Syrie: un influent chef druze s'en prend au pouvoir et dénonce des «massacres»

AFP
Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ainsi qu'à Soueïda à majorité druze, ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1,700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite.
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Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité. Cette fois-ci, c'est un message non authentifié insultant l'islam et imputé à un druze qui a mis le feu aux poudres.
Israël a appelé à la communauté internationale pour «protéger les minorités en Syrie - en particulier les druzes - du régime et de ses bandes terroristes», par la voix de son ministre des Affaires étrangères Gideon Saar.
Mercredi, l'armée israélienne avait mené des frappes près de Damas, «une action d'avertissement» contre un «groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de la ville de Sahnaya» selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Les druzes sont une minorité issue de l'islam chiite. Ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l'islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.
Les combats en Syrie ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.
Les autorités syriennes ont accusé des éléments incontrôlés d'avoir provoqué les violences.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 30 membres des forces de sécurité et combattants affiliés ont été tués, ainsi que 21 combattants druzes et 10 civils mardi et mercredi à Jaramana et Sahnaya. Dans la province de Soueïda (sud), 40 combattants druzes ont péri, dont 35 dans une embuscade, d'après l'ONG.
À Jaramana, des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir, et de même mercredi soir à Sahnaya à 15 km au sud-ouest de Damas, où des forces de sécurité ont été déployées.
«Engagement ferme»
À cette occasion, le pouvoir syrien a réaffirmé son «engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze».
Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.
Les dignitaires druzes ont de leur côté réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie.
«En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le Sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)», estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.