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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Au Canada, 96% des surplus alimentaires sont gaspillés: que doit-on faire?

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2022-04-12T13:00:00Z
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Les événements mondiaux font apparaître les failles du système alimentaire canadien. À une époque où le coût des aliments augmente et où la chaîne d'approvisionnement est perturbée, est-il logique que les entreprises gaspillent 96% des surplus alimentaires comestibles, surtout lorsque des millions de Canadiens ont du mal à nourrir leur famille?  

Absolument pas. 

Pourtant, nos dernières recherches à Deuxième Récolte ont révélé qu'environ 4% seulement des surplus alimentaires comestibles de l'industrie alimentaire sont redistribués pour nourrir les personnes connaissant la faim. Sur les 3,2 millions de tonnes de surplus alimentaires comestibles comptabilisés dans le système, une estimation prudente indique que 3,1 millions de tonnes finissent dans des décharges ou sont utilisées à d'autres fins au lieu d'être récupérées et données. 

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Il est naturel que les entreprises de l'industrie alimentaire considèrent le don d'aliments en surplus comme moins important pour leurs intérêts commerciaux. Le gaspillage des surplus alimentaires est simplement le coût des affaires. Il est déjà pris en compte dans les prix de détail, de sorte que les consommateurs en couvrent le coût. Pourquoi prendre la peine de consacrer le temps et les ressources nécessaires pour changer la façon dont les choses ont «toujours» été faites? 

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Une raison de s'inquiéter est que de plus en plus de Canadiens doivent choisir entre acheter de la nourriture et payer les factures. En janvier 2022, une étude d'Angus Reid a révélé que près de 60% des Canadiens ont déclaré avoir des difficultés à nourrir leur famille en raison de problèmes financiers. 

  • Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Marie-José Mastromonaco de Deuxième Récolte sur QUB radio :

Un danger pour l’environnement

Une autre raison est le changement climatique. L'envoi de nourriture dans les décharges crée du méthane lorsque les déchets organiques se décomposent. Le fait de jeter des quantités massives de nourriture constitue un danger pour l'environnement, compte tenu des implications à long terme. 

Des études montrent que la redistribution des surplus alimentaires comestibles permet de diviser par sept les émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation, par rapport à leur mise en décharge. En moyenne, la récupération et la redistribution des surplus alimentaires comestibles permettent de réduire de 3,82 tonnes les émissions de gaz à effet de serre pour chaque tonne d'aliments. 

Si l'on parle des 3,1 millions de tonnes d'aliments gaspillés au Canada chaque année, cela représente quelque 11 842 000 tonnes de méthane produites annuellement par nos sites d'enfouissement. 

Une situation gagnante pour tous

Dans le nouveau rapport de Deuxième Récolte, intitulé Une occasion gâchée, nous explorons comment créer une situation gagnante pour tous au Canada. Nous pouvons nourrir les familles avec les surplus alimentaires, donner aux entreprises les mesures incitatives dont elles ont besoin pour récupérer et redistribuer la nourriture, et empêcher les déchets alimentaires de se décomposer en méthane dans les décharges. 

Nous avons la possibilité d'éliminer la faim inutile et de réduire les gaz à effet de serre en même temps. Grâce à une gestion plus intelligente et à une meilleure connaissance de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, nous pouvons réduire à la fois l'insécurité alimentaire et notre empreinte carbone. 

Lori Nikkel, PDG de Deuxième Récolte, la plus grande organisation de récupération alimentaire du Canada

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