Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Steven Guilbeault, Serge Fiori et le fédéralisme menteur

DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QU
Partager
Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2025-07-03T04:00:00Z
Partager

Steven Guilbeault a fait du chemin.

Les Québécois l’ont connu il y a un quart de siècle, militant écologiste intrépide, qui avait escaladé la tour du CN, pour dénoncer ce qu’on appelait l’inaction climatique.

Guilbeault était aussi suffisamment souverainiste pour participer formellement à la Saison des idées du Parti Québécois, lancée par Bernard Landry, dans le chantier consacré au programme.

Mais voilà, les années ont passé, et manifestement, les convictions de Steven Guilbeault se sont émoussées, à moins qu’il ait tout simplement décidé de préférer la carrière.

Carriériste

L’écologiste grimpeur de gratte-ciel a préféré prendre le chemin de l’ascension sociale en devenant ministre à Ottawa, et en se montrant solidaire d’un gouvernement qui a participé à l’exploitation des sables bitumineux. Manifestement, notre homme savait faire des compromis.

Il s’est aussi mis au service du fédéralisme canadien. Comment Steven est-il passé de la Saison des idées du PQ au fédéralisme centralisateur de Justin Trudeau, et maintenant, de Mark Carney? Il ne s’est jamais vraiment expliqué.

Mais Guilbeault, ces derniers jours, a franchi un cap, en passant du fédéralisme centralisateur au fédéralisme menteur.

Dans le cadre des célébrations du 1er juillet, Guilbeault a ainsi osé présenter Serge Fiori, le génie d’Harmonium, décédé quelques jours avant, le 24 juin, comme une grande voix ayant contribué à façonner l’identité canadienne.

Publicité

Serge Fiori aurait été un «great Canadian».

Comme tout le monde, je me suis étouffé en entendant ça.

Guilbeault ose vraiment récupérer Serge Fiori, le créateur québécois, l’artiste québécois, l’indépendantiste québécois, convaincu que notre culture allait mourir si nous demeurions dans le Canada, au service du fédéralisme et de l’identité canadienne version Carney?

Guilbeault n’est pas un anglophone du fin fond de la Saskatchewan, ayant prononcé un discours pour le 1er juillet dont il ne comprenait rien.

C’est un Québécois. Il sait qui était Fiori. Il connaît son œuvre et son engagement.

Et il décide de détourner tout cela sans gêne en fabriquant un Serge Fiori de contrefaçon, servant la propagande fédérale.

Le service d’Ottawa ne fait jamais de bien aux Québécois.

Ce n’est pas si nouveau: Stéphane Dion a déjà cherché à nous faire croire que la loi 101 était une grande loi canadienne.

Et combien de fois les fédéralistes n’ont-ils pas cherché à s’emparer de la mémoire de René Lévesque, en le présentant comme un grand Canadien, en voulant faire oublier qu’il avait cherché à séparer le Québec du Canada, à faire du Québec un État indépendant?

Pillage

Le Canada n’a jamais su se construire autrement qu’en pillant le peuple québécois.

Mais revenons-en à Steven.

On dit souvent que le pouvoir avilit les âmes. Qu’il peut transformer un idéaliste incandescent en opportuniste morbide. Qu’il peut habituer les hommes au mensonge au point de les rendre absolument indifférents à la vérité.

Et c’est malheureusement ce qui est arrivé à notre ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, solidaire des sables bitumineux, et défigurant sans gêne le souvenir de Serge Fiori.

Publicité
Publicité