Stéphane Venne a reçu l’aide médicale à mourir
Sarah-Émilie Nault
L’un des plus importants auteurs-compositeurs québécois, Stéphane Venne est décédé paisiblement vendredi, entouré de ses proches, à l’âge de 83 ans. Atteint d’une maladie incurable, il a choisi de mourir dans la dignité en optant pour l’aide médicale à mourir.
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«J’ai eu une vie extraordinaire. Il est mieux que cela s’arrête ainsi», a-t-il confié à sa femme des 44 dernières années, Marie Dumais, quelques jours avant son grand départ.
Très malade depuis novembre et hospitalisé à Saint-Hyacinthe depuis deux semaines, Stéphane Venne a passé une série d’examens. Les médecins lui ont identifié un problème gastro-intestinal si grave qu’il était incurable. Ils lui ont donc proposé l’aide médicale à mourir, pour laquelle il était admissible en raison de la gravité de sa condition.
«Continuer aurait été de l’acharnement thérapeutique. Tout s’est fait rapidement. Nous sommes chanceux de vivre au Québec où cela peut se faire de cette façon», a confié Marie Dumais, 74 ans, au Journal mercredi soir.
«Il était en état de constante malnutrition, les organes vitaux étaient paresseux et c’est le cœur qui devenait malade. Il n’avait pas mal, mais toute sa personne était envahie par une grande souffrance. Il savait qu’il n’y a[vait] pas de rémission possible», a-t-elle expliqué.
Après avoir reçu un deuxième avis médical, il n’aura fallu que quelques heures avant que les papiers soient signés et qu’il choisisse la date de son décès: le vendredi 17 janvier.
L’auteur-compositeur originaire de Verdun, à Montréal, qui a écrit pour plusieurs artistes connus, dont Renée Claude, Pierre Lalonde, Isabelle Pierre, Emmanuëlle et Marie-Élaine Thibert, aura été lucide jusqu’à la fin.
«Il souhaitait partir dans une grande sérénité. À ce sujet, on chante la même chanson. La diminution du corps et de l’esprit, on ne voulait pas cela», a ajouté Marie Dumais.
L’intervention s’est produite comme prévu ce vendredi après-midi. Le parolier était entouré de sa conjointe et de leurs deux enfants, Béatrice et Laurent.
«C’est maintenant ma fin»
Marie Dumais admet que c’est elle qui a «convaincu» son mari (un homme plutôt réservé) de l’importance de livrer leur témoignage. «Pour qu’il reste quelque chose de cet homme qui est une personnalité artistique, politique et sociale importante dans la culture du Québec depuis les années 60.»
«Le Québec perd un grand compositeur dont l’œuvre est encore très actuelle», a-t-elle souligné.
Stéphane Venne a écrit et composé plus de 400 chansons au fil de sa riche carrière, dont de nombreux succès qui font désormais partie du patrimoine musical québécois. On n’a qu’à penser à Il était une fois des gens heureux, Et c’est pas fini, Le temps est bon ou Le monde à l’envers.
On lui doit aussi Un jour un jour, la chanson-thème de l’Expo 67, celle de la Superfrancofête en 1974 et Demain nous appartient, la chanson utilisée par le Parti Québécois lors de sa campagne électorale victorieuse des élections générales de 1976.
Il a été intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 1997. Il a aussi été à l’emploi du Service de l’eau de la Ville de Montréal de 1998 à 2024.
«Ma vie n’est plus, je ne suis pas bien, je souffre, c’est maintenant ma fin», a dit Stéphane Venne cette semaine, de manière sereine et philosophique à sa conjointe.
«Il a été très sage là-dedans, comme il l’a été toute sa vie», ajoute sa femme, qui tient à souligner le dévouement, la politesse et le respect des membres du personnel rencontrés à l’hôpital Honoré-Mercier, à Saint-Hyacinthe.
Pour la petite histoire, lorsqu’une préposée lui a demandé le titre de la chanson dont il était le plus fier de sa carrière, Stéphane Venne a répondu: Il était une fois des gens heureux, la chanson-thème du film Les Plouffe.
Amoureux de la nature et des animaux, Stéphane Venne aura passé ses derniers moments à la maison collé sur son chien Marlo qu’il adorait. «Ce chien fait du bien à mon âme», a-t-il d’ailleurs confié à sa femme peu de temps avant de mourir.
«On va planter un arbre dans notre cour. Il aimait les arbres», a conclu Marie Dumais en un souffle.
L’œuvre de Stéphane Venne
Stéphane Venne a reçu de nombreux prix et distinctions au cours de sa carrière.
· En 1982: le Canadian Film Award pour les meilleures musique et chanson de film, le prix Génie de la meilleure musique pour le film Les Plouffe et le prix Génie de la meilleure chanson pour Il était une fois des gens heureux, interprétée par Nicole Martin.
· En 2011: le prix Excellence au Gala de la SOCAN.
· En 2016: le prix Empreinte culturelle pour Le début d’un temps nouveau au Gala de la SOCAN
· En 2017: le prix François Cousineau de la Fondation SPACQ-
Stéphane Venne en quelques chansons marquantes
1969: C’est notre fête aujourd’hui – Renée Claude
1970: C’est le début d’un temps nouveau – Renée Claude
1971: Tu trouveras la paix – Renée Claude
1972: Le temps est bon – Isabelle Pierre
1972: Allo la vie – Isabelle Pierre
1973: Le monde à l’envers – Emmanuëlle
1981: Il était une fois des gens heureux – Nicole Martin
1994: Attention la vie est courte – Pierre Lalonde
2004: Le ciel est à moi – Marie-Élaine Thibert
Il détient neuf chansons «classiques de la SOCAN» (ayant tourné au moins 25 000 fois à la radio): Le début d’un temps nouveau, Le temps est bon, Attention la vie est courte, Le monde à l’envers, Le tour de la terre, Et c’est pas fini, Tu trouveras la paix, Les enfants de l’avenir et C’est notre fête aujourd’hui.
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