Stratagème Ponzi de 20 M$: le tribunal gèle tous ses avoirs, 800 000$ détournés pour sa vie de luxe

Le Tribunal des marchés financiers a gelé tous les comptes bancaires et biens du prêteur privé accusé d’avoir volé 20 M$ à une centaine de Québécois. 

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L’ordonnance de blocage date du 12 décembre et vise Benoît Dicaire et son entreprise RE7. Le présumé fraudeur aurait «[détourné] à des fins personnelles des montants confiés par des investisseurs», résume la décision.

Le juge a ordonné le gel immédiat de tous les avoirs de Benoît Dicaire, de son entreprise RE7, de son associé Pierre Drolet et de sa conjointe Josée Lewis.

Dicaire et sa bande doivent cesser «toute opération sur toute forme d’investissement».

Afin d’éviter que l’argent disparaisse, Dicaire n’a pas été entendu par le Tribunal au préalable. Le 16 décembre au matin, les enquêteurs de l’Autorité des marchés financiers (AMF) se sont présentés chez lui pour une perquisition.

Plusieurs biens saisis

L’AMF mène toujours l’enquête et établit pour l’instant à 2,2 millions de dollars les sommes provenant d’investisseurs qui ont été acheminés vers le compte de RE7.

De cette somme, 800 000$ ont été utilisés à des fins personnelles. Lewis a acheté une maison de 539 700$. Le couple s’est offert des bateaux pour 87 264$ et une roulotte de 43 000$.

Pierre Drolet a touché 121 000$ sur son compte personnel en provenance du compte de RE7. Son camion Ford F-250 fait d’ailleurs partie des biens saisis par le Tribunal.

Le juge précise que «les circonstances de cette affaire militent en faveur d’une intervention immédiate». 

Les activités illégales risquaient de se poursuivre et certains montants ne pourraient plus être redistribués aux investisseurs floués.

«L’enquête de l’AMF n’en est qu’à ses débuts et semble déjà révéler la présence de nombreux investisseurs potentiels», écrit le juge. 

Jusqu’à la fin

En juillet, Dicaire assurait toujours aux investisseurs qu’il faisait rouler près de 18 M$ en prêts tous avec garanties, selon un courriel obtenu par l’AMF.

Le 12 décembre, son ton avait changé. Dans un courriel de 1500 mots obtenu par Le Journal, il qualifie alors certaines victimes «d’ordures», de «narcissiques» et de «bougons» en ajoutant sans gêne que «les chiens aboient, la caravane passe».

Ses menaces étaient parfois plus directes. 

«Si vous faites des démarches contre moi, je vais m’assurer que vous perdiez votre ferme», aurait-il écrit à un investisseur de la Beauce qui le poursuit pour 195 000$.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Francis Gosselin, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Le début de la fin

Le 19 août dernier, Josée Lewis hypothèque pour 480 000$ la résidence de Saint-Zotique auprès de la Banque Manuvie. C’est la même maison perquisitionnée cette semaine par l’AMF. Trois jours plus tard, Dicaire signe une entente avec un investisseur promettant 161 000$ en 48 heures. Il ne paie jamais. C’est le début de la débandade: mises en demeure, plaintes à la SQ, poursuites judiciaires. Le Tribunal a ordonné le gel de la résidence. Lewis ne peut plus la vendre ni la grever.

L’argent des investisseurs*

4 873 536$ en dépôts totaux dans le compte bancaire de RE7. La moitié provient de 54 investisseurs.

538 213$ reçus par Dicaire via 134 virements Interac effectués par des investisseurs.

104 000$ envoyés à Drolet par des investisseurs via virements Interac et encaissés sur son compte.

*D'octobre 2023 à octobre 2025. Source : Demande de l’AMF visant une audition ex parte afin d’obtenir l’émission d’ordonnances d’interdiction d’opérations et d’ordonnances de blocage