La Suisse se prépare à durcir le ton face aux non-vaccinés

Agence France-Presse
Le gouvernement fédéral suisse veut imposer de nouvelles restrictions aux non-vaccinés pour combattre une situation sanitaire «extrêmement critique», mais certains dénoncent un prélude à la vaccination obligatoire et certains secteurs de l'économie réclament des compensations.
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Le gouvernement propose deux options: soit imposer dans les espaces intérieurs la règle dite des 2G (en allemand «geimpft oder genesen», ou accès aux seules personnes vaccinées ou guéries) avec port du masque obligatoire, soit fermer certains établissements.
Fermeture des restaurants, télétravail obligatoire ou encore réintroduction de l'enseignement à distance dans les universités: les mesures envisagées rappellent les premiers mois de la pandémie.
Avec un taux de vaccination de seulement 66%, le pays alpin est confronté, comme ses voisins, à une 5e vague du Covid qui menace de devenir une déferlante.
«On est dans une phase extrêmement critique de la pandémie. Les cas augmentent, mais les hospitalisations aussi», a déclaré le ministre de la Santé, Alain Berset, en conférence de presse.
Accusé d'avoir tergiversé, le ministre juge qu'il «y a un mois la situation était totalement différente», mais reconnaît: «Je ne pensais pas que nous allions à la mi-décembre nous retrouver avec une telle pression».
Dans la tradition suisse, le Conseil fédéral veut l'avis des cantons et de la société civile. Le nouveau train de mesures devrait être annoncé le 14 décembre.
L'option 1, imposerait en plus un test négatif (règle dite des 2G+) quand le port du masque est impossible ou qu'il faut consommer debout.
Dans tous les cas, les mesures de base seraient renforcées avec le travail à domicile obligatoire, la limitation des rencontres privées et la réintroduction de l'enseignement à distance dans les universités.
Saison d'hiver
Les annonces divisent. Le parti socialiste se réjouit que la Confédération «commence enfin à réagir», là où le parti de droite populiste UDC, formation politique qui dispose du plus grand nombre de sièges au Parlement, dénonce l'«arbitraire» de la 2G et veut y voir un «prélude à la vaccination obligatoire».
Les associations professionnelles sont aussi d'avis différents, HôtellerieSuisse dit comprendre «un durcissement en raison de la situation actuelle et se prononce en faveur de la variante 1».
Mais elle ne veut pas de la 2G+ et réclame des compensations financières face à ce nouveau coup dur alors que la saison d'hiver ne fait que commencer.
GastroSuisse pour sa part rejette la règle des 2G qui, selon l'association professionnelle de l'hôtellerie-restauration «ne servira pas à grand-chose et n'empêchera pas un confinement». Elle demande à rencontrer le conseil fédéral pour parler alternatives.
L'association patronale Économie suisse -qui représente 100 000 entreprises est en faveur de l'option 1 mais «regrette que l’hésitation prolongée au sujet des vaccinations de rappel et le renoncement au dépistage régulier et à grande échelle dans les écoles aient contribué à cette situation».
La Suisse, qui compte quelque 8,6 millions d'habitants, a enregistré 11 340 morts de la COVID-19 depuis le début de la pandémie. Et selon les estimations des experts gouvernementaux, un premier palier critique en soins intensifs pourrait être atteint mi-décembre.
Face à la nouvelle vague d'infections, le gouvernement a assuré jusqu'à présent que la situation était «sous contrôle», mais a récemment élargi le port du masque, tout comme l'obligation du pass sanitaire. Et plusieurs cantons ont pris des mesures, comme à Genève où le masque est désormais obligatoire dans les écoles dès 8 ans.
Les remontées mécaniques ont également pris les devants à l'approche des vacances de Noël.
À partir du 18 décembre, les grandes cabines - d'une capacité de plus de 25 personnes avec uniquement des places debout - ne seront utilisées qu'à 70% de leur capacité. En outre, une file d'attente ordonnée et respectant les distances sera à nouveau organisée, a annoncé vendredi l'organisation qui les représente.