans la direction du Parti Québécois dès 1970.

Dans un autre document secret, daté de juin 1970, Starnes veut s’assurer que la source — qu’il ne nomme pas — n’a pas déjà été contactée par les hommes de Marc Lalonde.

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Son groupe Vidal partageait donc avec la GRC une taupe au sein du PQ, un renégat si haut placé qu’il pouvait renseigner Ottawa sur ses secrets les mieux gardés du parti. Seul un tout petit groupe d’hommes autour de René Lévesque aurait pu être au courant d’affaires aussi délicates que des subsides étrangers. Le traître n’a jamais pu rien donner à la GRC et aux libéraux obsédés par les allégations non fondées de financement secret du PQ par la France.

Surveillance hors mandat du SS/GRC

Deux jours avant l’ouverture du congrès national du PQ, le 23 février 1973, le colonel Robin Bourne reçoit par porteur spécial du chef du SS/GRC une volumineuse enveloppe officielle estampillée «Top secret/Très secret». Elle contient les documents internes de l’exécutif national du PQ qui doivent servir dans les ateliers économiques du congrès.

Grâce à leur espion au sein de la direction du PQ, les finances du parti sont un livre ouvert pour le groupe Vidal et la GRC. Aux archives, on peut ainsi trouver, outre les états financiers de l’organisation nationale du parti, des comptes rendus de discussions internes de diverses instances péquistes, de la permanence de Montréal jusqu’à Matane.

Vols par effraction par la GRC

La fameuse section G du Service de sécurité à Montréal du surintendant Joe Ferraris, chargée des «dirty tricks» – des sales coups, des coups bas –, reçoit un télex prioritaire du quartier général de la GRC à Ottawa le 19 septembre 1972

Le solliciteur général réclame d’urgence les noms et adresses de tous les séparatistes ou soupçonnés tels à l’emploi du gouvernement fédéral avec indication du ministère où ils travaillent.

Branle-bas de combat! Dans le cadre de l’opération Ham, le 8 janvier 1973, la GRC volera la liste des membres du PQ dans les locaux des Messageries Dynamiques. Ce vol n’est pas le seul commis par la GRC contre le parti. Une note de service de la GRC du 9 avril 1973 signale la prise d’une série de photos du nouveau siège du PQ, avenue du Parc à Montréal. D’après ces photos, la GRC s’intéresse aux fenêtres à l’étage. Des anciens du Service m’ont expliqué qu’il s’agissait de préparer l’introduction d’une équipe pour placer des micros.

En 1977, le solliciteur général de Trudeau, Francis Fox, invoquera la Loi sur les secrets officiels pour éviter que la commission Keable ne découvre l’écoute électronique du PQ.

L’affaire de l’installation des micros à la permanence du PQ en 1973 restera secrète jusqu’à ce que je la dévoile au Téléjournal de Radio-Canada au printemps 1994, après avoir trouvé des documents s’y rapportant dans les archives fédérales.

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