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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Surveiller en priorité les bingos?

Agence QMI
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Ariane M. Gauthier, Porte-parole, Coalition québécoise du jeu en ligne

2025-05-05T04:00:00Z
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Au Québec, on ne badine pas avec le bingo. Puisqu’il s’agit d’un jeu de hasard et d’argent, les organisations qui offrent du bingo sont soumises à un processus rigoureux supervisé par la Régie de l’alcool, des courses et des jeux (RACJ). Il existe pas moins de neuf types de licences différents selon qu’il s’agisse de bingos récréatifs, de bingos en salle, de bingos de foire, de bingos de concession agricole et ainsi de suite. Quel contraste avec l’indifférence affichée par le gouvernement pour ce qui se passe sur les sites internet privés de casino virtuel et de paris sportifs! 

Pendant qu’il surveille avec zèle les salles communautaires et les sous-sols d’église pour s’assurer que les soirées de bingo se déroulent sans entourloupettes, le gouvernement n’impose aucune règle aux quelque 2000 sites internet de jeu en ligne, accessibles aux jeunes adultes à partir de n’importe quel ordinateur ou téléphone.

Le ministre des Finances, Eric Girard, a beau répéter que Loto-Québec est la seule option légale pour le jeu en ligne au Québec, cela ne change rien au fait que 73% des joueurs choisissent des sites internet privés pour jouer au casino et faire des paris sportifs, selon un sondage Mainstreet de 2023.

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Imposer un monopole sur internet, ça ne tient tout simplement pas la route. Alors, on fait quoi?

Popularité grandissante

Il faut reconnaître l’offre privée au Québec, en confier la surveillance à un organisme indépendant (comme la RACJ) et se doter de règles pour l’encadrer correctement. En l’essence, cela rejoint les recommandations d’un comité d’experts du jeu responsable dont le rapport est intitulé Quand la réalité du virtuel nous rattrape. Par ailleurs, on y suggérait que Loto-Québec soit elle aussi encadrée par un organisme indépendant. Publié en 2014, ce rapport a pris le chemin d’une tablette où il accumule de la poussière depuis 11 ans.

Plusieurs pays se sont questionnés sur la meilleure façon de s’adapter à la popularité grandissante du jeu en ligne. Aujourd’hui, le Royaume-Uni, la France et la Suède, entre autres, ont abandonné leur monopole d’État. Ils ont mis en place un système de licences pour permettre aux entreprises privées de jeu en ligne d’opérer officiellement sur leur territoire, dans la mesure où elles respectent des règles strictes et paient une taxe au gouvernement. Plus près de nous, l’Ontario a aussi implanté ce type d’encadrement en 2021 et l’Alberta vient de déposer un projet de loi en ce sens.

Vous ne rêvez pas: cette approche ressemble à ce que le Québec fait déjà pour l’attribution de licences... aux bingos!

Outils en main

Bref, le Québec a tous les outils en main pour régulariser la situation des sites internet privés de casino et de paris sportifs et améliorer la protection pour l’ensemble des joueurs:

  • un rapport étoffé d’un groupe d’experts du jeu responsable;
  • un organisme dont la mission consiste déjà à surveiller les jeux de hasard et à délivrer des licences (RACJ);
  • des entreprises de jeu en ligne qui demandent des règles claires;
  • une validation juridique du système mis en place en Ontario.

Seul le ministre des Finances persiste à nier la réalité: l’offre privée de jeux en ligne est non seulement accessible au Québec, elle constitue l’option privilégiée par une majorité de joueurs québécois, loin devant le «monopole» de Loto-Québec.

Qu’attend-on pour régulariser le jeu en ligne des jeunes adultes avec la même attention qu’on témoigne aux salles de bingo davantage prisées par les aînés?

Photo fournie par la Coalition québécoise du jeu en ligne
Photo fournie par la Coalition québécoise du jeu en ligne

Ariane M. Gauthier

Porte-parole

Coalition québécoise du jeu en ligne

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