Drame d'Amqui: Steeve Gagnon coupable sur toute la ligne
Le jury n’achète pas la thèse de l’accident et déclare l'accusé coupable de trois meurtres prémédités et de deux chefs d'accusation de tentatives de meurtre multiples

Pierre-Paul Biron
Le jury a conclu que le drame d’Amqui n’avait rien d’un accident et relevait de la folie d’un homme qui a bel et bien planifié la terrible attaque au camion-bélier qui a fait trois morts et plusieurs blessés en mars 2023, déclarant Steeve Gagnon coupable sur toute la ligne.
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Après deux journées complètes de délibérations, les 12 jurés qui avaient entre leurs mains le sort de Steeve Gagnon ont tranché samedi. L’enveloppe annonçant le verdict a été remise au juge peu après 17h et le verdict a finalement été prononcé à 19h pour permettre aux proches des victimes de se rendre au palais de justice de Rimouski.
«Coupable», a alors prononcé le juré numéro 1 à la lecture de chacun des cinq chefs d’accusation qui avaient été portés contre l’homme de 40 ans à la suite du drame du 13 mars 2023.
Dans la salle bondée où se trouvaient des proches des victimes, une exclamation s’est fait entendre, suivie d’une sorte de soupir de soulagement.

Visiblement, plusieurs Amquiens toujours marqués par le drame qui s’est joué sur le boulevard Saint-Benoît craignaient que l’assaillant puisse s’en tirer après avoir affirmé que les ravages qu’il a causés relevaient d’un accident plutôt que d’un acte criminel délibéré.

Préméditation
Malgré la délibération de deux jours, la thèse de l’accident défendue par Me Hugo Caissy dans sa plaidoirie finale n’a, semble-t-il, pas ébranlé la position des jurés.
Rappelons que pour le ministère public, la mort de Gérald Charest, Jean Lafrenière et Simon-Guillaume Bourget était le fruit de la colère et de l’esprit revanchard d’un homme «insatisfait de sa vie» et qui voulait «se venger de la société».

Le verdict de culpabilité aux chefs d’accusation de meurtres au premier degré démontre qu’aux yeux des jurés, les troublantes vidéos retrouvées dans le cellulaire de Steeve Gagnon font état d’une préméditation claire de ses intentions de semer la mort. Sur ces images, le meurtrier décrivait sa volonté de se présenter dans la cour de trois écoles d’Amqui pour y «effoirer des enfants».
Les procureurs ont aussi mis en preuve une recherche faite par Gagnon pour connaître les dates de la semaine de relâche, estimant qu’un drame encore plus grave avait été évité en raison de la journée pédagogique de ce lundi qui aura marqué Amqui à jamais.
«Ne voyant pas d’enfants à la polyvalente, il a pu adapter son plan», avait plaidé Me Simon Blanchette pour expliquer la décision de Gagnon de se rabattre sur le boulevard Saint-Benoît en cette journée ensoleillée de printemps pour y trouver des piétons sur qui lancer son immense Ford F-150.

Prison à vie
Les jurés ont donc conclu que Steeve Gagnon a voulu se venger de la société, comme l’avait plaidé le ministère public.
Se venger pour ses douleurs au dos prises en charge par les médecins d’une manière qui ne lui convenait pas. Pour ses problèmes avec Service Canada qui venait de lui couper son chômage en le référant à l’aide sociale. Pour ses soucis financiers qui lui avaient mis aux trousses des agences de recouvrement.
Et ce sont trois innocents qui marchaient tout bonnement sur le trottoir qui ont payé de leur vie pour cette rage. Tout comme les six autres personnes gravement blessées et les trois qui ont miraculeusement échappé à la course folle de Gagnon en évitant la camionnette, qui garderont à vie des séquelles physiques et psychologiques des actions du meurtrier.
Et Gagnon, lui, sera maintenant condamné à une peine de pénitencier à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
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