«C’est une réalité»: Donald Trump a l’intention d’«absorber le Canada», dit Trudeau

Dans une déclaration captée en douce, Justin Trudeau a déclaré à huis clos que Donald Trump était sérieux dans ses intentions d’absorber le Canada. Justin Trudeau a livré un plaidoyer pour un «authentique libre-échange» entre les provinces canadiennes. Selon lui, le contexte offert par le protectionnisme américain n’aura jamais été aussi propice pour transformer l’économie du pays.

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Ce ne sont pas que des blagues: les États-Unis de Donald Trump ont réellement l’intention d’«absorber» le Canada en employant la pression économique, a dévoilé Justin Trudeau en privé à un parterre de gens d’affaires vendredi.

À Toronto pour un autre sommet sur les relations canado-américaines, le premier ministre sortant s’est présenté, les manches retroussées, sur une scène tapissée d’un gigantesque drapeau du Canada.

Avant la réunion, M. Trudeau a livré un discours devant les médias d’une dizaine de minutes axé sur l’importance d’instaurer un «authentique libre-échange» comme outil pour se repositionner face au protectionnisme américain.

Quelques instants après que les journalistes eurent quitté la salle, l’intervention du premier ministre semble avoir pris une tournure plus sombre.

Dans un extrait obtenu par la CBC, on entend Justin Trudeau dire en anglais que «M. Trump a en tête que le moyen le plus simple d’y parvenir est d’absorber notre pays. Et ça, c’est une réalité, dans la conservation que j’ai eue avec lui».

Parvenir à quoi? Le Globe & Mail et le Toronto Star, qui citent des sources confidentielles, expliquent que Donald Trump souhaite mettre la main sur les ressources naturelles du Canada, plus précisément, sur les minéraux essentiels.

Le Toronto Star a rapporté qu’un employé aurait promptement débranché les enceintes après s’être rendu compte que la voix de M. Trudeau était audible hors de la salle de conférence.

Le bureau du premier ministre n’avait toujours pas répondu aux questions du Journal au moment d’écrire ces lignes, vendredi.

Le «libre-échange» à portée de main

Devant les médias, M. Trudeau a livré un plaidoyer pour un «authentique libre-échange» entre les provinces canadiennes. Selon lui, le contexte offert par le protectionnisme américain n’aura jamais été aussi propice pour transformer l’économie du pays.

Devant un parterre d’environ 200 personnes d’affaires venues représenter les diverses industries, M. Trudeau a déclaré que dans un monde «de plus en plus incertain», le Canada devait se recentrer sur son propre potentiel.

D’ailleurs, avec leur montée de fièvre patriotique, les Canadiens ont réagi de manière «inspirante» aux menaces des États-Unis en promettant de se tourner vers des produits locaux.

Or, avant que tout cela ne devienne réalité, il faudra défaire les «barrières» qui compliquent les échanges entre les provinces et qui, selon les mots de M. Trudeau, «n’ont aucun sens».

«Vous le savez tous, il existe encore beaucoup trop de barrières à notre commerce interne d’un bout à l’autre de ce pays», a lancé le premier ministre.

Ces barrières peuvent prendre la forme de normes divergentes sur certains produits, des systèmes de taxation différents, des restrictions propres au transport, ou encore différents critères pour les licences professionnelles.

Il y a déjà de l’action sur ce front: les provinces ont convenu vendredi dernier d’un projet pilote pour assouplir les règles dans le secteur du camionnage.

«Nous sommes dans l’un de ces moments et l’une de ces occasions où nous pouvons réellement le faire. Il y a une fenêtre d’ouverte en raison du contexte dans lequel nous nous trouvons. Nous devons saisir l’opportunité», a déclaré M. Trudeau.

Le premier ministre a récemment confié à sa ministre Anita Anand le dossier du Commerce intérieur afin d’orchestrer cette transformation.

«Nous réalisons des progrès incroyables et rapides avec l’ensemble des provinces et des territoires», expliquait la ministre Anand mercredi.