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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Taïwan/Chine, Ukraine/Russie: convergences

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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2022-06-01T09:00:00Z
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Taïwan a fait décoller des intercepteurs et a mis en état d’alerte des missiles antiaériens hier lorsque 30 avions chinois ont fait une nouvelle incursion dans la zone de défense aérienne de l’île.

Ces incursions sont des rappels au gouvernement de Taipei que Pékin veut réunifier l’île à la Chine comme il l’a fait avec Hong Kong. De force, si nécessaire.

Le président américain, Joe Biden, lors d'une conférence de presse durant son récent voyage au Japon.
Le président américain, Joe Biden, lors d'une conférence de presse durant son récent voyage au Japon. Photo AFP

Ce « pétage de bretelles » a-t-il été provoqué par le président Biden ? Lors de son récent voyage au Japon, il a semblé rompre avec des décennies de politique étrangère américaine en déclarant que Washington défendrait militairement Taïwan en cas d’attaque chinoise. La Maison-Blanche a rapidement tenté de minimiser la gaffe en insistant sur le fait que la politique d’« ambiguïté stratégique » des États-Unis sur sa possible intervention contre la Chine n’avait pas changé.

« Lignes rouges » à ne pas franchir

Pour les Chinois, l’indépendance de Taïwan est une « ligne rouge » à ne pas franchir comme le rapprochement de l’Ukraine avec l’Occident était une ligne rouge pour la Russie.

La violation flagrante par Poutine des normes internationales pour satisfaire ses ambitions territoriales pourrait encourager la Chine à faire de même avec Taïwan. Une telle invasion scellerait l’alliance autoritaire sino-russe, l’Axe Pékin-Moscou. L’incursion aérienne pourrait bien avoir été coordonnée avec Moscou pour envoyer un signal à Washington. Si Xi profitait de la guerre d’Ukraine pour envahir Taïwan, il rendrait difficile pour Washington de soutenir militairement et financièrement les deux pays.

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Mais envahir l’île pourrait être beaucoup plus complexe et coûteux que prévu comme ce fut le cas pour les Russes en Ukraine.

Une invasion amphibie à travers 160 km de mer serait beaucoup plus difficile à réaliser que l’invasion terrestre de l’Ukraine. Et les Taïwanais, comme les Ukrainiens, se battraient avec acharnement pour défendre leur démocratie et leur indépendance. Washington adopterait probablement une approche similaire à celle en l’Ukraine : fourniture d’armes et d’équipements accompagnée de sanctions visant à décimer l’économie chinoise.

  • Écoutez l'édito de Normand Lester à l'émission de Mario Dumont diffusée chaque jour en direct 15 h 30 via QUB radio :

Pour Washington, un choix cornélien

Éviter d’être impliqué dans des conflits militaires sur deux fronts éloignés va devenir une considération stratégique américaine décisive à mesure que la guerre d’Ukraine se prolongera. L’Asie-Pacifique est le centre de gravité géopolitique des États-Unis depuis l’administration Obama.

Taïwan et la Chine sont tous deux importants pour l’économie mondiale. La Chine est la deuxième économie de la planète et Taïwan est le premier fournisseur des micropuces électroniques avancées.

Un conflit entre eux aurait des répercussions économiques massives, même si les États-Unis et le Japon n’étaient pas, directement ou indirectement, impliqués, ce qui est peu probable.

La réunification de Taïwan avec la Chine est considérée comme un intérêt vital pour Pékin comme l’Ukraine l’est pour le Kremlin. En janvier, l’ambassadeur de Chine aux États-Unis a déclaré que les liens croissants de Washington avec Taipei pourraient conduire à une guerre entre les deux pays.

La position ferme de la présidente taïwanaise Tsai Ingwen contre l’autocrate chinois Xi Jinping lui vaudrait un soutien mondial comme l’appui à Zelensky contre Poutine.

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