Stéphan Huot dit avoir remboursé «plus d’un milliard» de dollars
Le promoteur déchu a témoigné devant le tribunal, lundi, dans le cadre de ses déboires financiers


Kathryne Lamontagne
Le promoteur déchu Stéphan Huot assure avoir remboursé «plus d’un milliard» de dollars à ses créanciers, mais reconnaît qu’il sera impossible de payer l’ensemble de ses dettes, a-t-il avancé à son premier jour au tribunal.
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Celui qui a déclaré des dettes de 1,2 G$ en septembre 2023, puis une faillite de 463,6 M$, en avril 2024, a été interrogé pour la première fois devant le juge Jean-François Émond, lundi, au palais de justice de Québec, dans le cadre de ses déboires financiers.
Questionné par Me Christian Roy, qui représente les syndics dans cette affaire, Stéphan Huot a assuré avoir tout fait en son pouvoir pour payer ses créanciers «au maximum».
«Aujourd’hui, on a plus d’un milliard de remboursé [...] Mais c’est quasiment impossible de remettre ça à zéro», a-t-il témoigné, sans toutefois donner les détails des dettes acquittées.
Stéphan Huot attribue sa perte à l’augmentation des taux d’intérêt, l’incapacité de vendre ses immeubles à bon prix et le retrait d’un partenaire financier majeur, le Fonds SH, mis sur pied par l’homme d’affaires Robert Giroux.
Le promoteur déchu assure maintenant qu’il aurait pu éviter ce «calvaire», s’il avait pu discuter de ses difficultés financières avec les prêteurs de ce fonds, surnommés les millionnaires de Québec.
«Je n’ai jamais été capable de m’asseoir avec eux. [Giroux] voulait que je ne rencontre personne», a-t-il soutenu, ajoutant qu’il est «certain» que les millionnaires – qui ont perdu des sommes colossales dans cette affaire – auraient embarqué avec lui pour trouver une solution.
50 000$ en six mois
Stéphan Huot gagne désormais sa vie comme consultant en immobilier. Il détient actuellement un mandat, qui lui a rapporté 50 000$ au cours des six derniers mois.
Huot n’a pas caché qu’il aimerait à nouveau être dans les affaires, une fois sa faillite derrière lui.
Volubile et témoignant sans notes personnelles, Huot a d’ailleurs passé une bonne partie de la journée à détailler les dizaines de complexes immobiliers qu’il a fait naître dans la capitale, depuis 2002. Chaque fois, il a vanté ses idées novatrices et les nombreux services offerts dans ses complexes, en plus de multiplier les données sur les sommes injectées, empruntées ou récoltées lors des ventes.
«Y a tellement de millions dans vos affaires, j’ai de la misère à vous suivre», a lancé à un certain moment le juge Jean-François Émond.
L’interrogatoire se poursuivra jeudi. Huot doit éventuellement être questionné sur son train de vie avant sa faillite, incluant ses voyages, ses propriétés et le contenu de sa cave à vin, dont une grande partie a disparu, révélait notre Bureau d’enquête, lundi.
Huot roule en F-150 à 984$ par mois
«Comment vous vous êtes rendus ici?», a questionné Me Christian Roy, en ouverture du témoignage de Stéphan Huot.
Le témoin a répondu d’emblée qu’il avait rejoint le palais de justice à bord d’un F-150 qu’il loue à 984$ par mois, depuis le printemps 2023. Il dit payer lui-même la location et les assurances de 1700$ par an.
Huot a aussi révélé qu’il venait d’emménager dans une maison, à Beaupré, qu’il loue jusqu’en juillet à 3500$ par mois. Auparavant, il a habité dans une résidence locative de Lac-Saint-Joseph, à 2500$ par mois.
Un complexe payé comptant
Stéphan Huot affirme avoir injecté quelque 55 M$ en argent comptant pour ouvrir le Complexe Capitale Hélicoptère et acheter des hélicoptères, en 2010.
Il a toutefois reconnu que ce projet a été déficitaire à l'exception de la dernière année d'opération.
Il a d’ailleurs été incapable de dire combien d’argent il a perdu, chaque année, dans cette entreprise.
Huot a aussi révélé avoir dû payer presque 35 M$ entre 2012 et 2016 pour maintenir les activités de la compagnie de sauvetage aérien Airmedic. Cette dernière n’a été rentable qu’en 2017.
À deux doigts de ne pas témoigner
Le témoignage de Stéphan Huot a passé à deux doigts de ne pas débuter, lundi matin. C’est que son avocat a demandé un huis clos en début de journée, en lien avec de nouveaux éléments récemment produits au dossier de faillite.
Face à la situation, le juge Émond a songé à suspendre le témoignage de Huot, le temps de débattre de la question. Il a finalement prononcé une ordonnance de non-publication temporaire et reporté le débat à jeudi matin.
Le magistrat a toutefois rappelé d’emblée qu’un tel interrogatoire est normalement une procédure «archi publique».
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