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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Succession de Justin Trudeau: opération «Sauver les meubles»

Photo d'archives, AFP
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-01-31T05:00:00Z
2025-01-31T05:20:00Z
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Depuis quelques jours, des sondages réalisés par des firmes réputées, dont Léger, Abacus Data, Ipsos, Ekos, Mainstreet et Nanos, montrent qu’au fédéral, l’écart entre libéraux et conservateurs commence à se rétrécir.

De peu. On s’entend. L’avance du Parti conservateur du Canada est en effet de plus ou moins 20 points. Pierre Poilievre peut encore dormir tranquille.

À plus de 40% d’appuis, son parti est toujours en terrain majoritaire. Pour le Parti libéral du Canada, c’est néanmoins bel et bien une modeste remontée.

Comme quoi l’annonce de Justin Trudeau selon laquelle il démissionnera dès que son successeur sera choisi avantage légèrement son parti.

Au bout de trois mandats consécutifs, avec ou sans Justin Trudeau, le PLC lui-même n’en souffre pas moins d’une usure évidente du pouvoir.

Pour tous les libéraux paniqués par le goût amer d’une défaite s’annonçant cuisante, cette humble embellie n’est pas à dédaigner.

L’arrivée de Mark Carney y est pour quelque chose. Après s’être fait longuement désirer au PLC, l’ancien gouverneur des banques du Canada et de l’Angleterre s’est enfin présenté officiellement à la chefferie.

Plusieurs ministres se sont rués pour l’appuyer. À l’opposé, l’étoile de sa principale adversaire, l’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland, pâlit à vue d’œil.

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Dans les cercles libéraux, impossible de lui pardonner sa lettre assassine de démission où elle s’en prenait très durement à Justin Trudeau. Comme un stigmate, sa lettre la marquera pour longtemps.

Pas des valises

Le fait qu’elle jure avoir démissionné par refus de cautionner la promesse «électoraliste» d’envoyer un chèque de 250$ aux Canadiens ne passe pas non plus.

Tout le monde sait qu’elle avait appuyé le premier ministre lors de cette annonce. Elle y était présente et tout sourire. Bref, il y a quand même des limites à prendre ses anciens collègues pour des valises.

Dans le rôle prisé de qui ferait l’interlocuteur le plus habile devant les menaces de Donald Trump, Mark Carney a également pris les devants au sein des rangs libéraux. Idem dans la quête d’un nouvel adversaire pour Pierre Poilievre.

Résultat: selon un sondage Léger-National Post, chez les sympathisants libéraux, Mark Carney raflerait 57% d’appuis contre 17% à Mme Freeland. Une avance coriace pour le moment.

L’antithèse de Pierre Poilievre

Un autre avantage pour Mark Carney est de n’avoir jamais été membre du gouvernement Trudeau. Il conseillait discrètement le PLC. Personne ne saurait donc dire avec quelles politiques ils étaient ou non en accord.

Côté image et communication, il offre un effet saisissant de contraste avec Pierre Poilievre. Primo, on ne lui connaît aucun penchant populiste. Deuxio, il est réfléchi et posé, l’insulte répétée ne fait pas partie de son modus operandi.

Tertio, son expérience en matière économique dépasse de loin celle de M. Poilievre. Cela dit, rien n’indique pour autant une défaite possible du Parti conservateur.

Chez les libéraux, sous un Mark Carney, s’il remporte la course, ce sera plutôt «Opération sauver les meubles». Peut-être même sortir des élections avec le statut d’opposition officielle. Question d’éviter le carnage promis.

Il reste aussi d’autres inconnues dans l’équation. Tout d’abord, la campagne électorale elle-même.

Les menaces de Trump et le départ de Justin Trudeau, son épouvantail préféré, obligent Pierre Poilievre à réécrire son plan de match. Cette tâche s’annonce moins facile.

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