Suspension des demandes d’immigration permanente du Programme de l’expérience québécoise: cette Française voit son rêve québécois anéanti
La suspension des demandes d’immigration permanente lui fait manquer les délais pour concrétiser son projet


Catherine Bouchard
Une Française qui a déménagé au Québec il y a quatre ans dans l’espoir de s’établir définitivement ici au moyen du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) voit ses espoirs anéantis parce que Québec a récemment annoncé la suspension des demandes d’immigration permanente jusqu’au 30 novembre.
Le rêve de Caroline Fabbro s’est éteint jeudi passé.
Sur son site internet, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec (MIFI) a annoncé qu’il suspendait les demandes d’immigration permanente effectuées avec le volet «Travailleurs étrangers temporaires» du PEQ et que la suspension de la réception des demandes en vigueur depuis le 31 octobre 2024 dans le volet «Diplômés du Québec» était prolongée.
Ces suspensions sont en vigueur jusqu’au 30 novembre.
Mme Fabbro se qualifiait pour faire sa demande de résidence permanente avec le volet des diplômés.
Pour être admissible, il faut avoir obtenu son diplôme dans les trois ans précédant la demande. Elle a terminé un DEP en photographie en 2022.
«Et le 4 novembre 2025, ça fera trois ans que je l’ai terminé. Donc je suis complètement fichue, je ne me qualifie pour aucun autre permis ou demande de résidente permanente», se désole-t-elle.
D’autres cas
Son cas est loin d’être unique. Dans des groupes d’immigrants sur les réseaux sociaux, les témoignages sont nombreux et l’incompréhension, immense.
Des avocats spécialisés en immigration dénoncent cette décision prise sans préavis, sans délai et sans clause de droits acquis pour ceux déjà établis ici.
«Ces gens-là ont hypothéqué leur vie, leur temps et leur argent pour rester ici. Ils travaillent, ils contribuent à l’économie et on veut les exclure pour je ne sais trop quelle raison», déplore Me Nazar Saaty.
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Pour Mme Fabbro, la prolongation de la suspension des demandes dans le volet des diplômés représente un délai de trois semaines qui chamboule sa vie complètement.
«En fait, on me dit de rentrer chez moi tout simplement. Et c’est rageant, car je suis ici depuis mai 2021 et j’ai construit ma vie ici. Ils foutent la vie des gens en l’air, des gens qui aiment le Québec, qui sont déjà ici et qui ont construit quelque chose», se désole-t-elle.
Les yeux sur la cible
Questionné sur ces décisions, le MIFI indique vouloir concentrer ses efforts pour respecter les cibles d’immigration prévues au plan annuel d’immigration, en limitant le nombre de nouvelles demandes à recevoir.
Il confirme que ces décisions font en sorte que certains immigrants ne seront pas en mesure de prolonger leur statut de résident temporaire à l’expiration de leur permis de travail ou d’études.
«Ces personnes pourraient devoir quitter le territoire à l’expiration de leur permis», a indiqué Xavier Daffe-Bordeleau, porte-parole.
Le MIFI indique toutefois que des exceptions pourraient s’appliquer.
«Selon leurs qualifications et leurs situations, certaines de ces personnes pourraient trouver, dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires, un emploi à haut salaire ou un emploi à l’extérieur des régions métropolitaines de recensement de Montréal et Laval», poursuit le porte-parole.
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