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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Suspension de Jimmy Kimmel: «Si on commence à agir avant qu’il y ait coercition, c’est encore plus grave», alerte un analyste

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Photo portrait de Rita St-Michel

Rita St-Michel

2025-09-20T15:01:35Z
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La suspension de l’émission de Jimmy Kimmel à la chaîne ABC illustre un tournant inquiétant pour la liberté d’expression aux États-Unis, selon un analyste politique et doctorant à Sciences Po Paris.

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«Ce qui est le plus surprenant, c’est qu’on assiste à un genre de renversement des positions au sujet de la liberté d’expression», a affirmé l’analyste politique Georges Mercier lors d’une entrevue à l’émission Le Québec matin samedi.

M. Mercier note un renversement de situation: «Il y a un an à peine, c’étaient les conservateurs qui revendiquaient la liberté d’expression pour dire à peu près tout et n’importe quoi, et c’étaient les gens plutôt de gauche qui revendiquaient de censurer certains discours». Aujourd’hui, dit-il, «on change de discours complètement».

L’analyste politique pointe du doigt une forme de censure indirecte concernant l’intervention de la Commission fédérale des communications (FCC), en charge de réguler les télécommunications aux États-Unis. «Il n’y a pas eu de demande directe. C’est un peu comme si le président de la FCC [...] avait voulu prendre de l’avance sur Trump. Il a dit à mots voilés: “Vous continuez de diffuser l’émission, peut-être qu’il y aura des problèmes et ce sont les responsables de ABC qui ont pris l’initiative”», a-t-il affirmé.

Cette autocensure anticipée est d’autant plus inquiétante qu’elle permet à l’État d’influencer les discours sans exercer de coercition directe, selon le doctorant. «Si des gens commencent à prendre une initiative pour freiner certains discours sans même que la Maison-Blanche [...] ait à le demander, alors là, il y de plus en plus de discours qui vont être tus sans coercition explicite», a-t-il dit.

M. Mercier met aussi en lumière les tensions internes au sein du mouvement conservateur, exacerbées par l’assassinat de Charlie Kirk. Selon lui, ce drame divise: certains conservateurs s’opposent à toute limite à la liberté d’expression, tandis que d’autres privilégient la protection de leurs idées, quitte à censurer celles des autres.

Le chercheur et doctorant en sciences politiques conclut en avertissant que cette logique dépasse le secteur des médias: «Ce n’est pas seulement vrai dans le milieu des télécommunications, ça peut être vrai à l’université, ça peut être vrai [dans] le système de santé. Si on commence à agir avant qu’il [n’]y ait coercition, c’est encore plus grave parce qu’on a de plus en plus de répression sans que la Maison-Blanche soit coupable de l’avoir demandé».

Voyez l’entrevue complète de Georges Mercier dans la vidéo ci-haut.

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