Tarifs américains sur les films étrangers: surprise et incompréhension dans les studios d’animation au Québec

Jean-Philippe Guilbault
La menace de Donald Trump d’imposer des tarifs sur les «films produits à l’étranger» plonge des studios d’animation et d’effets spéciaux du Québec dans l’incompréhension et la spéculation sur l’avenir de leurs activités.
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«On est un peu abasourdis et surpris de cette annonce, lâche d’emblée Renaud Sylvain qui est porte-parole de la Table de concertation de l’industrie du cinéma et de la télévision de la Capitale-Nationale. On cherche des réponses et on comprendra peut-être mieux dans quelques semaines!»
M. Sylvain représente l’écosystème de studios d’animation et de production d’émissions de télévision et de films dans la région de Québec. Il anticipe au minimum «une incertitude très mauvaise pour les affaires».
Le président américain a annoncé dimanche soir à la va-vite sur son réseau social Truth Social que des tarifs douaniers de 100% seraient imposés sur les films produits à l’extérieur des États-Unis, soulevant l’ire et l’incompréhension tant à Hollywood qu’ailleurs dans le monde.
Une stratégie que M. Trump a utilisée sur d’autres industries canadiennes, dont celle de l’automobile ou du bois d’œuvre.
«C’est la première fois qu’on parle d’un bien intangible et dématérialisé, soulève Renaud Sylvain. Est-ce que les tarifs seront calculés sur les budgets de production, sur les budgets de service? On ne sait pas et l’on spécule...»
Le Québec compte sur son territoire plusieurs studios d’animation et d’effets spéciaux qui travaillent sur des productions américaines ou qui vendent leurs films aux États-Unis.
«C’est vraiment inquiétant. Surtout qu’on ne sait pas comment ils vont l’appliquer», abonde dans le même sens Chloë Grysole, la directrice générale des activités canadiennes de Framestore, un studio d’effets spéciaux à Montréal.

Mme Grysole rappelle qu’il s’agit d’une autre tuile qui s’abat sur l’industrie au Québec après la grève des acteurs à Hollywood et la baisse d’un crédit d’impôt au Québec pour ce secteur.
«On vit un moment très difficile [...] on n’avait pas besoin de ça», ajoute Chloe Grysole qui souligne que le nombre d’employés dans le milieu au Québec a fondu de 8000 à 2600 depuis quelques années.
Une autre industrie forcée de diversifier ses partenaires
Les entreprises basées à Québec ont toutefois la particularité d’être plusieurs producteurs de contenus originaux, note Renaud Sylvain, un avantage dans ce contexte en évolution.
«On a une forme de leadership pour être une économie de propriétaires de contenus prêts à être exportés, explique-t-il. Le Canada a plusieurs traités de co-production avec d’autres pays et on a d’autres territoires pour faciliter la diversification des marchés.»
M. Sylvain donne en exemple l’Europe, mais aussi l’Asie et l’Amérique du Sud comme potentiels partenaires commerciaux.
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