Drame d’Amqui: Steeve Gagnon était capable de distinguer le bien du mal, conclut un psychiatre qui a évalué sa responsabilité criminelle
Le psychiatre qui l’a rencontré indique toutefois que l’accusé a nié toute intention de frapper des gens et qu’il a pu «dissocier» au moment du drame


Pierre-Paul Biron
Selon le psychiatre qui l’a évalué, Steeve Gagnon était affecté de troubles psychotiques délirants de nature persécutoire lors du drame du 13 mars 2023, mais ceux-ci n’étaient pas assez sévères pour qu’il ne puisse reconnaître que ses gestes étaient «mauvais».
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Le Dr Samuel Gauthier a évalué Steeve Gagnon par visioconférence le 30 septembre 2024 à la demande de l'avocat de la défense.
L’expert conclut de cette rencontre d’environ deux heures que l’accusé de l’attaque au camion-bélier d’Amqui vivait, depuis plusieurs années, avec des idées délirantes de nature persécutoire.
«Il raconte vivre avec de la souffrance psychologique en lien avec une perception que tous les membres de sa famille font partie de groupes criminalisés et veulent le forcer à vendre de la drogue», a décrit le psychiatre légiste, citant, entre autres, des propos sur les Hells Angels et les cartels.
Ces idées délirantes, qui rejoignent celles exposées par Gagnon dans son témoignage, n’étaient toutefois pas suffisantes pour l’empêcher de distinguer le bien du mal, souligne le médecin dans son évaluation.
«Bien qu’il soit malade, l’état n’était pas assez sévère pour altérer son appréciation de la nature de ses gestes ou de reconnaître que ceux-ci étaient mauvais», lit-on dans le rapport sur la responsabilité criminelle de Steeve Gagnon, déposé en preuve et qui a mené à la tenue du procès en cours.

Dissociation
Car, une fois l’état mental de l’accusé établi, reste à statuer si ses gestes étaient criminels et s’ils étaient prémédités ou non.
Le Dr Gauthier a expliqué que, lors de son entretien avec Gagnon, ce dernier a nié toute intention claire. Mercredi, l'accusé avait témoigné avoir réalisé son geste après coup.
«Il nie toute intention de frapper des gens, il nie avoir eu des hallucinations», a témoigné l’expert jeudi.
Quant aux versions évolutives de l’homme de 40 ans entre son interrogatoire policier, sa rencontre avec le psychiatre et son témoignage au procès, Samuel Gauthier estime qu’elles peuvent être causées par un état dissociatif lié au trauma de l’événement.

«Souvent la dissociation est après la commission du premier geste traumatique», a expliqué le psychiatre, citant en exemple, dans le cas de Gagnon, la première personne happée. «Après, c’est plus de son, plus d’image.»
Rappelons que la théorie de la poursuite est que les gestes de Steeve Gagnon le 13 mars 2023 étaient prémédités et animés par une haine des médecins, de l’État et de sa situation personnelle. «La dissociation ne changerait rien sur un plan avant l’acte s’il y en avait un?» a d’ailleurs demandé au Dr Gauthier le procureur Jérôme Simard dans un contre-interrogatoire serré. L'avocat a aussi souligné au passage qu’un diagnostic d’amnésie découlait d’informations «autorapportées par le patient» et donc demeurait «très suggestif».
Le contre-interrogatoire du psychiatre se poursuivra vendredi matin.
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