Statut de parti officiel pour le PQ et QS: les libéraux regrettent d’avoir cédé en 2018

Gabriel Côté
Les libéraux estiment qu’ils ont commis une gaffe coûteuse en permettant la reconnaissance de Québec solidaire et du Parti Québécois en 2018 et ils veulent s’y opposer cette fois-ci. Leur posture de négociation est toutefois «intenable» aux yeux des autres partis.
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«Avec le recul, c’était une erreur de laisser les tiers partis être reconnus en 2018», confie une source libérale interrogée sur les intentions du PLQ en vue des négociations sur l’espace que pourront occuper les partis d’opposition à l’Assemblée nationale pour les prochaines années.
«Ça a permis à Québec solidaire de s’imposer et à François Legault d’ignorer Dominique Anglade. Ça nous a affaiblis. On aurait peut-être dû passer quelques mauvaises semaines, pour ensuite avoir plus de temps de parole pendant tout le mandat», dit notre source.
En accédant au rang de groupe parlementaire, un parti politique dispose d’un budget de fonctionnement adéquat et d’un plus grand temps de parole en chambre. Selon les règlements de l’Assemblée nationale, un parti doit compter 12 députés ou avoir reçu 20% du suffrage pour avoir ce statut, ce qui, comme cette année, n’était pas le cas de QS ni du PQ dans la dernière législature.
Autres temps, autres mœurs
Après l’élection précédente, une entente était intervenue entre les partis pour corriger les disproportions induites par notre système électoral.
«Il fallait aussi trouver le moyen de faire fonctionner le Parlement», se souvient l’ancien leader en chambre Sébastien Proulx qui représentait alors le PLQ à la table de négociation.
Selon lui, la présence d’un trop grand nombre de députés indépendants pourrait entraver le bon fonctionnement de l’Assemblée.
Quatre ans plus tard, les libéraux ont changé leur fusil d’épaule: Dominique Anglade a déjà souligné qu’elle ne donnera son feu vert à la reconnaissance de QS et du PQ comme partis officiels que si François Legault s’engage à réformer le mode de scrutin.
Posture de négos
Comme tous les partis doivent donner leur aval à ce genre de modification réglementaire, un refus des libéraux pourrait en théorie réduire les moyens des solidaires et des péquistes à une peau de chagrin pour les quatre prochaines années, alors qu’ils ont chacun récolté plus de votes que les libéraux.
Même au sein du PLQ, certains se surprennent de la position de Mme Anglade.
«À mon avis, ce n’est qu’une posture de négociation», souffle une autre source libérale.
De leur côté, les adversaires des libéraux qualifient cette position «d’intenable» et «d’illogique», en raison des ententes survenues par le passé et de la perspective de délais dans la mise en œuvre de la nouvelle législature si les négociations en viennent à s’éterniser.
Et la CAQ ?
C’est sans compter que les solidaires et les péquistes auront l’appui de la Coalition Avenir Québec, qui voit un intérêt à ce que le temps de parole soit réparti entre plusieurs groupes parlementaires.
«La période de questions sert à construire des histoires au fil d’une session, souligne une source caquiste. Si toutes les oppositions ont ce statut, ça divise le temps que chacun des partis a pour poser ses questions, et ça leur donne moins de temps pour arriver à leur conclusion.»
Mais qu’est-ce que les libéraux ont à gagner en prétendant s’opposer à la reconnaissance des autres partis d’oppositions? «Franchement, ce n’est pas clair. Avec les réseaux sociaux, il est devenu très difficile de marginaliser un groupe. Peut-être espèrent-ils limiter le budget de fonctionnement des autres partis», suggère un ancien libéral.