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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Système de collusion à Montréal: Zampino, «l’autorité ultime», selon la Couronne

Le procès de Frank Zampino et de ses coaccusés entame son dernier droit

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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2025-07-17T17:49:15Z
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L’ex-numéro 2 de la Ville de Montréal Frank Zampino a beau dire qu’il n’était pas au courant d’un quelconque système de collusion dans les contrats publics de la métropole, il était bel et bien «l’âme dirigeante et autorité ultime du stratagème», a plaidé la Couronne ce jeudi.

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«On est dans un stratagème sophistiqué avec des gens intelligents, c’est sournois. [La preuve de la poursuite] démontre l’existence d’un stratagème de partage de contrats entre firmes», a affirmé Me Nicolas Ammerlaan.

Le procureur a ainsi demandé à ce que Frank Zampino et quatre coaccusés soient déclarés coupables de complot et d’abus de confiance en lien avec un système de collusion afin que des entreprises se partagent les contrats publics à Montréal.

Redevance de 3%

Selon la thèse de la Couronne, entre 2004 et 2009, 34 contrats d’une valeur totale de 160 M$ ont ainsi été octroyés à certaines firmes de génie. Et pour s’assurer de les obtenir, les entreprises qui auraient fait partie du système devaient payer une redevance de 3% à Union Montréal, dirigée à l’époque par Gérald Tremblay, via son grand argentier, Bernard Trépanier.

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Zampino était alors président du comité exécutif de la Ville.

L’ex-maire Gérald Tremblay, lors de son témoignage au procès de Frank Zampino, au palais de justice de Montréal.
L’ex-maire Gérald Tremblay, lors de son témoignage au procès de Frank Zampino, au palais de justice de Montréal. Photo PIERRE-PAUL POULIN

«Une entreprise payait au centime près, a plaidé Me Ammerlaan. Une autre payait à travers des billets de cocktail et des factures à Bermax [l’entreprise de Trépanier], pas juste pour les contrats à Montréal, mais pour soudoyer toute la couronne nord.»

Selon les arguments de la défense, l’argent de la collusion ne s’est pas retrouvé dans les coffres d’Union Montréal, mais dans les poches de Trépanier, depuis décédé d’un cancer. Ainsi, tout ce système aurait été organisé par le défunt, à l’insu de Zampino.

Fax incriminants

Mais la Couronne n’est pas de cet avis. À preuve, des fax incriminants envoyés par Trépanier au télécopieur de la résidence de Zampino, a-t-elle plaidé ce jeudi.

«Aucun contrat n’était à l’abri ou à l’épreuve du président du comité exécutif, et aucune journée ne s’est écoulée [...] sans qu’il n’ait de contacts secrets et irréguliers avec des entrepreneurs, hommes d’affaires et dirigeants de firme de génie-conseil, a plaidé Me Ammerlaan. L’abus de confiance est flagrant.»

Des fax saisis par la police lors des perquisitions menées dans les bureaux d’Union Montréal.
Des fax saisis par la police lors des perquisitions menées dans les bureaux d’Union Montréal. Photo fournie par la cour

Pour démontrer la culpabilité de Zampino et ses coaccusés, Robert Marcil, Bernard Poulin, Kazimir Olechnowicz et Normand Brousseau, le procureur a également rappelé le témoignage-choc de Michel Lalonde, l’ex-président d’une firme de génie-conseil.

Ce dernier a affirmé être devenu le «porte-parole» des firmes de génie-conseil en 2005, afin de mieux encadrer le stratagème «qui n’était pas parfait».

«Il a témoigné pendant six jours, il n’y a eu aucune contradiction dans ce qu’il a dit», a souligné Me Amerlaan. L’ingénieur à la retraite, qui avait aussi pris la barre pendant plusieurs jours lors de la commission Charbonneau, n’a jamais été accusé au criminel.

Une fois ses plaidoiries terminées, la défense pourra répliquer. La juge Silvie Kovacevich devrait par la suite prendre sa décision en délibéré.

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