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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Sondage Léger: surtaxés, les Québécois trouvent qu’ils n’en ont pas assez pour leur argent

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Gabriel Côté

2024-05-01T04:00:00Z
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Aux prises avec une inflation tenace, les Québécois ont, plus que jamais, le sentiment de payer trop d’impôts et de taxes par rapport aux services gouvernementaux qu’ils reçoivent, selon un nouveau sondage Léger.

Les résultats du coup de sonde ne pourraient pas être plus clairs: 75% des répondants jugent qu’ils n’en ont pas assez pour leur argent quand ils considèrent les impôts qu’ils paient et l’état des services publics, contre 17% seulement qui y trouvent leur compte.

«Ça fait près de 40 ans que je fais ce métier-là, et ce sont les pires résultats que j’ai vus sur l’efficacité gouvernementale», résume le sondeur Jean-Marc Léger.

Infographie Le Journal

De fait, les deux tiers des Québécois (67%) trouvent que le gouvernement Legault «gère mal» les deniers publics, et l’insatisfaction à l’endroit de la gestion par le gouvernement fédéral est encore plus importante (71%). Les municipalités, elles, s’en tirent un peu mieux, avec un taux de satisfaction de 48%.

«On voit la valse des milliards qu’on investit dans les entreprises et les programmes un peu partout, et à côté les déficits importants au niveau fédéral et au niveau provincial. Les gens ont l’impression que les gouvernements ne comprennent pas à quel point c’est dur de gagner 1$ et d’en envoyer 50% à l’impôt», constate M. Léger.

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Le président de la firme de sondage Léger Marketing, Jean-Marc Léger.
Le président de la firme de sondage Léger Marketing, Jean-Marc Léger. Photo d'archives, Agence QMI
Insatisfaction généralisée

Fait significatif, le sondage démontre que le sentiment de payer trop cher pour des services qui paraissent insuffisants s’étend à l’ensemble des groupes dans la population.

«Ça transcende les générations, ça transcende les partis politiques, ça transcende la langue, c’est vraiment partout», remarque le sondeur.

Certains groupes sont toutefois plus mécontents que les autres. C’est le cas notamment des 34 à 54 ans, où ce taux atteint la barre des 80%.

«Parmi les services dont on parle souvent, il y a l’accès à un médecin de famille ou encore à des garderies subventionnées. On voit que ça, ce sont des préoccupations qui touchent davantage cette tranche d’âge», souligne Félix Mathieu, professeur de sciences politiques à l’Université de Winnipeg.

Le politologue Félix Mathieu
Le politologue Félix Mathieu Capture d'écran twitter

Le sentiment de ne pas en avoir assez pour son argent est plus fort aussi chez les non-francophones (80%) que chez les francophones (73%), ce qui s’expliquerait par les débats autour de la loi 96, selon le politologue, qui pourraient avoir fait craindre à certains de perdre l’accès aux services publics dans une autre langue que le français.

  • Écoutez le segment économique de Sylvain Larocque via QUB :

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Mauvaise nouvelle pour la CAQ

Par ailleurs, les résultats du sondage sont peut-être de mauvais augure pour la CAQ de François Legault, soutient Jean-Marc Léger.

«Chaque parti a une utilité électorale. Les libéraux ont longtemps été le parti de l’économie, le PQ, c’est le parti de la souveraineté, Québec solidaire, celui de la solidarité sociale. La CAQ, son utilité, c’est la gestion financière de l’État. Et là-dessus, les Québécois ne leur donnent pas une note de passage», explique-t-il.

«C’est un élément qui explique sa chute dans les sondages», poursuit le sondeur, en rappelant que la CAQ (24%) accuse désormais 10 points de retard sur le PQ (34%) dans les intentions de vote.

Les Québécois ne veulent surtout pas payer plus d’impôts

La perspective d’une hausse d’impôts donne de l’urticaire aux Québécois, qui estiment qu’ils paient déjà plus que leur juste part pour les services publics.

C’est ce qu’indique un nouveau sondage Léger, où l’on peut observer que 84% des gens ne sont pas prêts à payer plus d’impôts pour améliorer la qualité des services publics, contre seulement 10% qui ont répondu qu’ils seraient prêts à le faire.

«Il n’y a juste pas de place pour une augmentation des impôts, constate le sondeur Jean-Marc Léger. Et avec des chiffres comme ça, on peut presque dire que c’est unanime.»

Le coup de sonde montre également que la vaste majorité des Québécois (72%) ont le sentiment d’être «trop taxés», et que seule une quantité négligeable d’entre eux (1%) considère qu’elle n’envoie pas suffisamment d’argent à l’État.

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Et comme l’avaient déjà montré d’autres enquêtes par le passé, beaucoup ont l’impression qu’ils sont les plus imposés (76%) au Canada.

À gauche comme à droite

Par ailleurs, il est remarquable que l’opinion défavorable aux hausses d’impôts soit partagée par les Québécois de tous les horizons politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite.

En fait, même les électeurs de Québec solidaire (68%) et du NPD (74%) sont majoritairement défavorables à une augmentation du fardeau fiscal.

«C’est quand même impressionnant», songe le politologue Félix Mathieu, qui suggère que ces résultats sont peut-être attribuables à l’insatisfaction de ces électeurs vis-à-vis des gouvernements en place.

Pris à la gorge

L’hostilité à l’idée de hausser les impôts s’explique en grande partie par le contexte économique difficile, croit une autre politologue, Catherine Ouellet, chargée d'enseignement à l’Université de Montréal.

La politologue Catherine Ouellet
La politologue Catherine Ouellet

«C’est l’inflation qui est véritablement la trame de fond de l’opinion publique sur cette question», explique-t-elle.

«Oui, c’est un élément majeur», opine Jean-Marc Léger, en pointant du doigt le fait que beaucoup de Québécois sont aujourd’hui contraints de vivre de paye en paye, et qu’il leur est difficile de mettre des sous de côté.


Méthodologie: Le sondage web a été mené du 19 au 21 avril 2024, auprès de 1026 répondants âgés de 18 et plus. Les résultats ont été pondérés afin d’assurer un échantillon représentatif de la population ciblée. Il n’est pas possible de calculer une marge d’erreur sur un échantillon tiré d’un panel, mais à titre comparatif, la marge d’erreur maximale pour un tel échantillon est de ± 3,06%, et ce 19 fois sur 20.

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