Tarifs douaniers à 35%: pas d’entente à portée de main, dit le ministre Dominic LeBlanc

Patrick Bellerose
Le ministre responsable des négociations avec la Maison-Blanche, Dominic LeBlanc, rentre bredouille de Washington. De son propre aveu, les pourparlers pour une entente sur les tarifs douaniers américains pourraient encore s’étirer sur plusieurs semaines.
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En entrevue à LCN, Dominic LeBlanc a confié qu’aucune avancée n’a eu lieu vendredi, malgré la signature d’un décret, la veille, pour faire passer de 25% à 35% les droits de douane sur les produits non couverts par l’entente de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.
«On n’a pas eu de conversation à ma connaissance aujourd’hui», a déclaré le ministre responsable du Commerce Canada–États-Unis.
Son dernier entretien avec le secrétaire au Commerce américain, Howard Lutnick, a eu lieu jeudi en fin de journée, alors que Donald Trump refusait de s’entretenir avec le premier ministre Mark Carney.
«On s’est entendus, hier, qu’on allait se parler au téléphone la semaine prochaine pour planifier les prochaines semaines, le mois d’août et le mois de septembre», a-t-il souligné.
Plusieurs semaines
Dominic LeBlanc a réitéré qu’Ottawa signera uniquement une entente jugée satisfaisante pour le Canada.
Mais cela pourrait ne pas survenir à court terme. «Est-ce que je suis optimiste qu’on va arriver à une entente? Oui. Le “bientôt”, c’est ça qui me fait hésiter un peu», souligne le ministre.
Jeudi, un tel accord «dans l’intérêt de l’économie canadienne n’était pas sur la table», déclare-t-il.
«Mais ça ne veut pas dire que ça ne pourra pas se négocier au cours des prochaines semaines», ajoute M. LeBlanc.
Riposter?
Pour l’ex-premier ministre Jean Charest, ce nouveau délai n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle.
«Le temps joue en notre faveur», soutient celui qui est désormais membre du Conseil sur les relations canado-américaines.
D’une part, une Cour d’appel fédérale étudie présentement une contestation des pouvoirs exercés pour imposer ces surtaxes.
Mais surtout, l’impact des tarifs commencera à se faire sentir chez les consommateurs américains.
Reste maintenant à savoir si le Canada ripostera. Vendredi, le premier ministre ontarien, Doug Ford, proposait de faire passer les tarifs sur l’acier et l’aluminium américains de 25% à 50%.
Au cabinet de François Legault, on refuse pour l’instant de s’avancer sur cette mesure, puisque les négociations «sont toujours en cours».
Jean Charest, lui, estime que le gouvernement fédéral doit garder cet arsenal à sa disposition. «Il faut mettre toutes les options sur la table et décider à quel moment on veut les utiliser», explique-t-il.
Cependant, avec une telle réplique, «on se fait mal à nous-mêmes», rappelle-t-il.
Impacts au Québec
Jusqu’ici, l’industrie de l’aluminium a été la plus touchée au Québec, avec une surtaxe de 50% imposée depuis le 4 juin dernier.
Les producteurs auront besoin d’une aide gouvernementale pour demeurer compétitifs, explique le président de l’Association de l’aluminium du Canada, Jean Simard.
Chaque année, ceux-ci investissent jusqu’à 600 M$ pour le maintien de leurs usines. «C’est affecté présentement parce que le cash flow est moins disponible», explique M. Simard.
La bonne nouvelle, c’est que les producteurs ne prévoient pas de mises à pied, puisque les cuves doivent demeurer en marche.
Mais pendant ce temps, leurs compétiteurs continuent d’innover, laissant le Canada derrière.
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